Le Premier ministre cambodgien Hun Sen a accusé l’UE samedi de prendre le pays « en otage » en menaçant de taxer les exportations cambodgiennes comme mesures de rétorsion aux pressions sur l’opposition cambodgienne.
L’homme fort du Cambodge n’a guère apprécié de se voir forcer la main et l’a fait savoir à l’ancien Premier ministre irlandais Enda Kenny en visite à Phnom Penh. Cité par son porte-parole devant la presse samedi, Hun Sen a ainsi déploré que « quelque 16 millions de Cambodgiens soient pris en otage » par cet accord avec l’UE.
L’Union européenne a menacé en octobre de suspendre son accord préférentiel avec le Cambodge qui l’autorise à exporter ses produits, armes exceptées, vers les Etats membres sans payer de droits de douane. Le secteur de la confection textile, employant des centaines de milliers de travailleurs, bénéficie principalement de cet accord dont les exportations vers l’Europe représentent une manne de milliards de dollars.
Depuis, le gouvernement de Hun Sen a fait miroiter aux opposants cambodgiens, dont des dizaines vivent depuis des mois en exil après l’interdiction de leur parti, seraient autorisés à « reprendre leurs activités ». Cette soudaine mansuétude est motivée, selon les analystes, par l’inquiétude de Phnom Penh de voir les exportations cambodgiennes de vêtements vers les marchés européens désormais taxés.
Le principal parti d’opposition a été dissous et son dirigeant emprisonné avant les élections générales de juillet dernier, où le régime de Hun Sen a raflé tous les sièges au Parlement, faisant du Cambodge un pays au parti unique. Ces élections ont été dénoncées comme faussées, amenant l’Union européenne à menacer de revenir sur un accès exemptés de droits de douane pour les produits cambodgiens.
Fin décembre, Hun Sen avait dénigré les Occidentaux qui prônent « ce que l’on appelle la démocratie et les droits de l’Homme » pour son pays. « Ne faites pas la guerre en ayant recours à ce qu’on appelle la démocratie et les droits de l’Homme, invoqués par les pays démocratiques qui ont commis l’erreur de soutenir le coup d’Etat de Lon Nol », avait-il lancé lors d’un discours devant des milliers de cadres.
Hun Sen, qui dirige le Cambodge depuis plus de trente ans, était lui-même un cadre des Khmers rouges avant de faire défection. Il s’est impliqué dans le renversement en 1979 du régime khmer rouge dirigé par Pol Pot. Les Etats-Unis ont cherché cependant à maintenir le siège des Khmers rouges aux Nations unies.
D.C avec AFP
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