France 2 lance une nouvelle série documentaire visant à « déconstruire le roman national »

Par Emmanuelle Bourdy
7 octobre 2024 23:03 Mis à jour: 9 octobre 2024 00:46

Un nouveau programme, baptisé « Notre histoire de France », va être diffusé à partir de ce mardi 8 octobre sur France 2. Les premiers épisodes seront consacrés à Vercingétorix et à Clovis. D’autres seront dédiés à Charlemagne, Henri IV, Saint Louis, ainsi qu’à Jeanne d’Arc. Ils visent à déconstruire l’Histoire de France.

Le pari de ce programme, inspiré du format danois Historien om Danmark lancé en 2017, consiste à aborder, en moins d’une heure, le destin d’une figure de l’histoire et la vie quotidienne de ses contemporains anonymes. En misant sur Clovis et Charlemagne en prime time, le directeur des magazines de France Télévisions Nicolas Daniel, interrogé par 20 Minutes, indique avoir opté pour « un choix fort ».

« L’histoire est une discipline en mouvement »

Le directeur des magazines de France Télévisions a expliqué à nos confrères que l’idée de cette série était de « déconstruire un certain nombre de mythes provenant du Roman national, c’est-à-dire de la manière dont l’histoire a été réécrite pour la mettre au service de certaines idéologies, nationalistes ou autres, et influencer le présent au regard de cette réécriture ».

La productrice, Cécile Lévy, assure que ses équipes de production d’ITV Studios ont travaillé en collaboration avec un comité d’historiennes et d’historiens, experts des périodes concernées. « On en a interviewé d’autres pour apporter une multiplicité de points de vue et des éléments d’information, de contextualisation, des éclairages sur les conditions de vie, les rapports homme femme, etc. », a-t-elle précisé.

Pour elle, « l’histoire est une discipline en mouvement, ce n’est pas quelque chose de figé ». Pour étayer ses propos, elle a mentionné que certaines choses avaient changé par rapport à ce qu’elle avait appris à l’école.

« On a tout fait pour qu’il n’y ait pas de débat sur ce que l’on peut dire »

« On est conscient que l’histoire est une science humaine. On a tout fait pour qu’il n’y ait pas de débat sur ce que l’on peut dire à l’intérieur des six épisodes », a assuré de son côté Damien Piscarel, directeur adjoint aux programmes en charge des documentaires au sein d’ITV Studios.

« On propose une histoire qui rassemble, qui n’est pas polémique », a renchéri quant à lui Nicolas Daniel, qui craint néanmoins que certains ayant « une vision de l’histoire visant à diviser » le leur reproche. « Un certain nombre de personnes et de médias veulent nous expliquer que c’était mieux avant, que certaines personnes ne font pas partie de la France, etc. Il y a toujours eu ça, les historiens ont toujours vécu avec ça. »

« Certaines époques renvoient un miroir aux questions que nous nous posons aujourd’hui »

Dans le premier épisode, consacré à Vercingétorix, on y apprend que les femmes gauloises n’occupaient pas une position subalterne dans la société, mais qu’elles disposaient au contraire d’une autonomie financière et avaient le droit de divorcer, tout en conservant leurs biens.

Concernant Roland, contrairement à ce qu’indique la chanson, il n’aurait « jamais affronté des Sarrasins mais des Basques », affirme Nicolas Daniel, ajoutant « qu’il y a eu une réécriture postérieure de l’histoire qui visait à mobiliser les Français contre les Sarrasins ».

« Certaines époques renvoient un miroir aux questions que nous nous posons aujourd’hui. Par exemple, à l’époque de Clovis, les Syriens étaient accusés d’apporter une religion, la religion chrétienne, accusée de déstabiliser le royaume », avance le directeur des magazines de France Télévisions.

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