La Banque centrale américaine a drastiquement changé de cap mercredi en renonçant à relever les taux d’intérêt cette année, dans la perspective d’un ralentissement plus marqué de la croissance aux Etats-Unis et d’une inflation toujours plus contenue.
Le Comité monétaire a estimé qu’en début d’année, « le marché du travail reste solide mais la croissance de l’activité économique a ralenti comparé au rythme soutenu du quatrième trimestre« , selon son communiqué mercredi. La Fed table désormais sur une expansion de 2,1% pour 2019 contre 2,3% estimée en décembre. L’inflation devrait, elle, atteindre 1,8% contre une projection de 1,9% précédemment.
Des données récentes montrent, au premier trimestre, un accroissement plus faible des dépenses des ménages, traditionnel moteur de l’économie américaine, ainsi que des investissements moins importants, explique également la Fed.
Elle observe que « globalement, l’inflation a ralenti sur douze mois, essentiellement en raison d’une baisse des prix de l’énergie« , notamment de l’essence. Sans les prix volatils des secteurs de l’énergie et de l’alimentaire, l’inflation demeure autour des 2%, cible de la Fed.
Le président de la Fed Jerome Powell a affirmé que la croissance américaine était encore « solide » mais « probablement plus lente« . Il a de nouveau prôné une attitude patiente: les données suggèrent qu' »on devrait (… ) laisser la situation se clarifier d’elle-même« , a-t-il dit au cours d’une conférence de presse.
Il a ajouté que cela « pourrait prendre du temps avant que les perspectives d’emplois et d’inflation invitent clairement à un changement de politique« . « C’est un excellent moment pour se montrer patient« , a-t-il martelé.
La Fed, qui prévoyait jusqu’alors encore deux hausses de taux d’intérêt, a donc adopté une position très prudente. En 2018, elle avait relevé quatre fois les taux.
Ce changement d’approche, plus drastique que ne l’anticipaient de nombreux analystes, et résolument « colombe« , c’est-à-dire très accommodant, reflète l’attitude tempérée de la banque centrale vis-à-vis de l’évolution de la conjoncture et des tensions à l’international.
S’agissant des risques à l’international, le président de la Fed a cité la difficile sortie du Royaume Uni de l’Union européenne ou encore les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine.
De hauts responsables américains se rendent à Pékin la semaine prochaine pour tenter de mettre fin à la guerre commerciale entre les deux premières puissances mondiales entamée il y a un an et qui pèse sur la croissance de l’économie mondiale.
Le dollar chutait face à la devise européenne mercredi après l’annonce de ce virage net de la Fed par rapport à ses précédentes anticipations. Les taux au jour le jour, qui influencent tous les autres types de crédits, ainsi que l’activité industrielle, immobilière et la consommation, restent donc entre 2,25% et 2,50% après une dernière hausse en décembre.
La faible inflation, qui est restée ces deux derniers mois sous la cible des 2% que la Fed estime bénéfique pour l’économie, est le principal critère qui invite le Comité monétaire à faire une pause sur le renchérissement du crédit.
L’affaiblissement de la croissance mondiale, particulièrement en Chine et en Europe, a en outre poussé la Réserve fédérale à la prudence qui contraste avec l’optimisme affiché de l’administration Trump. Cette dernière estime que la croissance des Etats-Unis devrait atteindre 3,2% cette année et 3% pour les dix ans à venir, a ainsi affirmé mardi Kevin Hassett, économiste de la Maison Blanche.
Selon les chiffres du département du Commerce, l’expansion américaine est parvenue à 2,9% en 2018, une cadence obtenue notamment « grâce au soutien important de la demande » suscité par les baisses d’impôts, a relevé M. Powell. Interrogé sur la dichotomie entre les prévisions de l’administration Trump et celle de la Fed, M. Powell a assuré qu’il n’avait « pas vu » les projections de la Maison Blanche.
Cette pause de la Fed, qui a commencé en début d’année, est intervenue non seulement après une forte volatilité des marchés boursiers, inquiets des hausses des taux, mais encore à la suite des critiques de Donald Trump envers la Banque centrale. Jerome Powell insiste régulièrement sur le fait que la Fed reste « apolitique » et ne prend ses décisions que sur la base des données économiques.
Sur le front de l’emploi, la Banque centrale prévoit une remontée du chômage à 3,7% cette année après 3,5% en 2018.
Enfin, à l’issue d’une réunion à l’agenda très fourni, la banque centrale a annoncé qu’elle cessera en septembre de réduire son portefeuille de bons du Trésor qu’elle a accumulé à son bilan après la crise.
HS avec AFP
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.