L’argent de Cyréna Samba-Mayela, des médailles en chocolat et des places de finalistes qui se comptent sur les doigts des mains: le bilan de l’athlétisme français aux JO est « décevant », de l’aveu même de la Fédération, mais pas surprenant vu le marasme des cinq dernières années.
Comme à Tokyo en 2021 avec la 2e place de Kevin Mayer au décathlon, la France quitte les Jeux et son Stade de France avec une seule médaille d’argent, décrochée par Samba-Mayela sur 100 m haies samedi soir.
« On a cette sublime médaille d’argent, je pense que c’est vraiment dans cette dynamique-là qu’on doit s’engouffrer », a tenté de positiver samedi soir Romain Barras, directeur de la haute performance de la FFA, avant d’admettre que le « niveau mondial » était « un peu haut ».
Si Samba-Mayela a tenu son rang, elle est plutôt l’exception qui confirme la règle inébranlable depuis cinq ans concernant l’athlétisme français: le manque de résultats à l’international.
Samba-Mayela l’exception qui confirme la règle
On le savait, les chances de médailles étaient rares à Paris, malgré l’éclaircie entrevue aux Championnats d’Europe à Rome en juin. Mais au-delà des podiums, peu d’athlètes ont montré leur meilleur niveau, certains expliquant n’avoir pas su gérer le bruyant public, réduisant à néant le « home advantage ».
Pêle-mêle, Thibaut Collet, qui pouvait légitimement croire au podium à la perche, a été éliminé dès les qualifications tandis que Sasha Zhoya, l’avenir des haies françaises, est sorti dès les demies du 110 m haies.
Autres chances de médailles, Alice Finot sur 3000 m steeple (4e) a battu le record d’Europe mais la concurrence mondiale était trop forte. Champion d’Europe sur 800 m, Gabriel Tual a tout tenté en finale, sans que cela suffise (6e).
Rare belle surprise de ces JO: la 4e place de Clément Ducos sur 400 m haies. Inconnu avant ces Jeux, il est allé titiller les intouchables Karsten Warholm, Rai Benjamin et Alison Dos Santos.
VICE-CHAMPIONNE OLYMPIQUE 🥈
C’EST FOU ! LA PREMIÈRE MÉDAILLE EN ATHLÉTISME EST POUR CYRÉNA SAMBA-MAYELA ✨#AllezLesBleus #Paris2024 pic.twitter.com/JLFb9QHRz1
— Equipe France (@EquipeFRA) August 10, 2024
Une médaille, trois 4e places, deux 5e places et cinq records de France
Au total donc : une médaille, trois 4e places (Finot, Ducos, 4×100 m femmes), deux 5e places (Lamote, 4×400 m femmes) et cinq records de France (Finot, Agathe Guillemot sur 1500 m, Jimmy Gressier sur 10.000 m, 4×400 m mixte et 4×400 m femmes).
« Un bilan décevant, a souligné Romain Barras. On avait des athlètes qui étaient capables d’aller chercher des médailles, ça se jouait souvent entre la 3e place et la 5/6e place, ça n’a jamais basculé sur la médaille malheureusement », louant toutefois une équipe « dynamique ».
Une nouvelle prise de parole dans la lignée des dernières années, sans remise en question du travail fédéral, alors que parmi les satisfactions, Samba-Mayela, Finot et Ducos s’entraînent à l’étranger.
Il y a trois ans, après Tokyo, le président André Giraud évoquait déjà un « manque de réussite ». « Il y a une relève qui se prépare », disait-il alors. « J’ai une liste d’une vingtaine d’athlètes qui sont de vrais potentiels pour 2024. »
Depuis 2017, la France ne compte qu’un seul titre international (JO, Mondiaux) en plein air, celui de Kevin Mayer, forfait à Paris, aux Mondiaux-2022.
Après le naufrage des Mondiaux de Doha en 2019, entre bilan famélique (2 médailles, aucune en or), affaire de dopage et luttes de pouvoir internes, la FFA avait changé les têtes au sommet du haut niveau, en vain.
« On ne va pas créer de façon spontanée une génération », avait concédé en 2022 Barras pour ses débuts. « On construit et on espère que ça portera ses fruits. Peut-être que ça sera pour 2028 ou 2032, et tant mieux ! Le but, ce n’est pas simplement de raisonner pour Paris-2024 », prévenait-il déjà.
Barras a même dû se fâcher en cours de compétition, déplorant dans un message aux athlètes des « comportements inadaptés », trop légers face à l’enjeu des JO à la maison. Il a salué samedi la bonne tenue des siens sur la fin du programme.
En place depuis 2016 et deux mandats à la tête de la FFA, André Giraud passera la main après les élections de fin d’année. Le chantier s’annonce de taille pour la nouvelle équipe.
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