Emmanuel Macron ou Marine Le Pen ? De premiers électeurs d’Outre-mer et de l’étranger votent dès samedi, décalage horaire oblige, pour un scrutin présidentiel aux enjeux cruciaux. Avant l’ouverture des bureaux de vote dimanche matin en métropole.
Premier vote national Saint-Pierre-et-Miquelon
Au large du Canada, l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon a ouvert le bal à 08h00 locales (12h00 à Paris), devenant le premier territoire ultramarin à mettre un bulletin dans l’urne. Suivront ensuite la Guyane et les autres îles des Antilles, du Pacifique et de l’océan Indien.
Quelque 48,7 millions de Français ont le choix, comme en 2017, entre deux candidats aux programmes radicalement opposés pour diriger un pays phare de l’Europe, dans un contexte international particulièrement tendu avec une guerre qui fait rage aux frontières de l’Union européenne.
Deux candidats diamétralement opposés
Europe, économie, pouvoir d’achat, relations avec la Russie, retraites, immigration : tout ou presque sépare les deux rivaux, qui semblent incarner plus que jamais deux France, après un quinquennat émaillé de crises multiples, des « gilets jaunes » à la pandémie de Covid-19.
D’un côté, Emmanuel Macron, 44 ans, arrivé en tête au premier tour (27,85%), veut une nouvelle fois transcender les clivages gauche/droite pour s’imposer.
Donné favori dans les sondages, il espère devenir le premier président de la Ve République réélu au suffrage universel hors cohabitation.
Il a appelé à faire barrage au Rassemblement National, promettant baisse d’impôts, réforme des retraites et davantage d’écologie.
De l’autre, Marine Le Pen, 53 ans, ambitionne de devenir la première femme à investir l’Elysée.
Le 10 avril, elle était arrivée plus de quatre points (23,15%) derrière le président sortant. Sèchement battue il y a 5 ans (33,9% des voix), elle compte bien faire mentir les enquêtes d’opinion en rassemblant un large front anti-Macron sur la thématique de la défense du pouvoir d’achat et de la lutte contre l’immigration.
« Le pays sera forcément plus difficile à gouverner dans les cinq ans qui viennent »
Mais « quel que soit le vainqueur, le pays sera forcément plus difficile à gouverner dans les cinq ans qui viennent », a estimé à l’AFP la politologue Chloé Morin.
« Si Emmanuel Macron est réélu, le mode de scrutin aux législatives devrait conduire à ce que (les) oppositions plus radicales soient assez faiblement représentées au Parlement. Elles seront donc davantage dans une opposition médiatique ou dans la rue que dans une opposition parlementaire ou dans une culture de compromis », selon elle.
Arbitre et grande inconnue du scrutin, l’abstention risque d’être élevée, voire plus forte dimanche qu’au premier tour (26,31%). Tout comme les bulletins blancs et nuls qui avaient atteint un record en 2017, attestant le refus de millions de Français de choisir entre les deux finalistes.
26 à 28 % d’abstention selon l’Ifop
Dans leurs dernières enquêtes, les instituts Ifop et Ipsos Sopra Steria évaluent l’abstention entre 26% et 28%, soit en dessous du record pour un second tour de 1969 (31,1%).
Selon Martial Foucault (Cevipof), « plus l’abstention sera forte et plus l’écart des intentions de vote est amené à se réduire », pointant « un vrai risque pour Emmanuel Macron ».
Risque supplémentaire pour la participation, les trois zones scolaires seront en vacances ce week-end, avec notamment le début du congé de printemps pour la région parisienne.
Vote ce samedi pour l’Outre-mer
La participation en Outre-mer donnera donc samedi une première tendance.
D’autant plus que le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon, fort de sa troisième place le 10 avril avec 21,95% des voix au niveau national, était arrivé largement en tête dans les Antilles, dépassant la barre des 50% en Guadeloupe, Martinique et Guyane.
Son électorat – plus grosse réserve de voix de l’entre-deux-tours – a été particulièrement courtisé par les deux finalistes. Mais de nombreux sympathisants LFI pourraient être tentés de bouder les urnes.
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