Venu vendredi à bout de son 3e Vendée Globe consécutif après 74 jours en mer, Jérémie Beyou (Charal) a vécu un tour du monde semé d’embûches « ultra intense » qu’il est tout de même « fier » d’avoir terminé 4e, comme il l’a raconté à l’arrivée.
Question: Comment vous sentez-vous ?
Jérémie Beyou : « Il m’a fallu un peu de temps pour accepter que ce soit la 4e place. Il y a des quatrièmes places qui sonnent comme des défaites mais celle-là sonne plutôt comme une victoire, j’en suis très fier. L’arrivée a été à l’image de tout le reste de la course, elle n’était pas simple. Il y avait 40 noeuds de vent à 10 milles de la ligne. Mais quand c’est dur, tu es encore plus satisfait de ce que tu as fait. Il y a des courses qui sont plus faciles, plus fluides que d’autres. Celle-là était plus fluide pour les trois devant mais un peu moins pour moi. Cette course c’était avant tout le dépassement de soi, c’était arriver à aller au bout, quoi qu’il arrive. Je ne suis pas en bon état, mon bateau non plus, mais je suis bien content d’être là. »
Comment analysez-vous votre résultat ?
« Je me suis longtemps dit que ça allait basculer. Lors de la descente de l’Atlantique, je me suis retrouvé avec un problème au genou. Charlie (Dalin) a pris 100, 150 milles d’avance. Dans l’Indien, il a réussi à jouer avec le centre d’une dépression qu’on a pas réussi à accrocher. On a été obligé de passer par le Nord. Avec Seb (Simon) et Yoann (Richomme), ils sont partis devant. Je pensais qu’on allait recoller, mais ça n’a pas du tout été le cas et ça a rendu la course très particulière. Les trois premiers se sont retrouvés devant au bon moment. Nous, on a enchaîné les mauvais systèmes météo, c’était l’histoire sans fin. Cela tue car tu n’y peux rien ».
👏 @JeremieBeyou a franchi la ligne d’arrivée dans la nuit, décrochant une magnifique 4ᵉ place pour cette édition. Ce matin, @PaulMeilhat a également terminé son tour du monde en solitaire et sans assistance.
Les deux skippers ont partagé un moment inoubliable en remontant… pic.twitter.com/XbJYzzGagK
— Vendée Globe (@VendeeGlobe) January 24, 2025
Il y a tout de même eu une belle course dans votre groupe de poursuivants…
« Dans mon malheur, ce qui était sympa c’est qu’il y avait du monde autour et que ça a créé une belle bagarre. On s’oriente de plus en plus vers des courses très intenses. Depuis l’océan Indien, je suis en mode « Solitaire du Figaro » avec mes cirés et mes bottes. Tu dors par terre, tu manges par terre, tu fais la météo par terre, tu as une main sur ton écoute en permanence. C’était vraiment dense. Ça ne pardonne pas la moindre erreur, la moindre impasse météo. Cette course est entrée dans une nouvelle dimension… C’est un truc de malade ! C’est à la fois passionnant et épuisant ».
C’est votre 5e Vendée Globe, vous voulez y retourner ?
« Cette course je l’adore, je l’aime, je la veux. Au départ, j’avais un peu le sentiment que le Vendée Globe ne voulait pas de moi parce que ça a commencé par deux abandons. Mais maintenant, j’ai quand même bouclé trois Vendée Globe d’affilée et à chaque fois en naviguant comme il faut, je pense. La copie n’est pas parfaite, il va falloir continuer à progresser et travailler. Mais j’ai d’abord envie de retrouver ma femme et mes filles, partir en vacances. Il faudra me reposer la question dans quelques semaines ».
Propos recueillis par François d’Astier.
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