Au lendemain de la mobilisation des « gilets jaunes », Édouard Philippe a assuré dimanche avoir entendu la « colère » et la « souffrance » mais veut maintenir le « cap », alors que blocages et barrages filtrants se sont poursuivis dans plusieurs régions et pourraient persister lundi.
« Un gouvernement qui changerait de pied en permanence, qui zigzaguerait au gré des difficultés, (…) ne conduirait pas la France là où elle doit être conduite », s’est justifié le chef du gouvernement, invité du journal de 20H de France 2.
Le Premier ministre a de nouveau affiché les engagements pris par Emmanuel Macron de faire baisser les prélèvements obligatoires et de mieux rémunérer le travail, quitte à davantage taxer la pollution.
Au cours de ces manifestations, on a entendu de la colère, de la souffrance. On a entendu l’idée que les pouvoirs publics depuis longtemps ne répondaient pas aux inquiétudes et au sentiment de déclassement. Je l’ai entendue. #JT20H pic.twitter.com/LKLG55xt9c
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) November 18, 2018
« Le cap que nous avons fixé, il est bon et nous allons le tenir », a-t-il affirmé, tout en assurant avoir entendu la « colère », « la souffrance », « l’absence de perspectives », « le sentiment de déclassement et peut-être même d’abandon » des quelque 290 000 personnes qui ont manifesté samedi contre les hausses de taxes sur les carburants.
Dimanche, la mobilisation était plus faible mais de nombreux barrages filtrants ou blocages étaient signalés, à des ronds-points ou sur des axes autoroutiers, comme à Montélimar, Chalon-sur-Saône, au Mans et ailleurs dans l’Ouest, en Nouvelle-Aquitaine ou encore en Vaucluse ou dans le Var.
Ceux qui ont voulu utiliser le décès dramatique de cette manifestante en Savoie ont eu véritablement un comportement indécent. #JT20H pic.twitter.com/NUbGytVTKX
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) November 18, 2018
À Caen, les gendarmes sont intervenus dans l’après-midi pour disperser un millier de gilets jaunes sur un échangeur au sud de la ville.
Sur environ 150 sites, les manifestants avaient appelé à reconduire le mouvement, selon l’Intérieur. Beauvau n’a pas communiqué de chiffre sur le nombre de manifestants dimanche, estimés à environ 40 000 selon des médias.
Dans plusieurs endroits, les « gilets jaunes » ont indiqué qu’ils poursuivraient le mouvement lundi, comme à Brioude (Haute-Loire) ou dans le Morbihan. Au Mans notamment, une union aux routiers et agriculteurs pour empêcher l’accès à l’A28 est annoncée.
Samedi, les manifestants avaient bloqué autoroutes, ronds-points, hypermarchés ou organisé des opérations de péage gratuit. Des « gilets jaunes » se sont aussi rendus près de l’Élysée, où les forces de l’ordre ont utilisé des gaz lacrymogènes.
Le bilan humain est lourd avec un mort, une manifestante de 63 ans percutée par une conductrice prise de panique, et plus de 400 blessés – dont 14 gravement y compris parmi les forces de l’ordre – et les dégradations ont été nombreuses. 282 personnes ont été interpellées.
Avec la prime à la conversion, les Français peuvent accéder à des véhicules qui consomment moins et qui polluent moins. C’est :
✅ bon pour l’économie
✅ bon pour l’environnement
✅ bon pour leur portefeuille pic.twitter.com/uEbla5JuRU— Edouard Philippe (@EPhilippePM) November 16, 2018
« La liberté de manifestation, ce n’est pas l’anarchie », a rappelé Édouard Philippe au sujet des débordements.
On peut sans doute à la fois beaucoup mieux expliquer et beaucoup mieux accompagner. Je prends au sérieux les gens qui s’expriment. #JT20H https://t.co/tYKHEV3dfH
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) November 18, 2018
Dimanche, un manifestant a été grièvement blessé près de Saint-Quentin (Aisne) lorsqu’un automobiliste a forcé un barrage.
Si les gilets jaunes n’ont pas réussi à paralyser la France, tout le territoire a été touché durant le week-end par leurs actions, organisées en dehors des partis et des syndicats.
Samedi, Emmanuel Macron et Édouard Philippe avaient laissé Christophe Castaner monter au front. Le chef de l’État, en visite en Allemagne dimanche où le 18 novembre est un jour de commémoration aux victimes de guerre, ne s’est pas exprimé en raison du « devoir de décence », selon l’Élysée.
Un des engagements qui a été pris et qui sera tenu par ce Gouvernement, c’est de faire en sorte qu’à la fin du quinquennat et dès cette année, le niveau d’impôts et de taxes diminue. #JT20H pic.twitter.com/dcX2LjJqfO
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) November 18, 2018
Le chef de l’État « s’est déjà exprimé et s’exprimera de nouveau », « il sait quand il y a urgence et il le fera », a toutefois indiqué la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault.
François de Rugy ou Gérald Darmanin ont été envoyés dans les médias pour défendre le besoin de mener la transition écologique malgré un « ras-le-bol fiscal » reconnu par le ministre du Budget.
Édouard Philippe n'a pas validé sa proposition de pacte social de conversion écologique, le dialogue est-il encore possible avec le gouvernement ? #GiletsJaunes : ce mouvement spontané peut-il tenir ? Demain #RTLMatin 7h45 je reçois Laurent Berger #CFDT pic.twitter.com/KFkpBEGwkL
— Elizabeth Martichoux (@EliMartichoux) November 18, 2018
Selon un sondage publié par le Journal du Dimanche, 62 % des Français jugent qu’il faut « donner la priorité au pouvoir d’achat quitte à aller moins rapidement sur la transition énergétique » dans les prochaines années.
« Ce qui compte maintenant, c’est ce que le président de la République va entendre et comprendre. Et le sentiment que j’ai, c’est qu’ils n’ont pas compris », a lancé le patron des Républicains Laurent Wauquiez dimanche après-midi. « Il faut une initiative sur la fiscalité », d’après François Baroin, président (LR) de l’Association des maires de France.
Côté syndical, le patron de la CFDT Laurent Berger a appelé Emmanuel Macron à « réunir très rapidement » syndicats, patronat et associations « pour construire un pacte social de la conversion écologique ».
J’appelle @EmmanuelMacron et @EPhilippePM à réunir très rapidement les syndicats, les organisations patronales, les associations pour construire un pacte social de la conversion écologique.
Justice sociale et écologie sont compatibles ! Il y a urgence.— Laurent Berger (@CfdtBerger) November 17, 2018
Une idée poliment écartée dimanche par Édouard Philippe : « Je ne crois pas que ce que demandent les gilets jaunes soit une grande conférence avec les responsables politiques et des responsables syndicaux ».
D. S avec AFP
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