« Dieu sait ce qui va se passer » : inquiétude et exaspération prédominaient à Dundalk, ville irlandaise proche de l’Irlande du Nord, après le rejet de l’accord de Brexit et la perspective d’un retour d’une frontière physique entre les deux pays.
Située sur la côte nord-est irlandaise, au bord de la mer d’Irlande, Dundalk est une grosse bourgade d’une trentaine de milliers d’habitants connue pour sa cathédrale, son dolmen et son château normand du XIIIe siècle. Pour l’anecdote, c’est aussi le lieu où s’est formé The Corrs, un des groupes irlandais les plus connus de ces trente dernières années.
Proximité avec la frontière oblige, l’économie de la ville dépend fortement des échanges avec la province britannique d’Irlande du Nord, dont la fluidité risquerait d’être fortement compromise en cas de Brexit sans accord. Dans un tel scénario, les relations économiques entre les deux pays entreraient sous la tutelle des règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), avec la mise en place de nombreux contrôles douaniers et réglementaires.
« Il va y avoir une frontière physique, c’est sûr », craint Maria Cartwright, 50 ans, une habitante de la région interrogée par l’AFP. « Cela affectera nécessairement l’économie locale et le commerce transfrontalier nord-sud », renchérit Willie McKeever, un autre résident. « Nous ne voulons pas d’une frontière infranchissable. Nous ne voulons pas qu’il y ait des postes de contrôle », ajoute-t-il.
Un retour d’une frontière physique entre l’Irlande et l’Irlande du Nord rappellerait en outre aux habitants les heures sombres des Troubles, ce conflit entre républicains nationalistes et loyalistes unionistes qui avait ensanglanté la province britannique pendant trois décennies et auquel avait mis fin en 1998 l’accord du Vendredi Saint, entre autre en supprimant les postes de contrôles militaires à la frontière.
« Cette ville a beaucoup souffert des attentats à la bombe, … des gens sont morts », se souvient Jan Van Dessel, une résidente âgée de la ville. « C’était un cauchemar absolu », se rappelle également Maria Cartwright, déplorant que les communautés frontalières irlandaises soient ainsi « aspirées » par la tempête politique au Royaume-Uni.
La faute aux Brexiters pour Willie McKeever, et notamment aux ultra-conservateurs du DUP, le parti unioniste nord-irlandais, qui ont voté contre l’accord pour empêcher le « filet de sécurité », une disposition controversée du texte prévoyant en dernier recours un statut particulier pour l’Irlande du Nord. « Les unionistes ne laisseront pas (la Première ministre britannique Theresa May) faire ce qu’elle veut, c’est aussi simple que ça », lâche-t-il.
Ondrej Marecek, résident de Dundalk originaire de République tchèque, s’emporte lui contre ce Parlement britannique qui « nous a laissés tomber ». Et s’interroge aussi sur la pertinence de la position européenne dans les négociations qui ont abouti à l’accord rejeté par les députés britanniques : « Il y a eu (17) mois pendant lesquels l’Union européenne a essayé de résoudre le Brexit mais au bout du compte, elle n’a rien résolu ».
« Dieu sait ce qui va se passer maintenant », s’interroge de son côté Gavin McCann, barman au pub The Vinegar Man, en remplissant des pintes de bières. Les commentaires sont tout aussi pessimistes à Dublin, la capitale Irlandaise, où le gouvernement a annoncé l’intensification des préparatifs en vue d’un Brexit sans accord.
« L’Angleterre est dans le pétrin », souligne Denise Downey. « Ils ne se soucient pas de nous, ils ne l’ont jamais fait et ils l’ont montré maintenant, c’est sûr. Ils se fichent des Irlandais », ajoute-t-elle, estimant qu’au final, ce sont les Irlandais qui « souffriront le plus ».
D.C avec AFP
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