Du « dégoût » de certains socialistes aux accusations d’antisémitisme « masqué » d’Élisabeth Borne, La France insoumise (LFI) était sévèrement critiquée dimanche pour ses prises de position sur les attaques du Hamas contre Israël.
Depuis Bordeaux, où elle assistait au campus de rentrée du parti présidentiel Renaissance, la Première ministre n’a guère pris de gants pour dénoncer les « ambiguïtés révoltantes » du parti de Jean-Luc Mélenchon qui a mis en balance les actes du Hamas et la politique du gouvernement israëlien. Selon la cheffe du gouvernement, l’« antisionisme » de LFI est « aussi une façon de masquer de l’antisémitisme ». Ses propos ont mis en fureur les dirigeants insoumis. Ils sont « ignobles », a répondu le coordinateur de LFI, Manuel Bompard.
Nous refusons toute connivence avec les extrêmes.
Les deux extrêmes ont cela en commun : ils soufflent sur les braises de la violence, attisent les peurs et la défiance.
Notre responsabilité, celle du bloc central, c’est de défendre la République, de défendre nos valeurs !
— Élisabeth BORNE (@Elisabeth_Borne) October 8, 2023
« J’ai exprimé la position constante de notre pays depuis De Gaulle », s’est indigné Jean-Luc Mélenchon. « L’approbation du massacre en cours déshonore Mme Borne. La France ne parle pas comme ça ! », a-t-il ajouté dans une référence apparente aux opérations de représailles israéliennes, avant d’accuser la Première ministre de « ralliement » à « un point de vue étranger ».
« La question » de rester dans l’alliance avec la Nupes « se pose »
Cette controverse sur le Proche-Orient ouvre également un nouveau front dans la crise sans fin que traverse l’alliance des partis de gauche, la Nouvelle union populaire écologique et sociale (Nupes). Divisée pour les Européennes de juin 2024, elle ambitionne pourtant de présenter un candidat commun à l’élection présidentielle de 2027.
Toute prise de position qui, dans l’immédiat, ne condamne pas « avec clarté » le Hamas palestinien « me dégoûte », a ainsi asséné le député socialiste Jérôme Guedj. Pour lui, le parallélisme établi par LFI entre le mouvement islamiste et la politique israélienne n’est pas acceptable. À tel point que pour ce fervent partisan de la Nupes, « la question » de rester dans l’alliance « se pose » désormais. « L’offensive armée de forces palestiniennes menée par le Hamas intervient dans un contexte d’intensification de la politique d’occupation israélienne à Gaza, en Cisjordanie et à Jérusalem Est », avait affirmé LFI samedi, se gardant bien d’employer le mot de « terrorisme ».
Et plusieurs députés insoumis sont allés encore au-delà, tel Louis Boyard qui a accusé le gouvernement français d’avoir fermé les yeux sur « la colonisation et les exactions en Palestine ». Le vocabulaire employé par LFI passe mal auprès de ses partenaires. « Que certains à gauche parlent du Hamas comme ‘‘des forces armées palestiniennes’’ me dégoûte. Le Hamas est une organisation terroriste », a répliqué dimanche la députée socialiste Valérie Rabault.
La violence des mots en dit long sur la difficultés de la gauche à s’entendre sur l’un des dossiers les plus chauds de la diplomatie, domaine réservé du président de la République. Sur l’Ukraine aussi, LFI se voit régulièrement reprocher son faible soutien à Kiev, son opposition vis-à-vis de l’Otan, et des déclarations passées de Jean-Luc Mélenchon jugées complaisantes avec la Russie.
Divergences à l’intérieur de LFI
Dans ce contexte, la prise de position sur Israël du député insoumis de la Somme François Ruffin n’est pas passée inaperçue : celui qui est vu comme un candidat potentiel en 2027 s’est distingué au sein de son parti en exprimant sa « condamnation totale de l’attaque du Hamas », tout en s’inquiétant que la réponse soit « dans les mains du gouvernement israélien le plus brutal depuis trente ans ». Israël, qui déplore des centaines de morts et des dizaines de personnes détenues, a commencé à riposter à l’opération du Hamas en bombardant Gaza où il y a plus de 300 morts, selon les autorités locales.
Rien ne saurait justifier l’attaque terroriste du Hamas contre des victimes civiles.
Mes pensées vont aux victimes et à leurs familles. pic.twitter.com/nTMskLCUVe
— Fabien Roussel (@Fabien_Roussel) October 8, 2023
La réaction de François Ruffin a été soutenue sur la plateforme X par un autre député LFI, Alexis Corbière, qui comme lui n’appartient pas au cercle rapproché de Jean-Luc Mélenchon. Une position proche de celle des écologistes et des communistes : « L’urgence, c’est d’abord de condamner l’agression, l’acte terroriste », a dit Fabien Roussel, le secrétaire national du PCF, sur France 3.
Plainte de l’UEJF contre le NPA pour apologie du terrorisme
À gauche de LFI, une autre polémique a éclaté concernant la prise de position du Nouveau parti anticapitaliste (NPA). « Nous sommes tous et toutes Palestiniennes », a proclamé le parti de Philippe Poutou et Olivier Besancenot en affirmant sans ambigüité son soutien à la « résistance palestinienne ». L’Union des étudiants juifs de France (UEJF) a annoncé son intention de déposer une plainte pour apologie du terrorisme, inquiète de l’impact du NPA dans les universités françaises.
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