Beaucoup de morts, beaucoup de sang, beaucoup de pleurs… et beaucoup de peur. Les dramatiques attentats de Paris ont comme glacé toute la France, malgré cette mi-novembre qui nous offre encore un peu d’été indien. A Paris maintenant, c’est l’hiver. La vie s’est presque retirée des rues et l’on sent une sorte de silence lourd jusque dans la reprise des mouvements du quotidien, comme si une neige d’inquiétude étouffait tous les bruits.
Serions-nous pris par le froid ? Aujourd’hui est différent de l’après-Charlie, quand l’émotion avait fait se rassembler des dizaines de milliers de personnes à République, et que l’union s’exprimait à haute voix – même si elle était superficielle ; aujourd’hui c’est « la guerre » et l’état d’urgence, l’armée sera probablement durablement mobilisée à Paris et les frappes contre Daesh intensifiées ; les rassemblements ayant été interdits, il ne reste guère que les réseaux sociaux d’Internet pour exprimer, un peu, l’unité des français.
Hors de Paris, beaucoup commencent à chuchoter qu’il vaut mieux éviter de venir visiter la capitale, qu’on peut aussi bien faire les achats de Noël dans une grande surface de banlieue ou de province, que la magie des illuminations parisiennes attendra une prochaine fois. On entend qu’on peut aussi éviter les salles de spectacle, les restaurants, et même les cinémas. Rester chez soi. Plusieurs concerts ont été annulés parmi lesquels ceux des stars américaines de U2 et des Foofighters, des chanteuses Louane et Cœur de Pirate… et bien d’autres, chacun se laissant gagner par la tentation de trouver refuge dans le silence. Les spectateurs, d’ailleurs, n’ont pas le cœur à sortir.
Cette attitude collective de rétractation est un parallèle frappant de celle de certains proches des victimes reçus par les cellules de soutien psychologique – face à une douleur trop forte et trop soudaine, ils n’expriment rien tandis qu’au fond d’eux tout s’écroule. Cette absence de réaction inquiète plus les psychologues qu’une blessure qui s’exprime par la révolte, par la volonté de combat, marquant le démarrage d’un processus de retour à la vie. Soyons clairs : Sans réaction de tous, l’objectif des terroristes aura été atteint ; le communiqué de revendication de Daesh montre que leur volonté était de frapper les « croisés » au cœur de leur vie sociale et culturelle. Car, des expositions jusqu’aux grands spectacles de danse classique, on trouve à peu d’endroits comme à Paris cet éventail de possibilités allant de la plus hermétique à la plus lumineuse. Ce que veulent au final les esprits sombres de Daesh, c’est éteindre la ville-lumière, supprimer la culture et ne remplir nos esprits que de leur spectacle d’obscurité et de mort.
Alors ? La réplique ne peut être uniquement celle de l’armée et des cordons policiers ; ceci est la réponse de l’État. Il nous faut une réplique massive des citoyens, une révolte qui montre à Daesh que les français ne sont pas les moutons terrorisés et cachés qu’ils imaginent. Sur un dessin d’enfant fait samedi 14 novembre était écrit : « la terreur, même pas peur. » Multiplions les expositions artistiques, sortons plus encore qu’avant, allons voir les meilleurs danseurs classiques, écoutons les orchestres les plus talentueux. Le programme culturel parisien à venir est riche de grandes occasions de dire notre volonté d’harmonie, de couleurs, de vie. Voilà notre réponse : Sortir, sortir, sortir.
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