Quarante et une personnes sont mortes dimanche dans l’atterrissage d’urgence d’un avion de la compagnie russe Aeroflot, qui s’est entièrement embrasé avec 78 personnes à bord à l’aéroport de Moscou-Cheremetievo.
« Selon les données rectifiées dont disposent les enquêteurs à l’heure actuelle, 37 personnes ont survécu », a indiqué le Comité d’enquête dans un communiqué.
Une porte-parole du Comité d’enquête (l’organisme chargé des grandes investigations en Russie), Elena Markovskaïa, a ensuite confirmé explicitement aux journalistes que le bilan était porté à 41 morts.
Le précédent bilan faisait état de 13 morts alors que les images impressionnantes du Soukhoï Superjet 100 en flammes laissaient craindre un bilan bien plus lourd.
« Actuellement, six blessés sont hospitalisés. Deux blessés graves sont en réanimation », a déclaré sur place aux journalistes la ministre de la Santé Veronika Skvortsova, ajoutant que 14 personnes ont eu besoin d’une aide médicale.
L’avion avait été contraint pour une raison encore inconnue de revenir à Moscou-Cheremetievo, quelques minutes après son décollage à destination de Mourmansk (nord).
Les premières sources faisaient état d’un incendie s’étant déclaré à bord mais une vidéo publiée plusieurs heures après le crash montre l’appareil touchant le tarmac, puis rebondissant avant de s’enflammer.
Sitôt après l’atterrissage, les passagers ont été évacués par les toboggans avant de l’avion alors que celui-ci s’embrasait à grande vitesse, d’énormes volutes de fumée noire s’élevant dans les airs.
D’autres vidéos amateurs montraient les passagers courant sur le tarmac pour s’éloigner de l’appareil. Une autre, tournée de l’intérieur de la carlingue, montre un moteur en flamme tandis que des cris de panique s’élèvent dans l’appareil.
« Le vol Su-1492 a décollé comme prévu à 18H02 (15H02 GMT). Après le décollage, l’équipage a rapporté une anomalie et pris la décision de revenir à l’aéroport de départ », a indiqué l’aéroport dans un communiqué.
« À 18H30, l’appareil a effectué un atterrissage d’urgence, après quoi le feu s’est déclaré », poursuit le communiqué.
« L’avion a émis un signal de détresse après le décollage. Il a tenté un atterrissage d’urgence, n’a pas réussi la première fois et, à la deuxième tentative, le train d’atterrissage a frappé (le sol), puis le nez, et il s’est enflammé », avançait peu après l’accident l’agence de presse Interfax, citant une source anonyme.
Le tabloïd Komsomolskaïa Pravda a publié le témoignage d’un passager de l’avion, Petr Egorov : « On venait de décoller et l’appareil a été touché par la foudre (…) L’atterrissage a été dur, on a presque perdu connaissance de peur. L’avion a rebondi sur le tarmac comme une sauterelle et a pris feu au sol ».
L’agence Interfax, citant une source anonyme, a indiqué que l’appareil avait atterri avec ses réservoirs remplis de carburants car, le contact radio avec les contrôleurs aériens ayant été perdu, « il était dangereux d’effectuer une manœuvre pour vider les réservoirs au-dessus de Moscou ».
« Une enquête criminelle pour violation des règles de sécurité » a été ouverte, a indiqué dans un communiqué le Comité d’enquête.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué que Vladimir Poutine avait présenté ses condoléances aux proches des victimes.
Plusieurs vols ont été détournés vers d’autres aéroports de Moscou ou celui de Nijni Novgorod, environ 500 kilomètres à l’est de la capitale russe.
« Une commission travaille. Toute conclusion est prématurée », a déclaré un porte-parole de l’agence russe Rossaviatsia au sujet d’une éventuelle immobilisation des Superjet après ce crash.
Le Soukhoï Superjet 100, le premier avion civil conçu par la Russie post-soviétique, et destiné à faire concurrence au brésilien Embraer et au canadien Bombardier sur le marché des avions régionaux, était une source de fierté pour le pays à l’époque de son lancement en 2011. Il est pourtant très décrié et peine à convaincre en dehors du marché russe.
Plusieurs compagnies étrangères qui l’exploitaient ont préféré réduire ou arrêter son utilisation, évoquant des problèmes de fiabilité.
Son lancement avait été terni par le crash d’un appareil en mai 2012 au cours d’un vol de démonstration en Indonésie, qui avait fait 45 morts.
Pour soutenir l’avionneur, le gouvernement russe a mis en place des subventions pour inciter les opérateurs russes à acheter des Superjet: Aeroflot est ainsi devenu le premier utilisateur de l’appareil et avait annoncé en septembre 2018 avoir passé une commande record de 100 Superjet.
Le dernier crash d’ampleur en Russie remonte à février 2018 : un An-148 de la compagnie Saratov Airlines s’était écrasé près de Moscou peu après son décollage, faisant 71 morts.
D. S avec AFP
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