Quarante ans après les faits, de vastes fouilles débutées mardi se poursuivent mercredi dans le « cimetière » d’Émile Louis, dans l’Yonne, afin de retrouver les restes d’une possible huitième victime du tueur en série aujourd’hui décédé, voire « d’autres corps », selon le parquet d’Auxerre.
Le vaste champ de fouilles situé à Rouvray, village de moins de 500 habitants proche d’Auxerre, couvre « un bois d’environ 8000 m2 », a précisé à l’AFP le procureur de la République à Auxerre, Hugues de Phily. Au bord de la zone, trois barnums blancs ont été installés et une dizaine de véhicules de gendarmerie barraient l’accès au bois, ont constaté des journalistes de l’AFP.
Les recherches impliquent le groupement de gendarmerie de l’Yonne, l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), ainsi qu’une quarantaine de militaires du génie. Quelque 140 gendarmes et militaires y participent, selon la gendarmerie.
Un terrain « accidenté »
« Le terrain est accidenté et rend les recherches particulièrement difficiles pour le moment », a indiqué le procureur. Entamées mardi, les investigations ne devraient donc pas s’arrêter avant le 4 octobre, selon la gendarmerie.
Le secteur fouillé avait été autrefois désigné par Émile Louis comme lieu où il aurait caché des corps. Ce n’est cependant pas à cet endroit précis, mais « dans un autre bois situé à 400-500 mètres », selon le procureur, que deux de ses victimes connues avaient été découvertes, au début des années 2000 : Jacqueline Weis et Madeleine Dejust, toutes deux disparues en 1977.
Les corps de ces deux jeunes femmes âgées respectivement de 18 et 21 ans sont les seuls à avoir été retrouvés, mais le tueur en série, décédé en octobre 2013 à 79 ans, avait été condamné à la prison à perpétuité en 2004 pour la mort de sept femmes au total. « Aucun reste humain n’avait été trouvé à cet endroit lors de précédentes fouilles », a expliqué le procureur, mais les recherches avaient alors été « partielles ».
Les parties civiles demandaient d’ailleurs depuis l’an 2000 de nouvelles inspections. « On traîne depuis vingt ans », a rappelé à l’AFP Pierre Monnoir, président de l’association de défense des handicapés de l’Yonne, se disant « très heureux d’apprendre ces nouvelles fouilles ». « J’ai très peur qu’on trouve encore d’autres victimes potentielles » encore inconnues et qui pourraient être exhumées, avertit M. Monnoir.
Cinq dépouilles toujours manquantes
Parmi les sept victimes connues d’Émile Louis, cinq dépouilles sont en effet encore manquantes : des jeunes femmes âgées de 15 à 27 ans et disparues entre 1975 et 1979. « J’espère que les moyens vont enfin être mis pour retrouver les dépouilles », a-t-il ajouté. Selon le procureur, les excavations visent en particulier à « en savoir plus sur l’origine du décès » de Marie Jeanne Ambroisine Coussin, disparue en 1975, et dont une voûte crânienne avait été découverte en décembre 2018 sur le site actuellement fouillé.
Pour M. Monnoir, cette enfant de l’assistance est la huitième victime d’Émile Louis, dont il n’a pas avoué le crime. Le foyer de Mme Coussin se trouvait sur le trajet qu’empruntait Émile Louis en tant que chauffeur de bus. À la suite d’analyses ADN, qui avaient confirmé en début de cette année l’identité de Mme Coussin, le parquet d’Auxerre avait ordonné de nouvelles fouilles « sur la zone avoisinant le lieu de découverte » du crâne, selon M. de Phily.
« La famille de Mme Coussin espère que ces recherches permettront de donner un lieu de sépulture digne à leur proche et de faire toute la lumière sur les circonstances exactes de cette disparition », a indiqué dans un communiqué Didier Seban, avocat de la famille de Marie-Janne Ambroisine Coussin et de l’association des disparues. Mais, outre l’affaire Coussin, les recherches visent également à « vérifier l’hypothèse d’un lieu de cache d’autres corps », reconnaît le procureur.
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