Procès des viols de Mazan : trois jours de réquisitoires, qui commencent avec Dominique Pelicot

Par Epoch Times avec AFP
25 novembre 2024 09:37 Mis à jour: 25 novembre 2024 09:37

Quelle peine mérite Dominique Pelicot, ce septuagénaire qui pendant dix ans a drogué, violé et fait violer son épouse ? Après onze semaines d’audiences, le procès des viols de Mazan s’apprête à entrer dans sa dernière ligne droite, à 9h00, à Avignon, avec les réquisitoires du parquet.

Hasard du calendrier, ce  réquisitoire qui pourrait durer trois jours débute à l’occasion de la journée internationale de la lutte contre les violences faites aux femmes. « Le réquisitoire en ce jour si particulier, c’est un symbole de plus », a assuré Me Antoine Camus, l’un des deux avocats des parties civiles lundi matin.

Une certitude, les peines que vont réclamer les représentants du ministère public, Jean-François Mayet et Laure Chabaud, seront scrutées de près, tant ce procès a eu un impact mondial et tant la victime principale, Gisèle Pelicot, 71 ans, a accédé au statut d’icône après avoir refusé que le procès se déroule à huis clos, « pour que la honte change de camp ».

« C’est beaucoup d’émotion », a lâché Mme Pelicot en rentrant dans la salle d’audience.

Devant les magistrats professionnels composant la cour, les deux représentants du ministère public ont prévu de débuter leur réquisitoire par le « chef d’orchestre » de cette décennie de viols. Dominique Pelicot, dénominateur commun des 50 coaccusés recrutés sur internet à qui il avait livré sa désormais ex-épouse, préalablement sédatée aux anxiolytiques, à leur domicile conjugal de Mazan entre juillet 2011 et octobre 2020.

Difficile d’imaginer qu’ils ne réclament pas contre lui la peine maximale, 20 ans de réclusion criminelle.

Dominique Pelicot n’a jamais caché sa responsabilité, se qualifiant lui-même de « violeur ». « Je suis coupable de ce que j’ai fait (…) J’ai tout gâché, j’ai tout perdu. Je dois payer », affirmait-il peu après le début du procès.

Quelles peines réclamer contre les 50 coaccusés ?

Mais quelles peines le ministère public réclamera-t-il contre ses 50 coaccusés ? Car même si la plupart sont poursuivis pour les mêmes faits, à savoir viols aggravés sur Gisèle Pelicot, et risquent donc également 20 ans de prison, l’individualisation des peines est obligatoire. Par exemple pour distinguer les récidivistes -dix hommes sont venus plusieurs fois- de ceux venus une seule fois à Mazan.

Ces hommes âgés de 26 à 74 ans pouvaient-ils légitimement croire qu’ils participaient au scénario d’un couple libertin, où l’épouse ferait semblant de dormir ? Ont-ils été « manipulés » par Dominique Pelicot ? Ou leur discernement était-il altéré au moment des faits, comme l’ont encore suggéré les avocats de 33 d’entre-eux mercredi ?

Enfin, le parquet aura-t-il la main plus lourde envers les 35 accusés qui, à l’ouverture du procès, ont encore fermement nié avoir participé à un « viol », en dépit des vidéos accablantes filmées par Dominique Pelicot ?

« Il faut de la nuance dans les peines, ça on ne peut le comprendre qu’en suivant le procès », a témoigné auprès de l’AFP lundi matin Brigitte Jossien, 74 ans, directrice de magasin à la retraite, arrivée dès 5h45 du matin lundi, depuis une commune voisine d’Avignon,  pour assister au procès. Avec son amie Bernadette Teyssonnière, 69 ans, retraitée, qui travaillait dans l’industrie pharmaceutique, elles ont assisté à presque toutes les audiences.

Mais elles ne croient pas que ce procès changera beaucoup les choses : « Malheureusement, beaucoup d’hommes voient ça comme un fait divers, sordide, mais pas plus », regrettait Bernadette.

Pour les collectifs féministes qui ont apposé une banderole dimanche soir, sur les remparts en face du tribunal, la demande était elle très claire : « 20 ans pour chacun », demandaient-ils.

Trois jours de réquisitoire

Au planning officiel, le réquisitoire est prévu sur trois jours. Mais selon les informations recueillies auprès des différentes parties par l’AFP, il pourrait s’achever mercredi en fin de matinée. Après le cas Pelicot, l’accusation devrait avancer crescendo avec d’abord les dossiers moins lourds, ceux de Joseph C., 69 ans, et Hugues M., 39 ans, respectivement accusés d’agression sexuelle et de tentative de viol, avant de s’atteler aux 48 autres (dont un en fuite).

Couvert en quasi-mondovision, avec 138 médias accrédités dont 57 étrangers, ce procès a un écho bien au delà des frontières françaises. Comme en a encore témoigné jeudi la présidente de la chambre des députés chilienne, Karol Cariola, saluant « le courage et la dignité » de Gisèle Pelicot, « une citoyenne ordinaire qui a donné une leçon au monde entier ».

Et ce weekend, des dizaines de milliers de personnes -beaucoup de femmes mais aussi des hommes- ont défilé dans toute la France pour réclamer un « sursaut » contre les violences faites aux femmes, beaucoup faisant référence à ce procès hors norme.

Après le réquisitoire, mercredi après-midi ou jeudi au plus tard, la parole sera aux avocats de la défense. L’avocate de Dominique Pelicot, Béatrice Zavarro, ouvrira le bal. Puis ses confrères se succéderont ensuite jusqu’au 13 décembre. Restera alors une semaine à la cour pour délibérer, pour un verdict attendu le 20 décembre au plus tard.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.