Le gouvernement a « entendu l’appel » des agriculteurs et va « continuer à y répondre dans les jours à venir », a affirmé mercredi la porte-parole du gouvernement, Prisca Thevenot, assurant qu’il n’était « pas question de venir empêcher » les blocages routiers.
L’exécutif est « déterminé à protéger le modèle agricole français, pour que les agriculteurs puissent vivre décemment de leur travail », a-t-elle ajouté à l’issue du Conseil des ministres. L’exécutif est « déterminé à protéger le modèle agricole français, pour que les agriculteurs puissent vivre décemment de leur travail », a-t-elle affirmé à l’issue du Conseil des ministres. Elle a évoqué des discussions sur la taxe concernant le gazole non routier et « les avances de trésorerie ».
Partie du sud-ouest la semaine dernière, la fronde des agriculteurs prend de l’ampleur avec de nombreux blocages routiers dans le pays. Des « manifestations organisées dans un cadre légal », a souligné Mme Thevenot, ajoutant qu' »il n’est pas question de venir empêcher cette expression de revendication ».
« La nation agricole nous lance un appel (…) nous l’avons entendu », a-t-elle assuré, promettant que « les annonces vont arriver dans les jours qui viennent car « il y a urgence à répondre » aux revendications du secteur. Elle a évoqué des pistes à l’étude sur la fiscalité du gazole non routier et « les avances de trésorerie » aux chefs d’exploitation.
Le Premier ministre, Gabriel Attal, « s’est engagé à se rendre très rapidement sur le terrain », a-t-elle ajouté. « Le mot d’ordre, c’est qu’il ne doit pas y avoir de tabou, on doit pouvoir avancer sur tous les sujets », a insisté Prisca Thevenot, pointant les « normes environnementales », qui, « de temps en temps, plutôt que de libérer et protéger, sont venues asphyxier » l’agriculture française.
« Il y a un sacré mal-être chez les paysans »
La mobilisation des agriculteurs français s’est amplifiée mercredi avec une multiplication des blocages pour obtenir des « réponses concrètes » du gouvernement à leur « rage », alimentée mardi par les décès accidentels d’une éleveuse et de sa fille sur un barrage routier.
Marges de la grande distribution, jachères, pesticides, normes environnementales, autorisations administratives, prix du gazole… Cultivateurs et éleveurs n’ont pas tous les mêmes demandes mais partagent un même malaise sur leur avenir, écartelés entre désir de produire, et nécessité de réduire leur impact sur la biodiversité et le climat.
Les #AgriculteurEnColere brûlent un drapeau Européen à #Agen.
« L’#Europe a détruit l’#agriculture française » dit un #agriculteur pic.twitter.com/1zjiswKTz0
— Clément Lanot (@ClementLanot) January 24, 2024
« Il y a un sacré mal-être chez les paysans », a déclaré à l’AFP Patricia Dagoré, agricultrice au Pays basque et membre de la FNSEA. « On nous impose toujours plus de normes. Mais comment faire pour les appliquer ? Les mettre toutes en œuvre, ça coûte. Aujourd’hui, on a tous la corde au cou, des trésoreries dans le rouge », a-t-elle poursuivi lors d’un blocage de l’A63 à Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) mardi soir.
Plus au nord, environ 200 tracteurs ont envahi mercredi matin la rocade de Bordeaux, axe névralgique entre Paris et l’Espagne. « Nous comptons y rester jusqu’à ce que nous ayons des réponses concrètes », a lancé Serge Bergeon, secrétaire général de la FNSEA Gironde.
Une minute de silence aux deux victimes
Une minute de silence a été observée en hommage aux deux victimes – une éleveuse d’une trentaine d’années et de sa fille adolescente – percutées par une voiture sur un barrage mardi à Pamiers (Ariège).
Après la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) reçus lundi, la Coordination rurale, deuxième syndicat, et la Confédération paysanne, troisième, sont sortis mardi soir du bureau de Gabriel Attal sans appeler à lever les blocages. La première a jugé l’échange « constructif » tandis que la seconde parlait de propositions « insuffisantes ».
Près d’une semaine après avoir débuté en Occitanie, le mouvement touche désormais de nombreux axes importants du pays, symboles d’un malaise général du monde paysan, constaté ailleurs en Europe.
Dans le sud-est de la France, un convoi d’environ 70 tracteurs a emprunté l’autoroute « du soleil », à la hauteur du péage d’Orange (Vaucluse), pour remonter vers la Drôme plus au nord, ont constaté des journalistes de l’AFP. Cette action escargot a engendré la fermeture de l’A7, axe crucial, dans le sens Marseille-Lyon à la hauteur d’Avignon.
Mais tous les manifestants ne sont pas d’accord sur les moyens d’action. Laurent Thérond, co-porte-parole de la Confédération paysanne du Vaucluse, qualifie ainsi les dirigeants de la FNSEA de « pompiers pyromanes ». « Eux veulent une baisse des charges et des coûts pour produire toujours plus et moins cher, grâce notamment à des produits chimiques et des grosse machines polluantes. Nous, on veut que notre production soit plus rémunératrice en demandant aux industriels et à la grande distribution de partager le gâteau », explique M. Thérond.
« Les agriculteurs veulent être entendus à Paris »
De multiples ronds-points, péages ou bretelles d’autoroutes ont été occupés ces dernières heures, sans compter les opérations escargots.
À Bergerac, du lisier a été déversé devant la sous-préfecture de Dordogne. À Morlaix, en Bretagne, des tracteurs ont bloqué à partir de mardi soir le pont routier de la RN12, l’axe principal entre Rennes et Brest. « On est 50, des élus viennent nous rejoindre, des marins pêcheurs vont nous rejoindre », affirme Cédric Le Velly, des Jeunes Agriculteurs, à l’AFP, disant vouloir rester au moins jusqu’à mercredi soir.
Dans les Hauts-de-France, la mobilisation s’est poursuivie avec le blocage de l’autoroute A2 près de Valenciennes (Nord) et l’A16 au niveau de Beauvais (Oise).
Les manifestants picards n’excluent pas de se rapprocher de Paris. « Ça va bouger, les agriculteurs veulent être entendus à Paris », affirme à l’AFP Luc Smessaert de la FNSEA Oise.
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