Coincé entre un supermarché miteux et un casino dans le nord de Prague, un ancien magasin vietnamien voué à la démolition est devenu une maison de l’espoir pour les réfugiés ukrainiens. Et ce à l’initiative d’un photographe d’origine russe.
Celui-ci, Pavel Oskine, a fait appel à quelques amis pour l’aider à transformer cet espace en un lieu qui abrite désormais 16 Ukrainiens et qui est capable d’en accueillir des dizaines d’autres.
« Je peux prendre des photos et je pourrais aller à la guerre, mais je serai plus utile ici », explique à l’AFP cet homme tatoué de 48 ans amateur de Harley Davidson.
Parti de Russie pour s’installer à Prague
« Tant que (le président russe Vladimir) Poutine continuera à se battre, je le combattrai de cette façon (…). C’est ma guerre », poursuit-il, son téléphone sonnant sans discontinuer.
Ce photographe paysagiste, qui parcourt le monde dans le but d’enseigner son art, est parti de Russie pour s’installer à Prague en 2008.
« Ma fille avait six ans et Poutine était déjà au pouvoir. J’ai compris qu’il n’y avait pas d’avenir là-bas », lâche-t-il.
Après le début de l’invasion de l’Ukraine par la Russie le 24 février, il a collecté via Facebook environ 20.000 dollars (19.000 euros) pour son projet de centre d’accueil.
Financer la rénovation de l’ancien magasin
Après que l’organisation locale House of Good eut également apporté sa contribution, Pavel Oskine a disposé de suffisamment d’argent pour financer la rénovation de l’ancien magasin.
« Nous avons deux cuisines, dix douches et dix toilettes », raconte-t-il dans le hall d’entrée où des habitants de la capitale tchèque offrent des objets, en particulier des vélos et des scooters pour les enfants.
Le hall est divisé en une salle de jeux pour les enfants – avec un baby-foot et un équipement permettant de faire de l’escalade – et un coin salon pour les adultes.
Le réseau Wifi local est Slava_ Ukrajine (Gloire à l’Ukraine), tandis que le mot de passe est GerojamSlava! (Gloire aux héros!), une classique formule patriotique.
A conduit pendant une semaine pour arriver à Prague
Maïa Kisselevitch, originaire d’Odessa, dans le sud de l’Ukraine, a conduit pendant une semaine pour emmener ses deux fils et sa sœur à Prague, passant par la Moldavie, la Roumanie, la Hongrie et la Slovaquie.
« Nous sommes très reconnaissants à tout le monde », dit-elle à l’AFP.
« Quand les roquettes ont commencé à tomber, ça a été terrible et vraiment dur psychologiquement de résister. Alors nous avons décidé de fuir. Ca a été particulièrement difficile pour les enfants ».
Faisant partie des quelque 300.000 Ukrainiens qui ont trouvé refuge en République tchèque depuis le déclenchement de l’invasion russe, le 24 février, Maïa Kisselevitch y est arrivée le 9 mars et a séjourné dans un autre établissement de la capitale avant de s’installer cette semaine dans ces nouveaux locaux.
« Les enfants peuvent jouer dans la salle de jeux. Tout est neuf ici, les matelas, les lits, tout ce qu’il faut pour que nous puissions avoir une vie à part entière », s’exclame-t-elle.
Trouver un emploi aux réfugiés
Pavel Oskine, qui a hébergé 15 autres réfugiés ainsi que deux chats et un chien dans son studio, cherche maintenant le moyen de trouver un emploi aux réfugiés.
« Leur première question n’est pas de savoir où ils vont pouvoir rester, mais ce qu’ils vont faire », souligne-t-il.
Maïa Kisselevitch, qui formait de futurs employés dans l’hôtellerie et dans des restaurants en Ukraine, assure ainsi qu’elle est prête à faire n’importe quel travail, de la distribution d’affichettes au nettoyage.
« Cela fonctionnera comme Uber »
« Il est clair que nous ne pouvons pas vivre ici gratuitement pour toujours (…). Nous sommes prêts à travailler en échange. »
Pavel Oskine a chargé les développeurs et les concepteurs qui l’aident pour son application photo d’en produire une autre spécialement en vue d’aider ces réfugiés sur le marché de l’emploi local.
« Cela fonctionnera comme Uber. Il sera super facile pour les Tchèques de trouver une femme de ménage. »
« Vous mettrez l’heure et vous recevrez un message disant ‘Tatiana arrive’, accompagné d’une photo. Ces gens doivent vivre ici d’une manière ou d’une autre », conclut le photographe.
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