L’Otan, qui réunit trois des puissances atomiques de la planète, a réservé vendredi un accueil mitigé au prix Nobel de la paix attribué à la Campagne internationale pour abolir les armes nucléaires (ICAN).
« L’Otan est engagée en faveur de la préservation de la paix et (veut) créer les conditions pour un monde sans armes nucléaires », a souligné son secrétaire général, Jens Stoltenberg, qui « salue l’attention donnée à ce sujet par le comité Nobel ». L’Alliance « partage cet objectif avec l’ICAN », s’est-il contenté d’ajouter, selon un communiqué.
Mais contrairement à l’ICAN, « l’Otan regrette que les conditions pour aboutir à un désarmement nucléaire ne soient aujourd’hui pas favorables », a ajouté le patron de l’Alliance, demandant une prise « en compte des réalités de l’environnement de sécurité actuel ».
L’ICAN est une coalition d’ONG qui ont fait campagne en faveur de l’adoption, cet été aux Nations unies, d’un traité interdisant les armes atomiques qui a été voté avec 122 voix en sa faveur malgré l’opposition des neuf puissances nucléaires mondiales.
M. Stoltenberg a pour sa part redit l’opposition farouche de l’Alliance à ce texte, qui « risque de saper les progrès que nous avons fait depuis des années en matière de désarmement et de non-prolifération », selon lui.
Au sein de l’Otan, les Etats-Unis, la France et la Grande-Bretagne cumulent 7.315 têtes nucléaires, contre 7.000 détenues par la Russie, 270 par la Chine et un nombre estimé entre 10 et 20 pour la Corée du Nord, selon le Stockholm International Peace Research Institute (SIPRI).
« Ce qu’il nous faut, c’est une réduction vérifiable et équilibrée des armes nucléaires. Le traité de non prolifération nucléaire, que tous les alliés de l’Otan ont signé, reste la pierre angulaire des efforts internationaux pour faire cela », a martelé M. Stoltenberg.
En septembre, l’Otan avait estimé que ce traité interdisant purement et simplement l’arme atomique « ne tient pas compte » des « défis de sécurité urgents », citant notamment la grave crise déclenchée par les tirs de missiles balistiques et l’essai d’une bombe nucléaire par la Corée du Nord.
Ce traité a été signé par une cinquantaine de pays en marge de l’Assemblée générale des Nations unies à New York le 20 septembre. Il entrera en vigueur dès lors qu’il aura été ratifié par 50 pays.
Aucune des neuf puissances nucléaires – Etats-Unis, Russie, Chine, Inde, Pakistan, Israël, France, Royaume-Uni, Corée du Nord – n’a prévu de s’y rallier. Les 26 pays non nucléaires de l’Otan sont également restés à l’écart, ainsi que le Japon, seul pays à avoir subi, en 1945, une attaque à l’arme atomique.
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