Le président russe Vladimir Poutine a promis une réponse « militaro-technique » et, pour son ministre des Affaires Étrangères Sergei Lavrov, « l’Occident a déclaré une guerre totale » à la Russie. Car le président finlandais Sauli Niinistö a informé samedi 14 mai son homologue Vladimir Poutine de la candidature imminente de son pays à l’Otan. Ce faisant, la Finlande se prépare à transformer ses 1300 kilomètres de frontière avec la Russie en une nouvelle ligne de front pour l’opposition entre le camp russe et « l’Occident. » L’adhésion à l’OTAN, c’est pour Moscou l’ennemi aux frontières, le risque d’attaque à sa souveraineté, la possible destruction de la nation. « L’opération militaire spéciale » en Ukraine n’a commencé que pour faire face à la menace perçue d’une prise en tenailles de la Russie par les forces alliées aux États-Unis ; ce que l’Ukraine n’a pas fait, c’est la Finlande qui le réalise.
Mais pourquoi la paisible Finlande, que devrait suivre la Suède, prend-elle le chemin accéléré d’une alliance militaire qui la met en opposition directe à son plus proche voisin ? Pour le président Niinistö, qui depuis des années entretient des relations soutenues avec Vladimir Poutine et a été le protecteur de la neutralité finlandaise, celui-ci a « laissé tomber le masque » quand il a fait entrer ses troupes en Ukraine. Le dirigeant russe serait devenu imprévisible et incontrôlable depuis la fin de 2021 ce qui a, pour la Finlande, transformé un risque latent et maîtrisable en un danger pressant. Le 10 mars, la Finlande a donc officialisé sa réflexion sur une sortie de neutralité puis, à la mi-avril, les aviations finlandaises et suédoises ont rejoint des exercices militaires de l’OTAN ; l’opération habituelle de coopération a pris un relief particulier dans le contexte ukrainien.
Les autorités russes ont prévenu que l’adhésion de la Suède et de la Finlande à l’OTAN aurait pour conséquence le déploiement d’armes nucléaires russes en bordure de la Baltique. C’est en réalité déjà le cas avec les installations nucléaires de la région de Kaliningrad, mais l’avertissement va mettre les Finlandais et les Suédois sur les dents. La Russie peut aussi multiplier les cyberattaques, les incursions de ses sous-marins et avions de chasse, mais elle fait déjà régulièrement tout cela.
Le risque le plus réel est celui de l’engrenage. Le président russe est, pour la première fois depuis longtemps, mis en position de faiblesse, ce que les États-Unis cherchent à exploiter en l’encerclant avec le bloc de l’Alliance atlantique. C’est d’après le stratège chinois antique Sun Zi la pire erreur possible : un ennemi affaibli et acculé peut avoir une réaction suicidaire d’orgueil et de désespoir. C’est là sans doute la raison des démarches du Président Macron, qui tente encore de trouver une porte de sortie « honorable » pour le régime russe. Une approche vertement critiquée par l’Ukraine blessée, qui voudrait que le sang ukrainien soit payé par l’humiliation de la Russie.
Faut-il faire payer cher à Vladimir Poutine, après la Tchétchénie, la Géorgie, la Crimée, Alep, comme la France a fait payer cher à l’Allemagne en 1918, provoquant ainsi la montée du nazisme ? Deux camps de pensée s’opposent dans la presse, entre les partisans de la fermeté absolue et ceux qui proposent la conciliation. Une coïncidence de l’actualité offre un éclairage inattendu à cette question : la Finlande n’a pas récemment été citée que pour son adhésion prochaine à l’OTAN, mais parce qu’elle serait le pays « le plus heureux au monde. » C’est ce qu’affirme le classement du World happiness report, un épais document rédigé par des sociologues et économistes internationaux. Si son titre sonne comme la production maladroite d’adeptes de la méthode Coué, il développe une méthodologie scientifique très sérieuse et porte un message éclairant en évaluant sur des critères objectifs le niveau d’épanouissement des populations de 136 pays. Des indicateurs comme la confiance en autrui et la bienveillance y sont mesurés. Les auteurs notent en particulier que sur les dix dernières années, la contribution de la richesse matérielle à la perception collective du bonheur a significativement diminué dans le monde. L’harmonie et le calme intérieur, traditionnellement des recherches des cultures orientales, prennent par contre une importance accrue.
Dans ce dernier rapport publié en mars, soit au moment de l’arrivée des tanks en Ukraine, mais qui analyse les tendances des années 2020 et 2021, la valeur du soutien de l’autre et des émotions « positives » ressort comme un des marqueurs clés dans l’échelle de ce qui constituerait le bonheur. Pourquoi cette référence ? Ce rapport nous fait découvrir que les 20 pays les plus heureux au monde sont le « camp occidental » contre lequel lutte la Russie (avec la France en vingtième position.) C’est loin et très bas dans le dernier tiers du classement qu’arrivent la Russie, la Biélorussie, l’Ukraine, les pays d’Asie centrale qui soutiennent Moscou, et puis l’Inde, la Chine et une très grande partie de l’Afrique. Soit à peu près tous ceux qui n’ont pas condamné l’invasion de l’Ukraine. Le conflit démarré en mars et qui, comme un gouffre en formation, emporte à force d’écroulements successifs un pays après l’autre dans une spirale guerrière, serait donc celui de peuples malheureux qui pensent avoir peu à perdre et plus à gagner dans un conflit. Soit une revanche face à l’histoire, soit le panache d’une fin glorieuse. Si la Finlande adhère à l’OTAN en ayant confiance en son futur, en Russie on vit comme dans un drame de Tchaïkovski auquel se seraient ajoutées les plaies du communisme. Prêtons donc attention à ces peuples sans espoir, leurs gouvernements n’ont rien à leur promettre et peuvent donc tout oser.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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