Longtemps attendus, les premiers taxis volants électriques commencent à quitter les centres de recherche pour arriver sur les tarmacs, à l’image de celui de Volocopter, qui devrait prendre du service officiellement pour les Jeux olympiques de Paris, l’an prochain.
Au-dessus des pistes de l’aéroport du Bourget, en région parisienne, le « Volocity » du constructeur aéronautique allemand atterrit en douceur, après une démonstration d’une quinzaine de minutes pour la 54e édition du Salon international de l’aéronautique et de l’espace.
L’appareil à deux places – un pilote et un passager – alimenté par batteries électriques, ne fait quasiment pas de bruit, contrastant avec les avions de chasse qui se succèdent dans le ciel. À bord, Paul Stone, Britannique de 56 ans, est aux commandes : une conduite relativement « simple », selon l’ancien de la Royal Navy, qui pilotait auparavant des avions de chasse puis des hélicoptères.
Un vol de démonstration du taxi volant de la société Volocopter, qui sera utilisé lors des Jeux olympiques de 2024, a eu lieu au Salon international de l’aéronautique et de l’espace (SIAE) au Bourget pic.twitter.com/kDPAYcVOrI
— Bops (@BeaupinEric) June 19, 2023
Avec cet eVTOL (l’acronyme anglais pour aéronef électrique à décollage et atterrissage verticaux), « les pilotes d’hélicoptère vont devoir désapprendre des compétences pointues », dit-il. Car dans l’avion blanc, qui rappelle un hélicoptère, « il y a une différence importante : un système numérique de contrôle du vol », rendant la navigation beaucoup plus aisée. « C’est très excitant de tester cela : cela permet d’appliquer ses compétences, issues des avions existants, pour ce nouveau monde », souligne Paul Stone.
Volocopter se prépare pour les Jeux olympiques de Paris, et teste pour cela en région parisienne, depuis plus d’un an et demi, ses engins avec le gestionnaire d’aéroports Groupe Aéroports de Paris (ADP), la Régie autonome des transports parisiens (RATP) et la région Île-de-France.
Un aboutissement qui arrive après quelque 600 millions de dollars d’investissements. « Ça n’est pas un marché aisé », reconnaît le directeur commercial et financier de Volocopter, Christian Bauer, qui évoque un ticket d’entrée élevé alors que le marché n’existe pas encore. « C’est un défi, mais nous sommes très proches de la phase commerciale. »
300 pré-commandes
À l’horizon, l’entreprise va vendre ses appareils mais aussi gérer les trajets, avec une application qui permettra de réserver en ligne, comme pour un taxi. Elle a déjà reçu 300 pré-commandes de compagnies privées pour exploiter conjointement ses taxis volants.
Prendra-t-on à l’avenir un eVTOL aussi facilement qu’un VTC ? Le salon du Bourget leur consacre en tout cas pour la première fois un espace entier, où se concentrent des appareils ultra design. Car les investissements affluent. Selon une étude récente du cabinet d’études Deloitte, les eVTOL ont attiré 6 milliards d’euros d’investissements à l’échelle mondiale en 2021, 2,7 milliards d’euros en 2022. « Il y a quatre ans, cela restait un secteur encore très exploratoire. Le marché s’est un peu consolidé, on a aujourd’hui de véritables prototypes, cela devient une réalité », analyse Jean-Louis Rassineux, responsable aéronautique et défense pour Deloitte.
L’engouement est là, et les commandes suivent. L’eVTOL Atea de la start-up française Ascendance Flight Technologies a ainsi annoncé lundi 110 nouvelles intentions d’achats, soit 505 en tout. De son côté, l’entreprise américaine Archer a déjà reçu des précommandes pour 100 eVTOL par United Airlines, pour plus d’un milliard de dollars.
Tarif similaire à celui d’un VTC
Le Midnight, son eVTOL ultra design, peut emporter quatre passagers en plus de son pilote. « Nous pouvons amener de l’aéroport au centre des métropoles pour un coût similaire à celui d’un VTC, et remplacer un trajet de 90 minutes en voiture par un trajet de cinq minutes », affirme à l’AFP le fondateur et patron d’Archer, Adam Goldstein.
Le fait d’utiliser de l’électrique permet un coût de maintenance beaucoup plus faible qu’avec les hélicoptères, estime-t-il, rejetant l’idée d’avions réservés aux plus riches, une critique souvent adressée à ces avions nouvelle génération. « Vous pouvez partager le coût sur une base d’usagers beaucoup plus large, en faisant voler les avions beaucoup plus », affirme-t-il.
Attirés par ce nouveau marché potentiel, les avionneurs établis ne veulent pas manquer le coche : ainsi, l’américain Boeing a investi massivement dans la start-up américaine Wisk Aero, qui a mis au point un eVTOL sans pilote, présenté au Bourget. « Nous n’avons pas de plan B pour avoir un pilote optionnel. Nous sommes absolument déterminés à faire certifier le premier avion autonome », martèle Brian Yutko, le dirigeant de Wisk, qui ne donne pas de calendrier précis. Mais garde en tête les JO… de Los Angeles, en 2028.
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