Cannes le film « Sauvage »: plein feu à la Semaine de la critique

10 mai 2018 17:11 Mis à jour: 10 mai 2018 20:36

Premier choc du Festival de Cannes, « Sauvage » du Français Camille Vidal-Naquet, présenté à la Semaine de la Critique, plonge le spectateur dans l’univers de la prostitution masculine à Paris, un thème rarement abordé au cinéma. Avec « L’Homme blessé » en 1983, Patrice Chéreau avait effleuré le sujet. Camille Vidal-Naquet, qui signe avec maestria son premier long métrage entre, lui, dans le vif du sujet avec la précision d’un documentariste, au terme d’une enquête de trois ans. « Avec l’aide d’une association, j’ai rencontré des prostitués masculins dans la démarche d’un scénariste studieux, pour vérifier que ce que j’imaginais était conforme. Je me suis rendu compte que j’étais finalement trop sage par rapport à la réalité », confie à l’AFP le réalisateur.

Présentant des scènes crues, son film est marqué aussi par la performance de Félix Maritaud, 24 ans, acteur révélé l’an dernier par « 120 Battements par minute » de Robin Campillo. Il campe Léo, jeune égaré épris de liberté, mais taraudé avant tout par une quête éperdue d’amour. « Je me suis intéressé à un personnage, plus qu’au milieu de la prostitution masculine. J’ai imaginé un jeune homme qui avance de rencontre en rencontre, sans jamais s’arrêter », explique Camille Vidal-Naquet qui suit le plus souvent son héros caméra à l’épaule. « Léo est en dehors des règles sociales, totalement marginalisé, à la dérive. Assez naturellement dans ces conditions, il tombe dans la prostitution. J’ai choisi le titre du film, « Sauvage », pour décrire la fois le tempérament du personnage et l’énergie à l’écran », ajoute le réalisateur.

« En refusant que quiconque lui impose quoi que ce soit, le personnage vit la dureté de la rue comme une normalité. Dans le film, Léo ne se plaint jamais ni de son travail, ni de ses conditions de vie », souligne Camille Vidal-Naquet. Au détour de ses errances, Léo rencontre enfin un homme qui lui porte plus d’attention que les autres, comme une promesse de bonheur.« Le prix à payer sera peut-être de perdre sa liberté, ce que Léo a de plus cher.  Mon film donne à voir une réalité très peu représentée. Les prostitués masculins sont des invisibles. Beaucoup de gens pensent même que cela n’existe pas.

Je ne propose pas une analyse sociale sur cette prostitution particulière, mais plutôt un geste politique dévoilant ce qu’on ne voit pas », dit Camille Vidal-Naquet. « J’ai pris le parti pris de montrer une réalité âpre », reconnaît-il. « Mais, je reste du côté de la douceur, de la tendresse et de l’humanité des personnages ». Invité du dîner organisé récemment à l’Elysée à la veille du Festival de Cannes, Camille Vidal-Naquet n’a pas hésité à attirer l’attention du président Macron sur ces « invisibles » que sont, selon lui, les jeunes prostitués masculins.

DC avec L’AFP

 

 

 

 

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