Le groupe britannique de téléphonie Vodafone a annoncé 11.000 suppressions d’emplois sur trois ans, pour tenter de relancer sa compétitivité face à une performance et une action en berne depuis plusieurs années.
Cela représente un peu plus de 10% des effectifs de l’entreprise, qui atteignaient 104.000 personnes l’an dernier. « Notre performance n’a pas été assez bonne » et « Vodafone doit changer », commente la nouvelle directrice générale Margherita Della Valle mardi dans un communiqué de résultats pour l’exercice 2022/2023.
Il fait part d’une stagnation des recettes à 45,7 milliards d’euros, avec de bonnes ventes en Afrique mais de mauvaises recettes en Europe, son principal marché.
« La performance s’est détériorée »
Si le bénéfice opérationnel a augmenté à 14,3 milliards d’euros sur la période contre seulement 2,8 milliards lors de l’exercice précédent, c’est essentiellement grâce aux 12,3 milliards d’euros générés avec la scission de Vantage Towers, introduite en Bourse à Francfort. « La performance comparative de Vodafone s’est détériorée au fil du temps et cela se ressent sur l’expérience de service des clients », insiste la dirigeante.
L’annonce de Vodafone s’inscrit dans un contexte de crise du coût de la vie, d’inflation à quelque 10% au Royaume-Uni, la plus élevée du G7, et d’incertitudes économiques. Ces derniers mois, les géants de la technologie américaine notamment ont éliminé des dizaines de milliers d’emplois.
Vodafone avait annoncé début décembre le départ du précédent dirigeant Nick Read, après quatre ans à la tête du groupe britannique de télécommunications, dans un contexte de contre-performances. Mme Della Valle, jusqu’alors directrice financière, avait alors pris le relai par intérim avant d’être confirmée au poste le mois dernier.
« Partenariat stratégique » avec Emirates Telecommunications
L’action du groupe reculait de 3,73% à 86,67 pence vers 07h30 GMT à la Bourse de Londres. Elle valait presque 200 pence il y a cinq ans. Vodafone, poids lourd du secteur en Europe, mène depuis plusieurs années une restructuration qui l’a notamment conduit à se recentrer sur l’Europe et l’Afrique.
La semaine dernière, l’opérateur et Emirates Telecommunications (e&), devenu il y a un an premier actionnaire du groupe de téléphonie britannique, ont annoncé un accord de « partenariat stratégique ». Le groupe e&, qui a progressivement augmenté sa participation dans l’opérateur britannique depuis un an pour atteindre aujourd’hui 14,6% du capital, est officiellement désigné « actionnaire de référence de Vodafone » dans un communiqué.
Début mai, des informations de presse faisaient état d’une fusion imminente à 15 milliards de livres de Vodafone avec la holding de Hong Kong CK Hutchison dans la téléphonie mobile au Royaume-Uni. Vodafone, qui n’avait pas souhaité commenter ces informations, avait indiqué en octobre être en discussion pour fusionner ses activités dans le pays avec Three UK, filiale de CK Hutchison, afin d’allier leurs forces dans la 5G.
« Les marchés vont avoir besoin de voir des résultats tangibles »
« On en était venu à attendre une performance médiocre de Vodafone ces derniers temps et les résultats annuels ne font rien pour le changer. Des coûts de l’énergie plus élevés et une faiblesse persistante en Allemagne veulent dire que les bénéfices sont ressortis inférieurs aux prévisions de la société déjà abaissées récemment » remarque Matt Brizman, analyste de Hargreaves Lansdown.
L’action reculant, il remarque que l’honnêteté de Mme Della Valle est « rafraîchissante mais pas suffisante pour empêcher l’action de tomber ». Malgré les suppressions d’emplois et le plan de restructuration annoncés, « les marchés vont avoir besoin de voir des résultats tangibles ».
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