L’est de la Libye a été dévasté par des inondations qui ont coûté la vie à plus de 2300 personnes dans la seule ville de Derna lors du passage de la tempête Daniel dimanche.
Ce que l’on sait de ces inondations et leur bilan :
Dimanche après-midi, la tempête Daniel a atteint la côte orientale de la Libye, touchant la métropole de Benghazi avant de se diriger vers l’est en direction des villes du Jabal al-Akhdar (nord-est), comme Shahat (Cyrène), al-Marj, al-Bayda et Soussa (Apollonia) mais surtout Derna, la ville la plus dévastée.
Derna dévastée et coupée du monde
Dans la nuit de dimanche à lundi, les deux barrages sur Wadi Derna, qui retiennent les eaux de l’oued qui traverse Derna, ont lâché. Des torrents puissants ont détruit les ponts et emporté des quartiers entiers avec leurs habitants de part et d’autre de l’oued, avant de se déverser dans la Méditerranée. Les routes, en mauvais état, sont coupées et les accès aux sites de la catastrophe impossibles.
Selon les chiffres fournis par les services de secours relevant du gouvernement internationalement reconnu à Tripoli, la tempête Daniel a fait plus de 2300 morts dans la seule ville de Derna, dévastée et coupée du monde, mais les autorités de l’est craignent un bilan beaucoup plus lourd, certains responsables parlant de plus de 10.000 morts. Les infrastructures vétustes, les constructions en violation des règles urbanistiques bâties cette dernière décennie et le manque de préparation face à ce type de catastrophe ont transformé cette ville en un cimetière à ciel ouvert.
Après la révolte qui mit fin à 42 ans de dictature de Mouammar Kadhafi en 2011, la Libye a sombré dans le chaos et la division entre Est et Ouest. Profitant du chaos, des milices se sont installées dans les villes, certaines appartenant à la mouvance islamique radicale comme à Derna avec « Ansar al-Sharia » puis les jihadistes de l’organisation terroriste État islamique chassés en 2018 par les forces du maréchal Khalifa Haftar, l’homme fort de l’est.
Mesures d’urgence et aide internationale
Lundi matin, face à l’ampleur des dégâts et la dévastation, les autorités du pays, autant celles de l’est que celles installés dans la capitale Tripoli à l’ouest, ont pris des mesures d’urgence pour tenter de venir en aide aux populations sinistrées. Des convois d’aide en provenance de la Tripolitaine, dans l’Ouest, ont été acheminés vers Derna. Le gouvernement de Tripoli dirigé par Abdelhamid Dbeibah a annoncé l’envoi de deux avions-ambulance et d’un hélicoptère, de 87 médecins, d’une équipe de secouristes et de recherche cynophile ainsi que des techniciens de la Compagnie nationale d’électricité pour tenter de rétablir rapidement le courant coupé.
Après les messages de condoléances et de soutien, l’ONU et de nombreux pays, notamment les États-Unis, l’Italie, la France, le Qatar, Égypte, la Tunisie, se sont dits prêts à aider les secouristes locaux, dépassés par l’ampleur de la catastrophe, d’après des images filmées par des habitants, montrant un paysage apocalyptique. Des équipes de secouristes envoyées par la Turquie et les Émirats arabes unis sont déjà arrivées dans l’est de la Libye, selon les autorités.
Le chef d’état-major des armées d’Égypte, grand allié politique et militaire du maréchal Haftar, a fait le déplacement mardi à Benghazi à bord d’un avion convoyant aides et personnels de secours, affirmant la disposition de l’armée égyptienne à établir un « pont aérien », selon les médias.
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