Le béluga, repéré mardi dans la Seine, est entré dans une écluse vendredi soir, à 70 km de Paris, une situation qui représente un « risque de stress supplémentaire » pour ce cétacé, qui refuse de se nourrir.
L’écluse dans laquelle est rentré le béluga, une espèce protégée de cétacé vivant habituellement dans les eaux froides, est désormais fermée et interdite à la navigation jusqu’à nouvel ordre, selon la préfecture de l’Eure.
Mais cette situation peut également représenter « un risque de stress supplémentaire que l’on ne veut pas prendre », a prévenu la présidente de l’ONG Sea Shepherd, Lamya Essemlali.
BÉLUGA DANS LA SEINE
Nous sommes avec lui actuellement, l’animal est extrêmement amaigri. L’urgence absolue est de tenter de le nourrir, ce que nous allons faire aujourd’hui. La réussite de l’opération dépendra de sa réaction.
Sea Shepherd France. pic.twitter.com/vZc3xBcH4n
— Adea Claude (@AdeaClaude) August 5, 2022
« Agir vite »
Elle a déploré que « les tentatives de nourrissage dans le fleuve n’ont pour l’instant pas intéressé le béluga » mais qu’il reste un espoir que « ce soit différent dans l’écluse ».
« On aimerait bien qu’il mange, mais s’il ne réagit pas positivement ça va devenir compliqué », a-t-elle poursuivi au sujet de l’animal, désormais isolé dans l’écluse de Notre-Dame de la Garenne près de Vernon, à 70 km au nord-ouest de la capitale.
Elle s’est montrée pessimiste sur les suites possibles si l’animal ne se nourrit pas : « les vétérinaires spécialisés dans les bélugas nous disent qu’il faut agir vite, son état de maigreur étant très avancé, et le sortir de l’eau pour lui prodiguer des soins s’annonce très difficile ».
Un sauvetage qui s’annonce compliqué
Gérard Mauger, vice-président du Groupe d’Étude des Cétacés du Cotentin (GEEC) a continué d’observer le béluga vendredi. « Il a le même comportement qu’hier, très fuyant. Il fait de très courtes apparitions en surface, suivies de longues apnées », a indiqué M. Mauger.
En s’approchant à une cinquantaine de mètres, « on a fait des enregistrements acoustiques, avec nos moteurs coupés, mais il n’a pas fait d’émissions sonores », a-t-il regretté.
Quatre embarcations étaient vendredi sur zone, selon M. Mauger, celle du Sdis (Service Départemental d’Incendie et de Secours), de l’OFB (Office français de la biodiversité), de Sea Shepherd et de la SNSM (Société nationale de sauvetage en mer).
Mort de l’orque en mai
Début juillet, Sea Shepherd avait annoncé avoir observé dans l’estuaire du Havre un cétacé présenté comme un rorqual.
En mai, c’est une orque qui s’était retrouvée en difficulté dans la Seine entre Rouen et Le Havre. Les opérations pour tenter de sauver le cétacé avaient échoué et l’animal était finalement mort de faim.
La nécropsie -un examen post-mortem réalisé sur un animal- avait confirmé la « mauvaise condition physique » de l’orque, une femelle « immature » de plus de quatre mètres et de 1100 kg. Elle avait permis de découvrir une balle logée à la base du crâne du mammifère.
« Aucune certitude » n’avait pu être établie sur le lien entre la munition et la mort de l’orque, les experts privilégiant « l’hypothèse selon laquelle l’animal est mort d’inanition ».
Ce triste dénouement, « c’est ce que l’on souhaite éviter avec le béluga. Pour nous, il faut faire un test ADN rapidement pour connaître son origine et effectuer un rapatriement », a souligné Mme Essemlali.
« Urgence » de le nourrir
« L’urgence est déjà de le nourrir avec des poissons morts, des harengs congelés probablement, pour éviter qu’il ne s’épuise car le milieu n’est pas très accueillant pour lui », a estimé Mme Essemlali.
Selon l’observatoire Pelagis, spécialiste des mammifères marins, il s’agit du second béluga connu en France après qu’un pêcheur de l’estuaire de la Loire en avait remonté un dans ses filets en 1948.
En 1966, un autre individu avait remonté le Rhin jusqu’en Allemagne et en 2018, un béluga avait été observé dans l’estuaire de la Tamise en Angleterre, rappelle Pelagis.
« Ces cas d’errance restent inhabituels et inexpliqués, avec probablement des raisons multiples comme l’état de santé, l’âge (les subadultes se dispersant plus facilement), l’isolement social, les conditions environnementales, etc », poursuit l’observatoire.
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