Royaume-Uni : les législatives menacée par l’ingérence de la Chine et de la Russie

Par Vincent Solacroup
25 mai 2024 11:30 Mis à jour: 25 mai 2024 11:35

Un comité parlementaire a interpellé vendredi le Premier ministre britannique Rishi Sunak sur le risque d’ingérences étrangères, sous forme de cyberattaques ou de campagnes de désinformation, lors des législatives du 4 juillet, appelant à des mesures de protection.

Margaret Beckett, présidente du comité parlementaire sur la sécurité nationale, évoque dans une lettre rendue publique l’existence ces dernières années « de tentatives d’ingérence étrangère de pays tels la Chine, la Russie, l’Iran et la Corée du Nord ».

Elle rappelle les conclusions des services de sécurité qui ont jugé « presque certain » que la Russie ait cherché à influer sur les dernières législatives en 2019 et qui estiment que la Chine cherche à peser sur des processus électoraux hors de son sol.

Cyberattaques, chantage et désinformation en ligne

« Nous pensons que le Royaume-Uni doit être préparé à la possibilité d’ingérence étrangère pendant les législatives du 4 juillet », écrit la responsable parlementaire, appelant le gouvernement à réunir les partis politiques, les services de sécurité et les autorités en charge d’organiser les élections pour identifier de possibles mesures de protection à adopter.

Certains experts jugent le risque particulièrement élevé en amont des législatives britanniques et de la présidentielle américaine étant donné les dernières évolutions technologiques en terme d’intelligence artificielle ou de « deep fake » permettant de créer de fausses images, et le contexte de vives tensions entre les puissances occidentales et la Russie ou le régime communiste chinois.

Dans sa lettre, Mme Beckett, ancienne cheffe de la diplomatie sous le travailliste Tony Blair, estime que des ingérences pourraient prendre la forme de cyberattaques, de chantage, de désinformation en ligne, y compris via des « deep fakes », et des tentatives d’amplifier des divisions sur des sujets controversés. Elle recommande de mieux former le public à identifier la désinformation et à assurer la sécurité des élus.

Le public peut être atteint « bien plus facilement qu’avant »

« Il n’y a rien de nouveau à ce que des acteurs hostiles cherchent à s’immiscer dans les élections. Mais aujourd’hui, ces acteurs peuvent atteindre le public britannique bien plus facilement qu’avant », a déclaré Mme Beckett, selon computerweekly.com.

Mme Beckett a exhorté la Commission électorale à prodiguer des conseils au public « en priorité » sur la manière d’identifier les deepfakes et d’autres types de désinformation et de mésinformation. La présidente du comité parlementaire sur la sécurité nationale s’inquiète également de l’absence de coordination des grandes entreprises technologiques, notamment X, Snapchat, TikTok, Meta, YouTube et Microsoft, pour lutter contre les menaces pesant sur les élections.

Au Royaume-Uni, plusieurs affaires d’espionnage impliquant la Chine ou la Russie ont éclaté ces dernières semaines. Le gouvernement britannique a récemment accusé l’État chinois de cyberattaques contre des parlementaires britanniques critiques de Pékin – qui a démenti – tandis que la Commission électorale avait annoncé en août 2023 avoir été victime d’une cyberattaque de la part d’« acteurs hostiles » non identifiés qui ont eu accès à son système pendant plus d’un an.

Les hackers de Star Blizzard ont ciblé des personnalités de premier plan, notamment des hommes politiques britanniques, lors d’une opération où le FSB russe a été incriminé par Computer Weekly en 2023. L’ancien chef du MI6 Richard Dearlove  ainsi que le journaliste Paul Mason, vif détracteur la guerre de la Russie contre l’Ukraine, figuraient parmi les victimes.

À l’instar de ce qui se passe outre-Manche et dénoncé parMargaret Beckett, sept parlementaires français hackés par la Chine réclament enquêtes et sanctions « pour ingérences étrangères », a rapporté Epoch Times. Le sénateur centriste Olivier Cadic, l’ancien sénateur Renaissance André Gattolin et la députée Renaissance Constance le Grip ont organisé une conférence de presse ce lundi 6 mai au Sénat dans l’objectif de dénoncer « la loi du silence » qui pèse sur la cyberattaque perpétrée début 2021 contre au moins sept parlementaires français par APT31, un groupe de hackers que plusieurs nations comme les États-Unis et le Royaume-Uni estiment être à la solde du ministère de la Sécurité d’État, le KGB chinois.

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