Alors qu’en France, peu de candidats à l’élection présidentielle ont développé l’idée d’une intégration par l’emploi des réfugiés syriens – niveau de chômage oblige – plusieurs initiatives allemandes dressent un premier bilan de leur impact. Elles montrent que, de septembre 2015 à septembre 2016, les efforts allemands ont permis à 50 000 réfugiés de trouver du travail, essentiellement dans l’agriculture et les métiers de la logistique.
Concernant ce bilan, une série d’articles de la Deutsche Welle explique que plus d’un millier d’entreprises allemandes ont commencé à proposer des formations aux réfugiés, en s’appuyant sur la « loi d’intégration » votée par le Parlement allemand au printemps dernier. Celui-ci permet, entre autres, de leur garantir un maintien de trois ans sur le territoire, une fois leur formation professionnelle commencée, même si leur demande d’asile est rejetée.
Une main d’œuvre qualifiée.… ou non
La loi d’intégration tente de poser l’outillage juridique pour une générosité méritée, dans laquelle l’aide offerte aux réfugiés va en contrepartie d’une obligation d’efforts. Ainsi, l’apprentissage de la langue est obligatoire et le refus d’un emploi entraîne automatiquement une suspension des aides versées.
Le directeur de l’office fédéral allemand pour l’immigration considère, sur la base des résultats récents d’une étude de l’Institut allemand de recherche sur l’emploi (IAB), que de nombreux réfugiés sont en capacité de trouver un emploi qualifié. La Deutsche Welle cite Anis Baroudi, un réfugié syrien, peu surpris de ces résultats : « Je connais beaucoup d’ingénieurs qui sont venus en Allemagne l’année dernière, et beaucoup qui ont longtemps travaillé dans de grandes entreprises syriennes. »
À l’inverse, l’Institut pour la Recherche Economique de Cologne prend le contre-pied de cet optimisme officiel. L’économiste Wido Geis se dit « très surpris » des conclusions du rapport de l’IAB : « La plupart des données dont nous disposons montrent que, parmi les réfugiés, il n’y a qu’un cinquième à un quart de personnes qui sont allées au-delà de l’école primaire. Leur immense majorité n’a que peu de qualifications professionnelles et n’est pas encore sur le marché du travail. »
Contrats à un euro
C’est pour répondre aux besoins de cette main-d’œuvre non-qualifiée qu’un programme d’emplois à « 1 euro » a difficilement commencé au mois d’août dernier – moins de 5 000 personnes s’y sont inscrites, sur un objectif de 100 000. Ce programme doit permettre aux réfugiés de bonifier les allocations reçues par le gouvernement avec un travail d’une trentaine d’heures par semaine, payées 1 euro de l’heure, qui doit accélérer leur intégration et leur apprentissage de la langue allemande. Ce programme a reçu plus de 12 000 candidatures, dont 4 400 ont été acceptées. « C’est normal qu’il y ait une sorte de période d’échauffement pour ce type d’initiative », explique l’un de ses représentants cité par la Deutsche Welle. Les premières offres pour ces postes ont été émises essentiellement par des collectivités et des associations.
Interrogé par The Local, Zaid, un refugié irakien, explique pourquoi ce type de travail, qui lui fait gagner moins de 90 euros par mois en plus des 150 euros d’aide aux réfugiés, lui est utile : « Cela me permet d’avoir des contacts avec des Allemands et me donne l’occasion d’apprendre la langue. Et, au moins, je n’ai plus à rester au centre-ville à ne pas savoir que faire. »
Ce programme « fait sens à court terme, car sans cela les réfugiés ne pourraient pas travailler », ajoute Ronald Bachmann, économiste de l’institut RWI, pour l’AFP. Mais beaucoup rappellent qu’un programme similaire, en 2005, n’avait pas favorisé le retour à l’emploi des chômeurs de longue durée.
Au-delà des aspects économiques, ces mesures du gouvernement allemand visent à favoriser les contacts entre population native et réfugiés, à « élargir les horizons » pour reprendre les mots de la chancelière Angela Merkel et ne pas laisser grandir le rejet des migrants. Une autre étude de l’IAB publiée récemment se veut rassurante en montrant que les réfugiés partagent l’essentiel des valeurs allemandes sur la démocratie et les droits civiques, les seuls domaines de différence notables étant la place du religieux et celle de la femme dans la société civile – résultat peu surprenant au vu des pays d’origine de ces réfugiés.
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