Le ministre délégué chargé de l’Industrie, Roland Lescure a expliqué jeudi que l’État « suit et est très vigilant » sur une vente éventuelle de Biogaran, laboratoire de génériques et filiale du groupe Servier, qui détient un tiers du marché français.
Le journal Les Échos, confirmant une information donnée en décembre par la revue L’Informé, assurait mercredi que la mise en vente de Biogaran a été enclenchée par sa maison mère Servier dès 2023.
La cession de Biogaran est un enjeu majeur pour la France. La firme leader du marché français pour la production de génériques avec 32% de part de marché, pourrait passer sous contrôle étranger et mettre à mal à la fois la production de générique sur le sol français mais aussi notre souveraineté sanitaire. Si Biogaran ne possède pas d’usine en propre, ce « groupe fait travailler une quarantaine de producteurs en France. Il a donc une empreinte industrielle indirecte », a expliqué Frédéric Bizard, président de l’Institut Santé, sur Franceinfo. « Biogaran, c’est environ un médicament sur six que les Français consomment », a-t-il ajouté.
Parmi les quatre candidats en lice pour le rachat de Biogaran figurent deux génériqueurs indiens. L’Inde peut être assimilée à « la pharmacie du monde » : près de 45 % de médicaments, notamment des génériques, sont fabriqués en Inde, indique M. Bizard. Les deux autres candidats sont des fonds d’investissement européens, intéressés par la rentabilité. Et donc une forte probabilité d’une délocalisation de la production.
« Assurer notre souveraineté sanitaire »
« Si un investisseur étranger souhaite acheter Biogaran, nous nous laissons la possibilité d’activer la procédure dite IEF (investissement étranger en France, NDLR) », a précisé le ministre devant la presse lors d’un déplacement dans la Sarthe, pour inaugurer une usine de gants à usage unique à Bessé-sur-Braye. Cette procédure permet de « contrôler les investissements réalisés par des entreprises étrangères en France dans des secteurs stratégiques ».
Tandis que les rumeurs de vente de Biogaran, acteur majeur des génériques en France, enflent, Roland Lescure a affirmé la volonté de l’État de déterminer « les conditions nécessaires et proportionnées afin d’assurer notre souveraineté sanitaire ».
Un modèle économique à bout de souffle
Dans un contexte de pénuries croissantes sur les médicaments, les fabricants de médicaments génériques, des produits essentiels mais peu rentables, souffrent d’un modèle économique à bout de souffle, les tarifs fixés par les autorités sanitaires françaises étant selon eux parmi les plus faibles d’Europe.
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