Commémorations du 13-Novembre: un hommage très symbolique, en plein procès

Par Epoch Times avec AFP
13 novembre 2021 14:10 Mis à jour: 13 novembre 2021 17:20

Six ans après l’horreur, la commémoration du 13-Novembre organisée samedi à Saint-Denis et Paris est plus symbolique que jamais, au moment où le procès historique actuellement en cours éprouve les victimes et façonne la mémoire collective de ces attentats.

La pandémie avait empêché les victimes de se rassembler en 2020, avec une cérémonie réduite au minimum pendant le confinement.

L’hommage de cette année est, lui, marqué par l’épreuve du procès qui ravive depuis septembre avec force détails le souvenir de l’attaque terroriste la plus meurtrière jamais commise en France.

« Renforcement des liens entre les victimes »

« Le procès nous a tous rapprochés et il y a une envie très forte de se retrouver dans un cadre commémoratif », confie à l’AFP Arthur Dénouveaux, le président de l’association de victimes Life for Paris. « La commémoration va cristalliser un renforcement des liens entre les victimes. »

-Une plaque commémorative est visible lors d’une cérémonie au bar ‘Le Comptoir Voltaire’ pour rendre hommage aux victimes des attentats terroristes du 13 novembre 2015. Photo de Thomas SAMSON/POOL/AFP via Getty Images.

Des centaines de vies brisées

Cette série d’hommages, qui s’achèvera avec une minute de silence juste avant le match de football France-Kazakhstan (20h45) au stade du Parc des Princes, intervient deux semaines à peine après la fin de la première phase du procès où plus de 350 parties civiles ont retracé à la barre le déroulé de cette soirée apocalyptique.

Stress post-traumatique, culpabilité du survivant, décalage persistant avec le reste de la société… Pendant un mois, les témoignages des victimes et de leurs proches ont révélé les cicatrices indélébiles et l’ampleur des dégâts psychologiques de ces attentats sur des centaines de vies brisées.

Pour affronter le reste de l’audience, qui doit se poursuivre jusqu’à fin mai, « les gens sentent qu’il faut se serrer les coudes », résume M. Dénouveaux. « Partager toutes ces expériences à la barre, ça a aussi accru le sentiment d’appartenir à une communauté qui a du sens ».

Besoin de participer aux commémorations

D’où un besoin encore plus fort de participer aux commémorations, « seul moment où une catharsis collective peut se faire », ajoute ce rescapé du Bataclan.

Cette année, son association enregistre une cinquantaine de participants supplémentaires à la cérémonie qu’elle organise à la mairie du 11e arrondissement, quartier parisien frappé par les attentats, après les différents hommages.

« Ca va nous faire du bien de nous retrouver et de faire un peu de +câlinothérapie+ », avance Stéphanie Zarev, autre rescapée du Bataclan.

« Le procès a sans doute renforcé le besoin d’être ensemble », confirme Philippe Duperron, président de l’autre association de victimes, 13onze15 Fraternité et vérité. « Dans la salle d’audience, il y a eu des regards, des mains tendues, on a ressenti beaucoup de solidarité. »

Son organisation recense elle aussi plus d’inscrits qu’à l’habitude pour le déjeuner qu’elle organise après la cérémonie officielle.

La commémoration « influencent la mémoire collective des Français »

Cette année, « la commémoration fait figure de marqueur du grand récit partagé qui se construit actuellement au procès », observe l’historien Denis Peschanski, co-responsable du « Programme 13-Novembre », un vaste projet de recherche qui étudie l’évolution de la mémoire des attentats sur dix ans.

L’audience et sa retranscription dans la presse « influencent la mémoire collective des Français » et a permis « de compléter le puzzle avec des morceaux qu’on ne connaissait pas encore », constate-t-il.

La maire de Paris Anne Hidalgo et le Premier ministre français Jean Castex marchent lors d’une cérémonie au bar Le Carillon et au restaurant Le Petit Cambodge pour rendre hommage aux victimes des attentats du 13 novembre 2015. Photo de Thomas SAMSON/POOL/AFP via Getty Images.

Ses recherches, menées auprès d’un échantillon représentatif de la population française, montrent qu’au-delà du carnage du Bataclan, le procès a notamment « fait réémerger les lieux du 13-Novembre dans leur globalité », grâce aux témoignages des victimes du Stade de France et des terrasses, que le grand public avait progressivement tendance à oublier.

Six ans après ces attentats, la menace terroriste reste très élevée en France, mais prend désormais de nouvelles formes.

Comme l’ont montré les assassinats de la fonctionnaire de police Stéphanie Monfermé en avril à Rambouillet près de Paris, ou de l’enseignant Samuel Paty en octobre 2020, elle est désormais portée par des assaillants plus « autonomes » dont le lien avec les organisations terroristes – qui ne revendiquent plus systématiquement leurs actions – s’est largement distendu.


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