Un TGV sur deux circule en France pour le premier chassé-croisé des vacances d’hiver du fait d’une grève des contrôleurs, laissant à quai 150.000 vacanciers, selon SNCF Voyageurs. Face à la dégradation du service public financé par les impôts des français, la droite sénatoriale propose un texte pour encadrer le droit de grève.
« Nous ne sommes pas au rendez-vous », a concédé vendredi son patron, Christophe Fanichet sur BFMTV. Quelque « 850.000 Français vont pouvoir finalement partir en vacances » mais « je regrette que 150.000 Français ne vont pas pouvoir partir » car « ils n’ont pas forcément trouvé de solutions », a-t-il détaillé. « Ils ont été remboursés à 100% », a ajouté le responsable.
Avec trois contrôleurs sur quatre en grève vendredi et ce week-end, pour une revalorisation salariale, la SNCF a donné la priorité aux liaisons vers les Alpes. Les grévistes estiment que l’accord de sortie de crise négocié fin 2022 – où une grève le week-end de Noël avait laissé 200.000 voyageurs sur le carreau, tarde à être appliqué. Ils demandent aussi une renégociation de l’accord sur les fins de carrière. « Les engagements de l’entreprise qui ont été pris en décembre 2022 sont tenus », notamment sur les postes supplémentaires, a répliqué le patron de SNCF Voyageurs. Cette grève, lancée à l’initiative d’un collectif informel de contrôleurs, a relancé le débat sur le droit de grève pendant certaines périodes.
Un manque de considération à l’égard des usagers
Pour Bruneau Gazeau, président de la fédération nationale des usagers des transports, interrogé par Cnews, considère que les grévistes manquent de considération à l’égard des usagers « pour une profession dont l’objet est d’être au service des usagers ». Non seulement 150.000 personnes n’ont pas pu partir mais le mouvement a affecté un million de personnes, au bénéfice de « 3800 contrôleurs qui réclament une reconnaissance catégorielle très importante ». Bruneau Gazeau estime que la « disproportion » est très importante et la demande « aurait pu être négociée avant ».
Cette grève est « disproportionnée par rapport à la qualité du dialogue social a la SNCF », a estimé le ministre des Transports. « Ce qui m’intéresse, c’est que tout le monde revienne à la table des négociations. »
Un texte de la droite pour encadrer le droit de grève
Suite au commentaires d’une personne indiquant que le droit de grève est là pour défendre les libertés fondamentales, François Bellamy répond au micro de BFMTV « qu’aujourd’hui ce sont des millions de français qui sont privés d’un droit fondamental, le droit à pouvoir circuler librement ». M. Bellamy dénonce que la SNCF et les syndicats ont privé les français d’une entreprise publique dont ils comblent « le déficit désastreux » par leurs impôts chaque année. Et malgré que le prix des billets explosent, « c’est tous les jours que les français subissent la réalité de la dégradation de ce service essentiel ». Ainsi, il martèle que « les syndicats défendent leurs propres intérêts, leur propre rente ».
Le Premier ministre Gabriel Attal a déploré mercredi « une forme d’habitude » à voir une grève des cheminots au moment des vacances. Un texte de la droite sénatoriale interdisant les préavis autour des jours fériés et sur « les deux premiers et les deux derniers jours » des vacances scolaires est ainsi dans les tuyaux.
« On est écœuré »
Les voyageurs sont exaspérés par l’annulation de leur voyage, selon la Dépêche : « On est écœuré, ils pénalisent tout le monde. » C’est notamment le cas de Séverine qui devait aller à Clermont par TGV. Son train est annulé en raison de la grève. Une mauvaise nouvelle après avoir passé son « temps à regarder et actualiser le site de la SNCF ces dernières heures » et qui va devoir trouver un plan B pour rejoindre sa famille.
Certains ont plus de chance. « Je me suis ruée sur les BlaBlaBus dès que j’ai appris hier que mon train était annulé », raconte Jade, 22 ans, à la gare routière de Bercy, à Paris. « J’ai eu de la chance d’avoir une place car tout était complet très vite » en direction de Rennes.
Ce premier weekend de chassé-croisé voit les premiers retours de la zone C (Paris, Montpellier et Toulouse) mais aussi les départs de la zone A (Lyon, Bordeaux, Dijon…).
La circulation des trains est « fortement perturbée » depuis jeudi 20h00 et jusqu’à lundi 08h00, a prévenu l’opérateur ferroviaire.
Lundi, « ça va circuler normalement » avec « la quasi-totalité » des TGV et « 100% du plan de transport », a déclaré M. Fanichet. Ce week-end, le service est réduit de moitié sur les lignes TGV Inoui et Ouigo, ainsi que pour les Intercités. Le trafic est « normal » pour les trains Ouigo classiques et « perturbé » pour les liaisons européennes, comme l’Eurostar.
La circulation est meilleure sur les lignes locales avec « en moyenne, 8 TER sur 10 ».
Les clients concernés ont été tous prévenus par courriel ou SMS, assure la SNCF.
« Jeudi était un peu plus chargé. Les voyageurs qui viennent en gare aujourd’hui ont tous un billet », a assuré Séverine Long, directrice de la gare Montparnasse.
Une cinquantaine de « gilets rouges » étaient chargés d’informer les clients. À l’issue d’une visite de la gare, le nouveau ministre des Transports Patrice Vergriete a affirmé que « le travail qui a été fait en amont pour prévenir la population porte ses fruits ».
M. Fanichet avait assumé jeudi « la priorité » donnée aux « trains qui sont complets et… en février, ce sont les trains des Alpes ».
En contrepartie, certaines lignes sont davantage touchées, à l’image de Paris-Bordeaux, où les deux tiers des trains sont annulés. Il devrait y avoir plus de trains sur l’axe Atlantique à partir de dimanche, a annoncé le patron du TGV Atlantique Franck Dubourdieu à l’AFP. Si certains clients changent leur billet pour voyager lundi, « on va être en capacité de transporter tout le monde », a-t-il assuré.
Les voyageurs dont le train est supprimé pourront échanger leur billet sans frais ou se le faire rembourser. Le transporteur offre également une réduction de 50% sur leur prochain voyage aux clients concernés.
« Je pense que les vrais problèmes vont commencer ce week-end », craint Adrien Audoye, jeune parisien en transit à Grenoble vers l’Alpe d’Huez, qui se félicite d’avoir choisi un train « vendredi très tôt, un peu en décalé ».
Un préavis de grève a toutefois été déposé pour le week-end prochain par les aiguilleurs – sans pour l’instant inquiéter le patron de SNCF Voyageurs. « Je suis confiant que, le week-end prochain, tous les TGV circulent », a ajouté M. Fanichet.
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