Le magnat de l’automobile déchu Carlos Ghosn a porté plainte contre les constructeurs japonais Nissan et Mitsubishi Motors pour rupture abusive de son contrat au sein d’une co-entreprise basée aux Pays-Bas, a indiqué à l’AFP une de ses porte-parole en France.
« Je confirme le dépôt de plainte » auprès de la justice néerlandaise, a-t-elle déclaré jeudi, corroborant une information du quotidien français Le Figaro. L’ancien PDG de Renault et Nissan réclame jusqu’à 15 millions d’euros.
La filiale Nissan-Mitsubishi B.V. (NMBV), qui avait été fondée en juin 2017 pour explorer les synergies entre les deux groupes, a désormais été dissoute, selon une décision annoncée en mars 2019, dans la foulée de l’arrestation de Carlos Ghosn pour des malversations financières présumées.
Dans le cadre d’investigations conduites en parallèle à celles du parquet de Tokyo pour d’autres motifs, Nissan et Mitsubishi Motors (MMC) avaient affirmé en janvier que le dirigeant, en tant qu’administrateur de NMBV, « avait reçu une rémunération totale de 7.822.206,12 d’euros (taxes comprises) ».
Selon Nissan, qui a dit vouloir récupérer cette somme jugée indûment perçue, M. Ghosn « s’est signé en 2018 un contrat sans discuter avec les autres membres du conseil d’administration de NMBV », à savoir le PDG de Nissan, Hiroto Saikawa, et le PDG de Mitsubishi Motors, Osamu Masuko. « Ils n’ont pour leur part touché aucun revenu », avait alors assuré le constructeur.
Un « complot » ourdi par Nissan
Carlos Ghosn, qui dénonce depuis le début de l’affaire un « complot » ourdi par Nissan pour empêcher une intégration plus poussée de l’alliance, a donc décidé de contre-attaquer. Si M. Ghosn a bien démissionné de chez Renault-Nissan BV (RNBV), ce n’était pas le cas chez NMBV, et « la rupture de contrat serait insuffisamment motivée », selon les arguments de ses avocats rapportés par Le Figaro.
Nissan a indiqué ne pas avoir de commentaire à faire sur ce nouveau développement. Renault a de son côté annoncé le 5 juin qu’il envisageait des poursuites contre son ancien dirigeant après avoir détecté 11 millions d’euros de « dépenses suspectes » au sein de RNBV, société commune entre Renault et Nissan basée également aux Pays-Bas.
L’homme d’affaires franco-libano-brésilien, inculpé à quatre reprises pour d’autres malversations présumées, est actuellement assigné à résidence à Tokyo. Arrêté le 19 novembre 2018, il a passé quelque 130 jours en détention à Tokyo, accusé d’abus de confiance aggravé et de fausses déclarations aux autorités pendant son mandat chez Nissan.
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