REPORTAGE — Un évènement qui se voulait « historique ». « Un anti-Davos », nous souffle, satisfait, Randy Yaloz, président de Republicans Overseas France, organisation qui représente le Parti républicain américain à l’étranger. Le 10 novembre, Paris accueillait la Worldwide Freedom Initiative (Initiative mondiale pour la liberté) au sommet de la Tour Montparnasse dans le cadre d’une rencontre inédite entre personnalités de la droite venues des États-Unis et de plusieurs pays d’Europe. Kristi Noem, gouverneure républicaine de l’État du Dakota du Sud, Nigel Farage, leader du Brexit, Eric Zemmour, président de Reconquête, et même Donald Trump… Tout au long de cette journée, leurs discours, prononcés en présentiel ou parfois en distanciel, ont rythmé cette conférence internationale dont le cœur battant a été fixé sur la défense de la civilisation occidentale, de son identité, de ses libertés. Un projet, un défi commun partagé par les libéraux, conservateurs et patriotes en Occident. Aussi, il faut les rassembler et les fédérer : telle était l’ambition de Randy Yaloz. Une idée novatrice qui a germé à l’occasion d’une conversation avec Solomon Yue, président directeur général de Republican Overseas.
Avocat franco-américain et père de quatre enfants, le fervent républicain avait inauguré le lancement de cette « WFI » le 4 juillet dernier, jour du 247e anniversaire de l’indépendance des États-Unis face à la Grande-Bretagne. Présent, Epoch Times avait fait le récit de cet évènement. Le 10 novembre, ce grand rassemblement a vu le jour. Non sans que l’organisation n’ait rencontré des embûches au préalable. 72 heures avant le jour J, il était annulé ex abrupto par le premier établissement qui avait pourtant accepté de l’héberger… La conséquence de « la cancel culture » sévissant dans nos pays, cingle Randy Yaloz.
Par email, les invités ont alors été informés, le 8 novembre, du nouveau lieu de rendez-vous : l’Espace 56, un salon trônant à plus de 200 mètres d’altitude dans l’enceinte de la Tour Montparnasse.
Les derniers préparatifs achevés, les invités et conférenciers installés, l’évènement s’ouvre en musique avec l’hymne national français, puis américain, tous deux joués au violon par la virtuose Camilla Radford-Furman. Sur un ton solennel, le président de Republicans Overseas France donne le coup d’envoi de cette conférence placée sous le signe de l’amitié franco-américaine, en mettant l’accent sur sa raison d’être : « L’objectif de cette WFI, c’est de se battre pour nos libertés et de s’assurer qu’elles soient protégées pour les générations qui nous succèderont », annonce-t-il dans une prise de parole alternant entre l’anglais et le français.
Place ensuite au discours d’ouverture. Éric Zemmour s’en charge. Pour l’occasion, il commence par rappeler son entretien avec Donald Trump : « Ne cédez jamais face aux journalistes. Restez-vous-mêmes », lui a conseillé l’ex-président en amont de la dernière élection présidentielle. Les deux hommes politiques partagent en commun ce désamour d’une large partie de la presse à leur endroit. De quoi les rapprocher. Passé cette anecdote, le président de Reconquête embraye sur la raison de sa présence à cette conférence, dont il s’étonne lui-même : « J’ai dans ma besace historique beaucoup de reproches à faire aux Anglais et aux Américains. Pour un petit Astérix comme moi, participer à un forum worldwide a de quoi paraître étrange ». Avant de reconnaître : « Les temps ont changé. » L’heure est donc à l’union. Car l’Occident est « doublement attaqué » : « Par l’immigration de masse qui menace jusqu’à la survie de nos peuples. Par la gauche ensuite, qui sape les bases de notre civilisation et en accélère l’effondrement. […] Dans cet objectif, ils ont noué une alliance qui se décline dans chacun de nos pays. » Alors, « unissons-nous partout où cela est possible ». En revanche, si « le petit Astérix » se « refuse à vivre dans un monde où New York ne serait plus New York », pas question pour autant de se plier à l’Amérique : « Je lutterai encore contre vos ingérences et leçons de morale dès qu’il le faudra », prévient-il.
Vont ensuite s’enchaîner au fil de la journée cinq « tables rondes » déclinées chacune autour d’une thématique prédéfinie. La première, animée par le journaliste Éric Morillot, porte sur la liberté d’expression et la judiciarisation de la vie politique. Elle est introduite par André Bercoff. « La liberté est indivisible. Si on ne comprend pas cela, on glisse vers un totalitarisme soft », martèle d’entrée l’animateur de Sud Radio, qui rappelle les restrictions sur la liberté d’expression imposées durant la crise du Covid-19. Vaccins, guerre en Ukraine, changement climatique… Le rôle du citoyen est pourtant « d’avoir question à tout » : exercer son esprit critique, ne pas se laisser dicter un message unique. Un privilège dont peuvent encore, pour l’instant, jouir les citoyens occidentaux. « L’Occident a inventé la liberté d’expression, il ne faut pas qu’il la perde ».
C’est en substance le message repris par Nicolas Dupont-Aignan, second intervenant : « S’il n’y a pas de liberté d’expression, il n’y a plus rien ». Si le président de Debout la France souligne avoir « beaucoup tempêté » contre « l’instinct de domination des États-Unis », « au-delà des désaccords, il y a la liberté ». Et il va falloir la défendre, puisque l’avenir préfigure « un monde abominable ». Identité numérique, euro numérique, carnet de santé numérique, reconnaissance faciale… « Les nouveaux moyens technologiques qui sont mis en place au niveau de l’UE sont totalitaires à la chinoise ». Des sujets que le député compte bien imposer dans le débat public, nous a-t-il confié.
« On ne peut pas retrouver notre liberté si nous ne retrouvons pas notre souveraineté », plaide, pour sa part, Florian Philippot, rappelant également la censure dans les médias et sur les réseaux sociaux aussi bien sur les sujets relatifs aux mesures sanitaires, que la présidentielle américaines de 2020, ou encore les scandales dans lesquelles Hunter Biden est empêtré. « Des flash totalitaires » qui se manifestent notamment par les biais éditoriaux des salles de rédaction recourant, en guise de méthode de censure, à l’invisibilisation ou au dénigrement.
Pour Jean-Frédéric Poisson, président de la voie du peuple, durant la crise sanitaire, « les ennemis de la liberté en ont profité pour faire avancer leur agenda ». Comment répondre à cette menace ? En attaquant devant les juridictions, comme le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État. Il faut se garder d’avoir en elles « une confiance aveugle », tient-il à souligner, mais de temps en temps, des petites victoires sont remportées. L’intervention du conservateur est également l’occasion pour lui de souligner un autre péril pesant sur l’Occident, tout aussi inquiétant pour la liberté : son islamisation. « Nous devons gagner ce combat de la liberté, car sans cela, nous disparaîtrons. »
La dernière prise de parole est à Tamara Lich, une organisatrice du « Convoi de la liberté » au Canada. Cette manifestation de camionneurs, lancée en protestation contre les mesures sanitaires instaurées par le Premier ministre Justin Trudeau, avait paralysé Ottawa à l’hiver 2022, avant d’être violemment réprimée suite à l’entrée en vigueur d’une loi d’urgence, qui fait actuellement l’objet d’une enquête sous la houlette de la Commission Rouleau. Durant son discours, effectué à distance, Tamara Lich est revenue sur les attaques médiatiques dont les participants à ce mouvement ont fait l’objet : « Nous avons été accusés d’être racistes, misogynes, d’être désinformés… » « Justin Trudeau a préféré réprimer qu’écouter les citoyens ». Si celui-ci a affirmé que ce convoi était le fruit de l’action d’une minorité, elle dément, en mettant en avant le « soutien énorme » et les « millions de dollars reçus en quelques semaines », outre les fournitures de couvertures et de nourriture. Selon elle, la « couverture médiatique a entraîné l’effondrement de la confiance du public dans les médias, qui sont allés jusqu’à affirmer que les camionneurs attaquaient des refuges pour pauvres ou étaient infiltrés par les Russes ». Une séquence qui, selon elle, a permis de « prouver la corruption du gouvernement », mais aussi exposé sa « collusion » avec les banques, en capacité de geler sans préavis les comptes des manifestants ou de leurs soutiens, sans passer au préalable par une cour de justice.
Le second « panel » d’intervenants s’est concentré sur les thèmes liés au mondialisme, que ce soit l’« agenda climatique », incarné par le Pacte Vert, ou bien la centralisation de l’économie. Pour ce nouvel échange, la modération a été confiée à Jeremy Stubbs, directeur adjoint de la rédaction du magazine Causeur et président des conservateurs britanniques en France. Dans une brève introduction, celui-ci a mis l’emphase sur les dangers liées aux restrictions de libertés au nom de la lutte contre le changement climatique par les mêmes écologistes qui s’opposent à l’énergie nucléaire, pourtant peu émettrice de CO2, ou bien aux technologies de captage du dioxyde de carbone : « Ce que ces écolos veulent, ce n’est pas simplement sauver le monde, c’est détruire le capitalisme ».
Un danger évoqué par le premier intervenant, Rob Roos, député européen et Vice-Président du groupe des Conservateurs et réformistes européens (CRE) dans un discours centré sur l’érosion de la démocratie sous l’influence de la technocratie. Un phénomène qui prend sa source dans la délégation du pouvoir à des acteurs dépourvus de légitimité démocratique : l’Union européenne, les cours de justice européennes, les Nations unies. À mesure que l’interventionnisme étatique s’accroît dans le quotidien des citoyens, les États perdent de plus en plus de pouvoir au profit d’une centralisation bénéficiant à des institutions supranationales, explique l’homme politique, qui cite par exemple la tentative de l’UE d’abolir le droit de veto sur les dossiers relatifs aux affaires étrangères à la suite du déclenchement de la guerre en Ukraine. « L’Union applique le principe “ne jamais gaspiller une bonne crise“ ». Le même esprit anime le « Green Deal », un projet « révolutionnaire car il cause une centralisation et une ingénierie sociale à une échelle massive », puisqu’il autorisera la régulation de « tout ce que nous faisons dans notre vie au quotidien ». Il sera d’autant plus problématique en raison du droit européen, dont la primauté sur le droit national permet à des ONG écologistes d’attaquer les gouvernements si elles estiment que les efforts en matière de réduction des émissions de carbone ne sont pas suffisants. Rob Roos analyse également l’Agenda 2030 porté par les Nations unies, n’hésitant pas à évoquer un « rêve communiste » : « Nous devons regarder la réalité en face. Il s’agit d’une offensive mondiale visant à centraliser la prise de décision politique au détriment de notre souveraineté, des États-nations, de notre mode de vie ».
Ce programme écologiste est porté par l’Union européenne, mais également par le Forum de Davos, dénonce lors de l’intervention qui suit Sieta van Keimpema, porte-parole de Farmers Defense Force (FDF), mouvement engagé contre la politique agricole du gouvernement néerlandais. Elle met en garde : non seulement il est illusoire d’imaginer qu’il est possible d’éliminer complètement les émissions de carbone, mais ce projet va entraîner une forte baisse de la croissance engendrant une chute de la productivité agricole et, avec elle, une insécurité alimentaire. Le Vieux continent deviendra alors dépendant de ses importations, et les agriculteurs continueront d’en payer les conséquences : aux Pays-Bas, le taux de suicide dans ce secteur a déjà explosé. « Cette politique n’est pas faite pour le peuple, mais contre le peuple. »
C’est ensuite au tour de Charles Gave. L’économiste donne ses projections pour l’avenir, à partir ce constat selon lequel l’ère instaurée par les États-Unis à la fin de la Seconde Guerre mondiale touche à sa fin, comme en témoigne le processus de dédollarisation en cours « qui assurait la suprématie américaine sur les fournitures d’énergie ». À ses yeux, le futur centre de la croissance se situera entre la Russie et l’Inde, la première puissance s’alliant à la seconde pour ne pas devenir une « colonie chinoise ». Et les États-Unis, en raison de leur endettement abyssal, n’auront d’autres choix, selon lui, que de se désengager du reste du monde. L’Europe, dont les capacités de défense sont en chute libre, un phénomène s’accompagnant par la baisse démographique, se trouverait alors sous domination soit russe, soit turque : « Il faut se préparer à un monde chaotique et à récupérer nos libertés au bout du chemin ».
Venu de Roumanie, Dorin Iacob, entrepreneur et homme politique, évoque pour sa part son passé en Europe de l’est au temps de l’Union soviétique. Le contrôle de l’information par les médias, la capture de la classe politique et des services de renseignement, les opérations de propagande et de censure… c’était le quotidien de ses concitoyens, qui refait aujourd’hui surface, puisque l’UE applique les mêmes méthodes que l’URSS : « Ils veulent ramener le parti unique ». Un néomarxisme, un « communisme sous une autre forme ».
Depuis la sanglante attaque terroriste perpétrée par les islamistes du Hamas, l’alliance entre les rouges et les « verts du Hamas » apparaît au grand jour, interpelle Marc Zell, président de Republican Overseas Israël. « De la rivière à la mer, la Palestine sera libre » : pour la dernière intervention, l’avocat franco-israélien partage son émotion devant les manifestations « en faveur du Hamas » qui ont inondé l’Occident, seulement quelques heures après l’offensive du 7 octobre. Certains des manifestants appelant ouvertement à détruire l’État hébreu. Selon M. Zell, l’Occident est confronté à « une combinaison de forces jamais vue », qui s’articule autour d’une alliance entre marxistes, écologistes et islamistes : « Un nouveau néofascisme pernicieux qui menace les fondements de notre civilisation ».
Quelques jours plus tôt, Randy Yaloz l’avait annoncé : « Il y aura un invité surprise à cet évènement ». À 16 heures, son identité est dévoilée : c’est Donald Trump. La salle exulte. L’ancien président introduit donc la troisième table ronde, centrée sur les stratégies électorales gagnantes et animée par John Lowe, avocat américain et candidat républicain au Congrès pour le Delaware en 2024. Pour aborder ce sujet, David Bossie et Corey Lewandowski, les deux directeurs de campagne de Donald Trump lors de sa campagne réussie de 2016, ont fait le déplacement en personne. « La corruption dans notre pays est terrible » : au téléphone, Donald Trump dresse un tableau sombre de la situation politique des États-Unis depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden, qu’il contraste avec les résultats de son propre bilan après ses quatre années à la présidence. Les Américains l’ont compris, est-il persuadé. Pour preuve, les sondages favorables qui le placent en tête, aussi bien devant ses rivaux républicains que son adversaire démocrate. Il faut donc être confiant. Et il n’y a, de toute façon, pas le choix, laisse-t-il entendre : « Il n’y a jamais eu une élection aussi importante. Si nous ne la remportons pas, notre pays ne sera plus. »
Comment gagner ? Après avoir étrillé la fraude observée durant le scrutin, David Bossie commence par souligner que le nombre de votes ayant conduit à la défaite de Donald Trump s’élevait à seulement 34.000 votes dans trois États. Aussi, il est essentiel que les organisations Republicans Overseas à l’étranger identifient dans chaque pays les électeurs américains républicains pour les inciter à se rendre aux urnes. « Cela peut faire la différence », insiste-t-il à notre micro.
?️ @David_Bossie, ancien directeur de campagne de Donald #Trump : "Un second mandat de #JoeBiden serait un désastre pour les États-Unis et pour le monde libre".
???? @WFI2023 ?️@E_Fauchaire pic.twitter.com/mBjMHNVMsE
— Epoch Times France (@EpochTimesFR) November 12, 2023
De son côté, Corey Lewandowski met en avant l’importance d’investir dans des outils de modélisation de données pour comprendre le plus finement possible les comportements des électeurs et leurs attentes. Outre les techniques de publicité électorale, les efforts doivent être également concentrés sur le recrutement d’une équipe de campagne constituée de profils dotés du bon état d’esprit travaillant dans un environnement de travail favorisant la méritocratie : « La manière dont vous composez votre équipe fait toute la différence ».
?️@CLewandowski_, ancien directeur de campagne de Donald #Trump : "Le peuple américain est du côté de Donald #Trump. Ces batailles juridiques n'auront aucun impact sur le résultat de l'élection présidentielle."
????@WFI2023 ?️@DavidVivesNTD pic.twitter.com/GpKeB7VCSE
— Epoch Times France (@EpochTimesFR) November 12, 2023
Cet aspect constitue un ingrédient essentiel de la formule du succès électoral, a également souligné durant son intervention Kerry McQuisten, candidate républicaine au poste de Gouverneur dans l’État de l’Oregon, qui explique, sur la base de sa propre expérience, l’ensemble des obstacles auxquels un candidat de droite doit s’attendre en s’engageant dans la bataille politique.
Cette table ronde accueille également, en distanciel, Devin Nunes, ancien membre du Congrès américain et PDG de Truth Social, réseau social lancé en collaboration avec Donald Trump pour « résister face à la tyrannie des géants des technologies ». Commençant par indiquer qu’il ne s’est pas rendu à Paris, puisque le gouvernement français a interdit Rumble sur le territoire de l’Hexagone, une plateforme de vidéo en ligne collaborant avec Truth Social, Devin Nunes raconte son pénible périple pour augmenter sa visibilité sur les plateformes entre les mains des « Big Tech ». Pour faire connaître ses idées, son podcast lancé en 2019 a été publié sur YouTube. Résultat : 5000 vues. Mais dès la troisième semaine, son score a chuté à… 100 vues. En recherche d’une alternative, il a découvert l’entreprise canadienne Rumble, sur laquelle il s’est inscrit. En trois semaines, bien que celle-ci soit inconnue du grand public, son nombre d’abonnés se chiffrait à 35.000, avant d’atteindre 400.000 au moment de l’élection de 2020. Après plusieurs années, sur YouTube, il avait stagné à 10.000… La preuve du « shadowbanning » opéré par les géants du numérique, juge-t-il. Même scénario avec Parler, un réseau social « éliminé » dans la foulée de la dernière présidentielle américaine suite aux mesures adoptées par une dizaine de grandes entreprises. C’est ce qui a motivé Donald Trump, banni de Twitter et en quête d’un lieu où il pourrait s’exprimer librement, à fonder Truth Social, mission pour laquelle il a commissionné Devin Nunes. Aujourd’hui, le candidat à la présidentielle détient plus d’abonnés qu’il n’en avait sur Twitter, devenu X. Et Truth Social poursuit sa croissance « malgré toutes les fake news propagées par les médias ».
La quatrième table ronde s’articule essentiellement autour d’un échange entre Solomon Yue, PDG de Republican Overseas, et Rodrigo Ballester, directeur du Centre d’études européennes, qui déplore le peu de cas accordé au sujet de l’immigration hormis dans les conférences organisées par les conservateurs. Né en Chine communiste, Solomon Yue a émigré aux États-Unis à l’âge de 20 ans : « Quand vous êtes un immigré qui a grandi sous un régime tyrannique, vous apprenez à apprécier l’État de droit. Sans lui, vous voyez le genre de persécutions politiques et de cancel culture qui se déroulent actuellement aux États-Unis en Occident ». Un danger d’autant plus accentué par l’afflux massif de clandestins, pour lesquels le droit n’est pas appliqué, créant ainsi les conditions de l’anarchie. Le président de Republican Overseas rappelle qu’on constate aussi bien en Europe qu’aux États-Unis l’argent de George Soros derrière ces mouvements migratoires « exploités pour détruire notre héritage, notre civilisation, notre culture ». Sa solution ? « Pour changer les choses, il faut élire Trump ».
Le représentant républicain de l’État de la Louisiane, Mike Johnson, devait être présent à la Worldwide Freedom Initiative à Paris. S’il n’a pu faire le déplacement, sa nouvelle position de président de la Chambre des représentants bouleversant son agenda, il a néanmoins préparé un discours par écrit pour l’occasion, dont la lecture a été confiée à James Gosart, Vice-Président de Republicans Overseas. « La liberté est menacée aux États-Unis et à travers la planète », que ce soit la liberté d’expression, de culte, de la presse, tient-il à alerter. Ce danger s’est matérialisé lors de la crise du Covid-19, pendant laquelle « les gouvernements tyranniques sont parvenus à retirer aux peuples leurs libertés individuelles au moyen de la peur et des déclarations d’état d’urgence ». Aussi, les « soi-disant démocraties libérales sont devenues progressivement illibérales ». Ce moment précis exige une action déterminée, car les conséquences de l’inaction seraient funestes. Pour défendre la liberté, Mike Johnson propose de se reposer sur les 7 principes « au cœur du conservatisme américain » : la liberté individuelle, un gouvernement limité, l’État de droit, la paix par la force, la responsabilité fiscale, le libre marché et la dignité humaine. Des principes qui ont fait des États-Unis la nation la plus libre, la plus puissante et la plus prospère de toute l’histoire, estime-t-il. Et de conclure : « Je vous implore tous de défendre la cause de la liberté : nous sommes le rempart face à l’autoritarisme. »
La fin de la journée s’approche. Il est l’heure de la dernière table ronde. Axée sur l’expansion du wokisme dans les différentes strates de la société, cet échange est, lui aussi, animé par Éric Morillot. Pour s’attaquer à ce sujet, Eric Zemmour est de retour. Rappelant ce qu’est le wokisme, la thèse selon laquelle les sociétés occidentales ont été bâties sur le racisme, le sexisme, ou encore l’islamophobie, le président de Reconquête en retrace l’origine : dans le déconstructionnisme, fruit de la pensée d’intellectuels français comme Jacques Derrida ou Gilles Deleuze. Exportée sur les campus américains, la French theory est revenue en boomerang dans l’Hexagone, reprise ensuite par médias et politiques. Pour lutter contre cette « machine à détruire l’intelligence occidentale », il « faut mener le combat culturel ». D’abord en appelant les partisans de cette idéologie « wokistes » : « Ils détestent être appelés ainsi car ils détestent être mis en lumière ». Ensuite par des actions militantes. L’homme de droite cite alors la création du groupe Parents Vigilants « qui dénonce ce qu’il voit » dans les manuels scolaires, les méthodes pédagogiques ou encore la propagande des associations pro-migrants et LGBT. « Voilà comment je pense que nous devons combattre. ».
Une autre personnalité de marque a été invitée pour prendre la parole sur la dérive woke : Nigel Farage. Il faut dire que l’artisan du Brexit en a fait les frais lorsque la banque britannique Coutts a clôturé ses comptes en raison d’une divergence de « valeurs ». « Le wokisme, c’est du marxisme », affirme d’entrée l’homme politique britannique : « Ils utilisent la race et le genre pour nous diviser de la même façon qu’ils ont utilisé la notion de classe en Russie pour faire tomber le tsar ». Aujourd’hui, de l’école à l’enseignement supérieur en passant par le secteur public, cette idéologie a infiltré tous les segments de la société : en se faisant bannir de son établissement bancaire, Nigel Farage indique avoir pris conscience de son expansion dans le secteur financier. La liste des chefs d’accusation retenus contre lui par la banque est éloquente, puisqu’elle souligne notamment son rôle dans la campagne référendaire pour le Brexit en 2016, ses déclarations sur le vaccin contre le Covid-19 ou encore ses objections contre les politiques climatiques. Cette année, en recherche d’une alternative, l’ancien dirigeant du Parti pour l’indépendance du Royaume-Uni (UKIP) s’est également vu refuser son dossier au sein de 10 établissements bancaires. Que faire ? Se rappeler que chaque citoyen détient du pouvoir par ses choix de consommation : cesser de financer les entreprises qui font de la politique peut, si tout un chacun adopte cette façon de procéder, les contraindre à redevenir « apolitique ».
Un petit pays d’Europe de l’Est reste néanmoins imperméable à l’infiltration wokiste : la Hongrie. Qu’est-ce qui explique l’engouement autour de cette nation de 10 millions d’habitants, sans grand poids géopolitique ? C’est la question à laquelle Balazs Orbán, directeur politique du Premier ministre Viktor Orbán, tente de répondre durant l’intervention suivante. Selon lui, la recette est simple : le chef de l’État se dédie corps et âme à la défense des intérêts de son peuple. En s’opposant à l’immigration illégale et à la propagande du genre, il est parvenu à recueillir l’assentiment populaire : « Si vous vous tournez vers les gens ordinaires, la majorité silencieuse vous soutiendra. Ils vous prouveront que vous avez raison », assure-t-il.
Retour sur la situation française. « Nous ne déclinons pas parce que les barbares nous attaquent ; les barbares nous attaquent parce que nous déclinons », écrivait Toynbee dans L’Histoire des civilisations. Le Dr Laurence Trochu, professeur et président du Mouvement conservateur français, entame sa prise de parole par cette citation pour souligner que le vide « attire nos adversaires » et qu’il est rempli par l’idéologie, à l’école devenue le « nouveau terrain de jeu de la lutte des classes ». La déconstruction de cette institution a été, selon elle, orchestrée depuis les années 80 sous la présidence socialiste de François Mitterrand. Peu à peu, la culture classique a été éradiquée des salles de cours au nom d’une logique égalitaire d’inspiration marxiste. « Un nouveau communisme » qui a conduit à la chute du niveau scolaire.
Depuis les États-Unis, Quisha King, ancienne porte-parole de Moms 4 Liberty et animatrice de talk-show, revient, elle aussi, sur l’infiltration des concepts woke au sein de l’école, particulièrement via l’enseignement de la théorie critique de la race. « Un agenda radical voulant pousser les enfants à se juger mutuellement sur la base de leur couleur de peau ». Il faut empêcher sa mise en œuvre, car « si nous ne faisons rien, la prochaine génération promouvra le communiste aux US et à travers le monde ». Pour agir, elle préconise l’éveil des consciences : « Aider les gens à comprendre ce qu’il est en train de se passer, ce qui les pousse à s’impliquer et à lutter. » Ainsi s’achève la dernière table ronde.
La Worldwide Freedom Initiative a fait d’elle l’une de ses têtes d’affiche. Gouverneure de l’État du Dakota du Sud depuis 2018, pressentie pour être la Vice-Présidente de Donald Trump en cas de victoire à la présidentielle de 2024, Kristi Noem se rend au pupitre pour prononcer le discours de clôture. « La force de la cité ne réside ni dans ses remparts, ni dans ses vaisseaux, mais dans le caractère de ses citoyens », estimait Thucydide, historien et homme politique grec. C’est en substance le message par lequel la femme d’État a souhaité commencer sa prise de parole : l’importance de l’éducation. Les parents ne doivent pas tout faire pour leurs enfants, ils doivent les responsabiliser, les amener à se dépasser. « Défendre les libertés dans le monde d’aujourd’hui sera une tâche difficile » et « nous aurons besoin d’une génération » à la hauteur de l’enjeu. Intronisée gouverneure, Kristi Noem rappelle les deux promesses qui ont été les siennes à son élection : faire respecter la Constitution du Dakota du Sud et faire respecter la Constitution des États-Unis d’Amérique. Le fondement à partir duquel découlera toutes ses décisions, y compris durant la crise du Covid-19. Son État fut le seul à n’appliquer aucune mesure sanitaire : « Nous sommes le seul État à ne jamais avoir fermé une seule entreprise, à ne jamais avoir imposé quoi que ce soit, à ne jamais avoir dicté aux gens ce qu’ils devaient faire. Je me suis levée devant mon peuple et leur ai dit que nous allions assumer nos responsabilités individuelles ». C’est pourquoi « je n’ai jamais défini ce qu’était un commerce essentiel, car il n’est pas de l’autorité d’un gouverneur de déterminer qu’une entreprise est non-essentielle ». S’en tenir à ses principes ne fut pas sans difficultés à l’heure où les grands journaux nationaux et mondiaux « vous faisaient passer pour quelqu’un d’irrationnel et d’insensible ». À ses yeux, la peur a été exploitée dans l’objectif « de contrôler les peuples et remodeler fondamentalement notre pays, notre société, notre monde ». « Quand le gouvernement a annoncé qu’il n’était plus possible de se réunir, les gens ont renoncé à leur liberté d’association. Quand le gouvernement leur a annoncé qu’ils ne pouvaient plus se rendre à l’église, les gens ont renoncé à leur liberté de culte. Quand le gouvernement a décidé que certaines entités pouvaient dicter ce qu’il était possible de dire et de ne pas dire sur certaines plateformes, les gens ont renoncé à leur liberté d’expression. » Et de marteler : « Nous avons aujourd’hui besoin de défenseurs de la liberté ». Avant de poursuivre sur son bilan de gouverneure. Une croissance démographique 10 fois supérieure à la moyenne nationale. Une économie en plein développement grâce à l’absence d’impôt sur le revenu et de taxe foncière : il n’existe qu’une TVA de 4,2%. Un développement de l’immobilier à vive allure. Un revenu des ménages dont la « hausse est plus forte que partout ailleurs » avec un taux de chômage de seulement 1,8%. Comment explique-t-elle ces résultats ? « Ce que nous avons fait dans notre État, c’est l’application des principes dans lesquels croient les conservateurs. Nous l’avons fait et nous avons prouvé que cela fonctionnait. » L’occasion pour la femme d’État de souligner que le Dakota du Sud est le seul État où le taux de suicide enregistre une forte baisse et où les statistiques sur la santé mentale sont très satisfaisantes. C’est pourquoi elle enjoint les politiques à ne pas se contenter de parler des principes conservateurs, mais à les mettre en œuvre. Et de conclure : « Quel que soit votre rôle [dans la société], vous souhaiteriez peut-être ne pas être constamment la personne qui entre en conflit et qui doit faire preuve de vaillance. Mais sachez simplement que votre lumière et votre exemple font une différence monumentale. Vous êtes les leaders de demain ».
Pour conclure cette Initiative mondiale pour la liberté, quelques remarques de fin par Randy Yaloz : « Comme vient de le dire Kristi Noem, nous devons être des exemples de courage. Le fait que vous soyez ici présents aujourd’hui est déjà un signe de courage. La présence de ces leaders rassemblés en ce lieu est également un signe d’espoir : demain sera meilleur ».
La conférence terminée, Randy Yaloz, à notre micro, tire un bilan très positif de cette journée : « On a fait quelque chose que personne n’a osé faire. Le chemin de la liberté est un chemin long, difficile. On doit le faire ensemble. » Il l’assure : « On espère le refaire l’année prochaine ».
La Worldwide Freedom Initiative, première pierre d’un édifice visant à fédérer durablement les droites par-delà les frontières, remportera-t-elle son pari ? L’avenir le dira et Epoch Times vous en informera.
?️Randy Yaloz, président de Republican Overseas, dressait hier soir à notre micro un premier bilan de la #WFI2023 : "Le chemin de la liberté est un chemin long, difficile. On doit le faire ensemble. […] On espère refaire [la WFI] l'année prochaine".
????@WFI2023 ?️@E_Fauchaire pic.twitter.com/mfWjGJGLZ3
— Epoch Times France (@EpochTimesFR) November 11, 2023
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.