Nous avons vu beaucoup de T‑shirts et de messages circulant sur les médias sociaux de ce type : « Pardonnez‑moi pour tout ce que j’ai dit ou fait pendant le Covid. »
La crise du Covid (ainsi que les désaccords sur la gravité de la maladie, la sécurité et la nécessité des vaccins et des confinements) a divisé les familles, brisé des amitiés, conduit à de nombreux malentendus et à différentes formes de mal‑être intérieur.
Rien n’indique que les disputes vont cesser de sitôt. Dans certains endroits, les enfants sont à nouveau obligés de porter des masques.
D’autres « menaces » virales, comme la variole du singe, la fièvre de l’escargot et la grippe de la tomate, maintiennent la peur de la contagion au premier plan dans l’esprit des gens.
Un temps pour le pardon
Au milieu d’une des périodes les plus difficiles de l’histoire récente, nous devons apprendre à pardonner. Nous devons nous pardonner à nous‑mêmes et nous pardonner les uns aux autres.
« Aujourd’hui, plus que jamais, il est temps de comprendre le traumatisme qui perpétue les abus », déclare Diane Brussell, une conseillère clinique qui a fait ses valises, vendu sa maison et fui le Canada avec son mari et ses deux fils adolescents en seulement deux semaines, en octobre 2021, en raison des obligations draconiennes en matière de vaccination.
« En un sens, le pardon est une simplification de la complexité », poursuit Mme Brussell. « Les abus ne viennent jamais de nulle part. Nous ne sommes pas conçus pour faire du mal aux autres – je crois que c’est un état traumatique réactif au fait d’avoir été blessé. »
Lorsque le Canada a annoncé que les frontières seraient fermées à tous les Canadiens non vaccinés et qu’il serait impossible de sortir, Mme Brussell et sa famille ont décrété qu’il fallait partir. « Nous savions que nous devions partir rapidement », raconte Mme Brussell. « Nous sommes encore complètement déracinés et nous devons faire face à tant de stress. Nous avons de la chance d’avoir pu sortir… Mais nous nous sentons vraiment comme des réfugiés maintenant. »
Même si vous vous efforcez de comprendre, il est important de fixer des limites, explique Mme Brussell, pour empêcher les autres de vous faire du mal. C’est la raison pour laquelle sa famille a quitté le Canada pour la Caroline du Sud : pour ne plus être maltraitée par le gouvernement canadien.
La science du pardon
Loren Toussaint est un professeur de psychologie au Luther College de Decorah, dans l’Iowa, qui a fait carrière dans l’étude du pardon (il est notamment vice‑président du Forgiveness Scientific Advisory Council [Conseil consultatif scientifique du pardon, ndt.] et président de la Forgiveness Foundation International).
Comme M. Toussaint l’explore en détail dans son livre de 2015, « Forgiveness and Health : Scientific Evidence and Theories Relating Forgiveness to Better Health » [Le pardon et la santé : preuves scientifiques et théories relatives au pardon et à une meilleure santé, ndt.], le pardon est associé à un meilleur fonctionnement cardiaque et à une meilleure santé cognitive, et même à une diminution des douleurs lombaires et à un meilleur fonctionnement immunitaire.
En 2019, une équipe de chercheurs écossais a effectué une revue systématique des études médicales sur l’auto compassion. En analysant les 18 travaux publiés, les chercheurs ont découvert que toutes « signalaient des associations importantes entre des niveaux plus élevés d’auto‑pardon ou d’auto‑compassion et des niveaux plus faibles d’automutilation ou d’idées suicidaires.«
En d’autres termes, ceux qui pratiquent l’auto‑compassion, se pardonnent leurs méfaits et erreurs, sont moins susceptible d’avoir des tendances suicidaires.
Cependant, l’étude scientifique du pardon est compliquée : qu’est‑ce que le pardon exactement ? Comment le mesurer ? Comment savoir si l’acte de pardonner entraîne des résultats physiques mesurables ?
Par ailleurs, plusieurs études examinées semblaient indiquer que le simple fait de dire « je te pardonne », sans ressentir émotionnellement le pardon, ne conférait pas nécessairement des avantages pour la santé.
Pourtant, quiconque a déjà été rancunier sait à quel point la colère, le ressentiment et la rancune peuvent être nuisibles, et combien on se sent mieux et plus léger lorsqu’on arrête de ruminer les torts qu’on estime avoir subis.
La voie chrétienne du pardon
Dans la culture occidentale, une culture chrétienne, le pardon occupe une place importante. En matière de pardon introspectif, Dieu pardonne toujours à ceux qui reconnaissent leurs péchés et s’en repentent sincèrement. L’Église catholique est la plus grande communauté chrétienne, avec plus d’un milliard d’adeptes. Le catholicisme exige des fidèles qu’ils confessent régulièrement leurs péchés à un prêtre et demandent le pardon de Dieu.
À l’égard d’autrui, il est explicitement indiqué de nombreuses manières que le chrétien doit tendre l’autre joue, ne pas juger et pardonner libéralement. Les catholiques doivent réciter quotidiennement le Notre Père où il est dit : « Pardonne‑nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. » La réciprocité du pardon est au cœur de la tradition catholique. Le rôle du chrétien est de pardonner, d’aimer son ennemi, d’être humble et charitable.
Ce sont des principes vraiment émouvants à respecter, quelle que soit notre foi, mais la capacité de pardonner n’est jamais acquise, semble‑t‑il, pour un être humain.
La plupart des traditions bouddhistes croient en la réincarnation. Ce qui se passe dans notre vie actuelle est le résultat direct de ce qui s’est passé dans nos vies antérieures, et notre vie actuelle aura à son tour un impact sur nos vies futures.
Dans une telle configuration, nous avons peut‑être lésé celui qui aujourd’hui nous fait du tort.
Si on décide de se venger, le mauvais karma entre nous et les autres s’accumule, entraînant davantage de désagréments dans cette vie ou dans les prochaines vies.
Déposer son fardeau
Certains ont peut‑être déjà entendu cette parabole zen.
Deux moines voyagent sur une longue distance. Il vient d’y avoir une forte pluie et les moines arrivent au bord d’une rivière impétueuse. Alors qu’ils s’apprêtent à traverser, les moines aperçoivent une riche jeune femme portant des ballots de marchandises qui tente également de traverser la rivière. Avec un certain dédain, elle leur demande de l’aide.
Sans un mot, le moine le plus âgé et le plus sage met la femme sur son dos et l’aide à traverser, l’amenant sur la terre ferme de l’autre côté de la rivière. Cependant, au lieu de le remercier, la jeune femme riche se plaint de la façon dont sa robe de soie a été mouillée et ses chaussures salies.
Les deux moines poursuivent leur voyage en silence. Finalement, après plusieurs heures de marche, le plus jeune moine s’exclame : « Comment cette riche dame a‑t‑elle pu être aussi impolie avec vous ? »
« Mon fils, » dit le moine aîné, « j’ai déposé ce fardeau il y a longtemps déjà. Pourquoi le portes‑tu encore ? »
Le vieux moine n’a pas laissé l’impolitesse de la jeune femme l’affecter. Il a fait acte de bonté pour le plaisir d’être gentil, bienveillant et juste. Elle était indiscutablement ingrate et grossière, mais c’était à elle de porter ce fardeau, non à lui.
L’idée qui sous‑tend cette parabole est que porter un fardeau – garder rancune – est un choix. Le vieux moine avait la sagesse de ne pas choisir de porter ce fardeau. Le jeune moine, qui apprenait encore à gérer les épreuves de la vie et l’arrogance des gens, s’est laissé accabler.
Aussi difficile que cela puisse être pour certains d’entre nous, le pardon est une qualité qui peut être développée. Selon M. Toussaint, la clé pour pardonner à quelqu’un est la volonté et l’empathie. Pour laisser passer un mal qui vous a été fait, il est important de voir les choses du point de vue de l’auteur du mal. Heureusement, nous allons tous avoir beaucoup de pratique à ce sujet. Au moment où nous dépassons collectivement la réponse globalement mal gérée au coronavirus, nous avons tous beaucoup de choses à pardonner.
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