ÉDITO – C’est un objet surprenant dans le quotidien de l’information qu’une Fête de la musique. À l’arrivée de l’été, on n’a plus – ailleurs que dans le fin fond des campagnes – de fêtes de la Saint-Jean pour bondir par dessus des feux de joie, marquer l’existence d’une communauté et le passage à l’âge adulte des jeunes gens. Mais la joie des jours longs et de l’arrivée de l’été perdure dans les villes par la Fête de la musique. Dans nos rues, ce sont en une journée tous les états d’esprit, toutes les aspirations qui se révèlent à travers des sons. On trouve la cohésion rebelle de groupes jeunes (ou très jeunes), massacrant les accords de chansons pop/rock « mainstream » en se rêvant un jour sur scène. On trouve le travail parfois original d’autres ensembles, plus mûrs, qui n’ont pas trouvé le relais des disquaires ni profité de la viralité d’Internet, et qui jettent leur talent négligé aux flots des rues de Paris en y espérant une rencontre. On trouve le brassage d’influences, la salade absolue de sonorités jazz, electro et plus avec lesquelles la nouvelle scène tente la création. On trouve enfin la tenue impeccable de classicistes rigoureux, montrant dans un décor sobre et discret – une église, le kiosque à musique d’un parc – le résultat d’années d’efforts pour atteindre la note juste, la technicité du geste et la possibilité, en mettant la rigueur au-dessus des passions, de faire naître la Musique de mains humaines. Les crises grecques, les bruits de bottes, les fermetures d’usines, les vacarmes politiques ne comptent alors plus quand elle sort d’un groupe de musiciens en pleine voie publique.
Ne nous arrêtons pas à la vue d’apparence de ce qu’est la Fête de la musique, car les odeurs insistantes de merguez grillées aux alentours de la Place de la République à Paris, toujours couverte des graffitis du 11 janvier, les stars de variété sur les grandes scènes et la foule amassée ne montrent qu’une partie de ce qu’elle est. Plus profondément, tous les talents et les tentatives d’expression artistique qui sortent des appartements et se retrouvent dans les rues, les instruments et les gens, les voix et les paroles, sont un des meilleurs reflets de ce que sont les gens et de ce qu’ils peuvent être, ainsi qu’un message lancé sur ce qu’ils voudraient être. Les volontés de partage et d’amitié se mêlent à l’ambition et au désir, la révolte adolescente déglingue des guitares sur une rive, l’oubli de tout dans la fête anime les percussions sur l’autre. Mais, plus précieux que cela, jetés comme des perles dans ce grand flot, de modestes musiciens, accrochés à leurs cordes, cessent d’être comptables ou technico-commerciaux pour venir partager leur rêve d’ailleurs, sentant que peut se cacher derrière un nouvel accord une part de vérité et l’accès à un monde moins vulgaire. Certes, cette fête est, vis-à-vis de ce qui fait notre quotidien, complètement inutile ; elle ne laisse dans nos villes que des papiers gras et des scènes de concert à démonter. Mais elle est un de ces moments où l’on voit, comme des perles emportées par les flots, des êtres précieux à la recherche d’un ailleurs et d’une possibilité de partage
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