La cour d’assises du Bas-Rhin juge mardi et mercredi un homme de 45 ans qui avait étranglé son ex-compagne en décembre 2020 sous les yeux de leurs enfants, après des années de violences conjugales jamais traitées par les autorités.
Le corps de la victime avait été retrouvé quelques jours après sa disparition, enterré dans une forêt au nord de Strasbourg. La jeune femme âgée de 25 ans avait été étranglée, pendant au moins six minutes selon les médecins légistes, par son ancien compagnon dont elle s’était séparée deux mois plus tôt. Sa dépouille présentait également des blessures par arme blanche au bras et à la joue.
Les faits s’étaient déroulés dans l’appartement de la victime, en présence des quatre enfants du couple, alors âgés de 7, 5, 3 et 2 ans. Interrogés comme témoins, les deux aînés avaient relatés une dispute entre leurs parents alors qu’ils regardaient des dessins animés, parce que leur père avait cru que leur mère « était amoureuse d’un autre garçon », selon le récit fait aux enquêteurs.
Face aux violences, les enfants avaient « sauté sur le sol pour faire du bruit afin d’attirer l’attention de la voisine », en vain. Invité à réaliser un dessin, le garçon de 5 ans avait tracé un couteau dans les mains de son père, et des traces rouges sur le cou de sa mère.
Après avoir dans un premier temps nié toute implication dans la disparition de son ex-compagne, le père de famille avait fini par avouer ses actes, accablé par les témoignages et les preuves, son ADN découvert sur un couteau, le sang de la victime retrouvé partout dans l’appartement et sur ses chaussures, le bornage téléphonique et son achat d’une grande malle de transport.
Cependant, au cours de ses interrogatoires, il a régulièrement rejeté la faute sur sa victime et mis en avant le contexte d’une relation conjugale toxique. « Elle cherchait tout le temps les embrouilles, elle est responsable sur toute la ligne », a-t-il affirmé aux enquêteurs.
Des violences conjugales récurrentes
« Il a vécu 10 années de violences verbales réciproques, de dénigrement dur à supporter pour lui, et d’un positionnement pas clair de madame relatif à la rupture », maintes fois annoncée, détaille son avocate, Caroline Bolla. « C’est un couple qui aurait eu besoin d’aide, évidemment. »
« J’avais la rage contre elle », a néanmoins admis l’accusé au cours de l’instruction, tout en assurant n’avoir « jamais voulu la tuer » et regrettant de n’avoir « pas su (s’)arrêter au bon moment ».
L’enquête a montré que les violences conjugales avaient été récurrentes, donnant lieu à 13 mains courantes, en plus d’un signalement du bailleur social rapportant « des coups dans les murs, portes et meubles » et des « menaces de mort ».
La jeune femme avait également déposé trois plaintes entre 2016 et 2019, qu’elle avait rapidement retirées. Une quatrième, enregistrée en janvier 2020, avait abouti à un simple rappel à la loi.
« Il y a de l’incompréhension mêlée à de la colère », confie Sendegul Aras, avocate de la mère de la victime. « Si on avait réagi, peut-être que ça ne se serait pas passé. Pourquoi n’a-t-on rien fait ? »
Selon les experts psychiatres, l’accusé ne présente « pas d’anomalie mentale ou psychique », mais un « trouble de la personnalité antisociale » à travers notamment une « intolérance à la frustration », une « incapacité à ressentir de l’empathie » et une « faible maîtrise de soi ».
Son casier judiciaire affiche déjà dix condamnations, pour conduite sans permis et trafic de stupéfiants, pour un total de près de 7 ans de prison. Il encourt cette fois-ci la réclusion criminelle à perpétuité.
Plusieurs avocats ont regretté que ce dossier soit audiencé sur deux jours seulement. « C’est court, ça nous laissera peu de temps, mais la cour de Strasbourg est connue pour faire des audiences rapides », a confié l’un d’eux.
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