INTERNATIONAL

Cyclone en Afrique australe: « moment critique » pour l’ONU, qui appelle aux dons

mars 23, 2019 6:49, Last Updated: mars 23, 2019 7:07
By

Les Nations unies et les ONG ont multiplié vendredi les appels à l’aide pour l’Afrique australe, alors que des milliers de rescapés du cyclone Idai se trouvent dans une situation critique, entre frustration provoquée par des distributions chaotiques de nourriture et crainte d’épidémies.

Le cyclone Idai, qui a balayé la semaine dernière le Mozambique puis le Zimbabwe, a fait plus de 550 morts et affecté des centaines de milliers de personnes. Nombre d’entre elles ont perdu maisons ou récoltes.

Après le déblayage des grands axes et le sauvetage des personnes encore bloquées dans les zones inondées, « la prochaine étape est d’avoir accès à de l’eau potable, parce que ce qui nous attend, ce sont des maladies », a déclaré vendredi à l’AFP la directrice de l’Unicef, Henrietta Fore, arrivée au Mozambique pour constater les dégâts.

« Le temps presse, on est à un moment critique », a-t-elle mis en garde depuis la ville de Beira (centre), en partie dévastée par le cyclone. Évoquant « des corps décomposés et un manque d’hygiène et d’installations sanitaires », elle a également fait part de son inquiétude compte tenu de « l’eau stagnante et des moustiques qui arrivent »

« Des cas de choléra ont déjà été signalés à Beira et les infections de paludisme se multiplient chez les rescapés piégés par les eaux », a souligné la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge.

« Les maladies respiratoires risquent également d’être un problème sanitaire. Il pleut encore à l’intérieur des maisons, et pour les personnes sans domicile rassemblées dans des écoles ou des églises, le confinement favorise la transmission de ces maladies comme la pneumonie », a pour sa part averti Médecins sans frontières (MSF).

Les agences de l’ONU et les ONG s’emploient à secourir les personnes déplacées et affamées, mais l’acheminement de l’aide est chaotique. A Dondo, dans le centre du Mozambique, des centaines de personnes se sont précipitées jeudi pour recevoir une ration dans une école transformée en camp de déplacés, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« J’ai quatre enfants et ils vont manger du pain ? Donnez moi un sac de nourriture », a lancé un homme, la faim au ventre. Les humanitaires reconnaissent être débordés. « L’étendue du problème est au-delà des moyens de n’importe quel pays ou de n’importe quel gouvernement », a expliqué à l’AFP Gerry Bourke, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM).

« L’étendue et l’échelle des dommages et des souffrances est sidérante. Des dizaines de milliers de familles ont tout perdu. Des enfants ont perdu leurs parents. Des communautés ont perdu des écoles et des cliniques », a commenté le secrétaire général de la Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, Elhadj As Sy, qui a survolé les zones inondées.

« Nous devons réagir rapidement et à grande échelle, et nous préparer à accompagner les populations touchées à plus long terme », a-t-il souligné. Devant l’ampleur des dégâts, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a appelé vendredi dans un communiqué la communauté internationale à multiplier les dons, soulignant la nécessité d’une « solidarité » pour les mois à venir.

L’ONU a déjà dégagé 20 millions de dollars en première aide d’urgence. Le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) a mobilisé ses réserves d’urgence pour distribuer des milliers de tentes, sacs de couchage, ustensiles de cuisine, moustiquaires, lampes solaires… « Cependant, une bien plus grande aide internationale est nécessaire », a insisté M. Guterres. Une conférence de donateurs est prévue le 11 avril à Beira.

Vendredi, les autorités mozambicaines étaient toujours dans la phase d’évaluation des dégâts, une semaine après le passage d’Idai. « C’est une catastrophe. A Buzi, il y a encore des gens réfugiés sur les toits et dans le stade », a déclaré à la presse le Premier ministre mozambicain, Carlos Agostinho do Rosario, faisant état d’un nouveau bilan de 293 morts et plus de 300.000 personnes affectées. « Mais nous pensons qu’il va encore augmenter », a-t-il précisé. Plus de 15.000 personnes ont encore besoin d’être évacuées.

Dans le ciel, les hélicoptères continuaient leur ballet pour retrouver des sinistrés toujours bloqués au milieu de vastes étendues d’eau. Plus de 65.000 personnes sont déjà hébergées dans des camps de déplacés au Mozambique. Des écoles, hôtels, églises ont été réquisitionnées pour être transformés en centre d’hébergement au Mozambique et au Zimbabwe.  A Beira, des habitants fouillaient dans les décombres d’un supermarché pour récupérer des tôles afin de fabriquer des logements de fortune.

« Je dois me battre pour que mes enfants aient quelque chose à manger », a témoigné Celeste Dambo, qui a trouvé refuge dans l’école secondaire Samora Machel, où le président Filipe Nyusi a été élève. Les salles de classe ont été transformées en dortoirs improvisés, accueillant plus d’un millier de personnes. Des techniciens s’activaient sur des pylônes pour rétablir lignes téléphoniques et électricité.

« On recommence de zéro », a expliqué le maire de la ville, Daviz Simango. Au Zimbabwe, où un deuil national de deux jours a été décrété, des rescapés fouillaient encore dans les décombres ce qui pouvait être sauvé. Au moins 259 personnes ont trouvé la mort dans le pays, selon l’Organisation internationale pour les migrations. Un téléphone a été mis en place à Chimanimani (est), épicentre des destructions. Des familles faisaient la queue pour pouvoir appeler leurs proches, tandis que des survivants continuaient à enterrer leurs morts.

D.C avec AFP

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.

Voir sur epochtimes.fr
PARTAGER