Le journaliste Taha Bouhafs a été condamné jeudi en appel à Paris à 1.000 euros d’amende avec sursis pour injure publique à caractère raciste après avoir qualifié la syndicaliste policière Linda Kebbab d’« arabe de service » dans un tweet ensuite effacé.
La cour d’appel a confirmé le jugement du tribunal correctionnel qui avait reconnu coupable Taha Bouhafs en septembre 2021 du délit d’injure publique à raison de l’origine.
Elle l’a toutefois infirmé sur la peine et a condamné M. Bouhafs à une amende de 1.000 euros avec sursis, contre 1.500 euros en première instance.
Un tweet « provoquant »
En juin 2020, au lendemain d’une manifestation contre les violences policières organisée par des proches d’Adama Traoré, jeune homme noir mort en 2016 après son interpellation par des gendarmes, Linda Kebbab, déléguée nationale du syndicat de police Unité SGP-FO, est invitée sur franceinfo.
Elle affirme alors que, tout en comprenant « la colère et la souffrance » de la famille d’Adama Traoré, son décès n’avait « absolument rien à voir » avec celui de George Floyd aux Etats-Unis, mort étouffé après son interpellation.
Sur son compte Twitter à l’époque suivi par 80.000 personnes, Taha Bouhafs commente ces déclarations, en détournant l’acronyme ADS (adjoint de sécurité) et en qualifiant la syndicaliste policière d’« ADS: Arabe de service ». Un tweet supprimé quelques minutes plus tard car « provoquant », avait-il expliqué.
Linda Kebbab réagit à la condamnation
Dans sa décision consultée par l’AFP, la cour d’appel a estimé que les propos étaient « outrageants » et avaient « également un caractère raciste puisqu’ils réduisent l’intéressée à son origine arabe, qui lui interdirait de défendre certaines idées sous peine d’être automatiquement présentée comme un alibi de son syndicat ou de l’institution policière ».
« Cette condamnation démontre que nul milieu n’est exempté de comportements racistes et discriminatoires », a réagi dans un communiqué Linda Kebbab.
L’avocat de Taha Bouhafs, Me Arié Alimi, a annoncé qu’il allait former un pourvoi en cassation contre cette décision.
Taha Bouhafs est en outre condamné, comme en première instance, à payer 2.000 euros de dommages et intérêts à Linda Kebbab, et un euro à la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), également partie civile.
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