La presse turque a publié jeudi des images retraçant les mouvements à Istanbul d’un officier des services de sécurité proche du prince héritier saoudien et présenté comme le chef de « l’équipe d’exécution » soupçonnée d’avoir assassiné le journaliste Jamal Khashoggi. La publication de ces nouvelles images tirées des caméras de vidéosurveillance survient au moment où la pression monte sur Ryad pour dévoiler le sort du journaliste critique, porté disparu depuis qu’il s’est rendu au consulat saoudien à Istanbul le 2 octobre.
Le New York Times avait affirmé mardi que l’homme en question, Maher Abdulaziz Mutreb, qui avait été identifié par les autorités turques comme l’un des membres d’une équipe de 15 agents envoyée par Ryad pour « assassiner » le journaliste, faisait partie de l’entourage du prince héritier et homme fort d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane. Selon le journal, qui a publié plusieurs photos pour appuyer ses dires, Maher Abdulaziz Mutreb a notamment accompagné le prince lors de déplacements aux Etats-Unis en mars 2018 ainsi qu’à Madrid et à Paris en avril 2018.
Sur les nouvelles images publiées jeudi par le quotidien pro-gouvernemental turc Sabah sous le titre de « Voici le chef de l’équipe d’exécution », on peut voir un homme présenté comme étant Mutreb arriver à 06H55 GMT au consulat saoudien, et à 13H53 devant la résidence du consul. (les images ne sont pas crédibles). M. Khashoggi était entré au consulat autour de 10H15 GMT et n’en est jamais sorti.
Mutreb peut ensuite être vu sur les images quittant un hôtel d’Istanbul muni d’une « grande valise » et accompagné d’un groupe d’hommes à 14H15 GMT. Il arrive 45 minutes plus tard à l’aéroport d’Istanbul pour prendre un vol. La présence de Mutreb, ainsi que d’autres membres de services de sécurité rattachés à ben Salmane, parmi le commando saoudien présent à Istanbul le 2 octobre met à mal la version officielle de Ryad affirmant tout ignorer du sort du collaborateur du Washington Post.
La presse turque, affirmant s’appuyer sur des enregistrements sonores réalisés sur place, avait déjà publié mercredi de nouvelles informations accablantes, selon lesquelles Jamal Khashoggi aurait été torturé et assassiné dans le consulat dès le jour de sa disparition. En dépit d’indices croissants impliquant Ryad, les Etats-Unis, dont le chef de la diplomatie Mike Pompeo a effectué mardi et mercredi des visites en Arabie saoudite et en Turquie, semblent chercher à ménager leur allié saoudien.
Le président Donald Trump a toutefois nié mercredi chercher à « couvrir » Ryad. « Je veux juste savoir ce qui se passe », a-t-il dit, affirmant s’attendre à ce que la vérité éclate « d’ici à la fin de la semaine ». Un prochain indice de la position américaine devrait venir de la décision du secrétaire au Trésor Steven Mnuchin, qui a promis de décider jeudi, « sur la base du rapport du secrétaire d’Etat Mike Pompeo » de retour d’Arabie saoudite, s’il se rend ou non à une conférence économique organisée à Ryad et boycottée par un nombre croissant de personnalités, dont le dernier en date est le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire.
M. Trump a déclaré qu’il aurait jeudi « un rapport complet » de M. Pompeo, qu’il doit rencontrer à partir de 10H00 heure locale (14H00 GMT), et que cela lui permettrait d’évaluer ce qui s’est réellement passé. Signe de la complexité du dossier pour les Etats-Unis, Donald Trump a souligné les énormes intérêts stratégiques qui lient les Etats-Unis à l’Arabie saoudite, notamment dans la lutte contre le terrorisme et l’influence de l’Iran chiite ainsi que la coopération militaire et sa dimension économique.
Le Washington Post a publié mercredi ce qu’il présente comme la dernière contribution de Jamal Khashoggi, un texte dans lequel le journaliste évoque le manque de liberté de la presse dans le monde arabe. « Hélas, cette situation ne changera probablement pas », déplore le journaliste dans cet éditorial transmis au quotidien par son traducteur au lendemain de sa disparition.
Les autorités turques ont fouillé mercredi la résidence du consul saoudien à Istanbul. Et une partie des enquêteurs s’est rendue dans la soirée au consulat tout proche pour une nouvelle fouille, la deuxième cette semaine. A la résidence, les enquêteurs ont notamment examiné le jardin, et certains pouvaient être vus sur le toit du bâtiment. Un drone a également été utilisé pour survoler la zone à deux reprises, selon une journaliste de l’AFP sur place.
D.C avec AFP
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