Mardi, 14 mois de prison avec sursis ont été requis à l’encontre de cinq participants à une chasse à courre pour avoir violemment pris à partie deux activistes anti-chasse en février en forêt de Paimpont dans le département de l’Ille-et-Vilaine.
Le parquet a requis 14 mois de prison avec sursis à l’encontre d’un chasseur considéré comme le « principal responsable des violences ». Ce quadragénaire avait roué de coups et plongé à plusieurs reprises dans une sorte de douve remplie d’eau, la tête de « Claire », une militante anti-chasse du collectif AVA Bretagne (Abolissons la Vénerie Aujourd’hui).
Poursuivis pour « violence en réunion » et jugés à Rennes, cinq prévenus et les deux victimes, parties civiles, ont pris place, dans une petite salle du tribunal, presque entièrement occupée par des soutiens aux veneurs, les anti-chasse étant contraints de rester à l’extérieur.
Retraité, agriculteurs, boucher intérimaire : tour à tour, les cinq hommes, sans antécédents judiciaires, âgés de 41 à 72 ans, l’un d’eux en chaise roulante, ont répondu aux questions de la présidente du tribunal, reconnaissant les faits, soulignant leur agacement de voir les chasses entravées par « les AVA ».
« Ils ont le droit de militer contre la chasse à courre, mais entre militer et perturber il y a une nuance… », a déclaré l’un des prévenus à la barre.
« Œil pour œil, dent pour dent ? », demande la présidente. « Non. Sinon, cela aurait été réglé d’une autre manière », rétorque le prévenu.
Voici le témoignage de Claire, victime d’une violence sans nom alors qu’elle suivait une chasse à courre pour la documenter. Ses agresseurs, à elle et à Christophe, passeront en procès ce mardi à Rennes.
Rendez-vous devant le tribunal de Rennes le 16/7 : https://t.co/dq19laueiM pic.twitter.com/E6wncm5SpV— AVA France (@AvaFranceOff) 12 juillet 2019
À la barre, « Claire » dit garder des séquelles psychologiques de ce 2 février. « Ils nous ont dit de dégager. Ils m’ont tout de suite poussée dans le fossé. Il voulait prendre ma GoPro et que je dise que je ne reviendrais plus en forêt », raconte la jeune femme.
« J’ai cru mourir, j’ai compris qu’il fallait que je dise ce qu’il voulait entendre. Je me suis dit que j’allais mourir là, je restais la tête dehors une ou deux secondes, et après ça durait plus longtemps. Je m’en suis sortie en crachant de l’eau », a-t-elle déclaré .
Son compagnon est, lui, maintenu au sol par deux hommes, pendant que le troisième essaie de lui arracher la caméra Go-Pro qu’il a attachée à un harnais. L’un des hommes lui porte la main à la gorge et fait pression sur son cou. La scène de violence s’arrête à l’arrivée de quatre militants anti-chasse qui déboulent sur le chemin.
« Telle une meute, les cinq prévenus vont fondre sur eux, et sur une femme d’1,58 m de 48 kg, tradition-courage-honneur, c’est ça. S’attaquer à une jeune femme, ça ne pose pas de question ? », s’est interrogée l’avocate des victimes, Marie Kervennic.
« Sur la saison 2018-2019, l’équipage a été victime de 26 actes de sabotage. Il faut prendre en compte ce contexte: combien de fois peut-on supporter d’être ainsi poussés à bout ? »
Quel signal l’issue de ce procès donnera-elle aux voyous #Ava anti-#Chasse ?https://t.co/qj20I922zT— Franc Aller (@Franc_Aller) 16 juillet 2019
« Deux personnes s’en sont pris à « Claire » « et l’ont empêchée à plusieurs reprises de respirer. Ce sont des faits d’une particulière gravité, puisqu’il y aurait pu y avoir asphyxie », a déclaré dans son réquisitoire le représentant du parquet, pointant des faits « complètement gratuits », « extrêmement graves et inexcusables ».
« Ce n’est pas de la violence, c’est du harcèlement contre la chasse à courre. Les gens, c’est leur passion, leur loisir, et systématiquement, ils sont perturbés », a souligné l’avocat de la défense, André Raiffaud.
Le parquet a requis respectivement 12 mois et 10 mois d’emprisonnement avec sursis contre les autres mis en cause, les trois derniers étant principalement responsables pour les coups portés à « Christophe ». Le parquet a également réclamé à l’encontre de chacun « une pleine interdiction » de la chasse « de trois années ».
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 25 juillet.
En fin de procès, les cinq prévenus ont exprimé des regrets.
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