Un réseau qui s’était lui-même baptisé « Air Colis » et proposait ses services pour effectuer à l’aide de drones des livraisons dans différentes prisons de l’ouest de la France a été démantelé près de Nantes, a annoncé vendredi le parquet.
Quatre hommes âgés de 21 à 26 ans, résidant à La Baule (Loire-Atlantique), ont été mis en examen pour survol de zone interdite, introduction irrégulière d’objets à détenus et trafic de stupéfiants, a indiqué lors d’une conférence de presse le procureur de la République de Nantes, Renaud Gaudeul.
Ils sont soupçonnés d’être au cœur d’un système de livraison particulièrement sophistiqué qui se faisait connaître sous le nom d’« Air Colis » sur le réseau Snapchat et était actif dans les centres pénitentiaires de Nantes, Lorient, Le Havre et Poitiers.
400 euros les 500 grammes
Selon le parquet, les malfaiteurs passaient par les proches des détenus pour récupérer la marchandise à livrer (stupéfiants et téléphones portables). Ils se faisaient rémunérer la livraison à hauteur de 400 euros les 500 grammes, la charge maximale pour leurs drones, de simples modèles du commerce d’une valeur de 500 euros.
Agissant en pleine nuit, ils avaient équipé les engins d’une pince permettant de larguer une chaussette contenant la marchandise, suspendue par du fil de pêche, au plus près des fenêtres des détenus. Les destinataires du colis guidaient le pilote du drone avec des codes lumineux. Les quatre mis en cause avaient établi une base logistique dans un hangar de Pornichet (Loire-Atlantique) et auraient procédé à plus d’une cinquantaine de livraisons depuis le mois de mai.
« Un aéroscope qui permet de détecter les fréquences des moteurs des drones »
Ces livraisons clandestines avaient été signalées en mai dernier par l’administration pénitentiaire. Des fouilles à la maison d’arrêt de Carquefou, près de Nantes, avaient mis au jour 36 téléphones portables et 1,6 kg de stupéfiants, principalement du cannabis. Saisis de l’enquête, les gendarmes ont notamment utilisé « un aéroscope qui permet de détecter les fréquences des moteurs des drones », a expliqué Cécilia Agez, commandante de la compagnie de gendarmerie de Nantes.
Trois suspects, des frères d’origine toulousaine connus de la justice, ont été interpellés le 26 septembre dernier dans un champ voisin de la maison d’arrêt de Carquefou, à 4h00 du matin, en pleine livraison. Un quatrième a été interpellé un peu plus tard à son domicile. Ils encourent 10 ans de prison pour deux d’entre eux, une peine maximale doublée pour les deux autres, en raison d’une récidive pour le trafic de stupéfiants. Les détenus commanditaires et leurs proches encourent également des poursuites.
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