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Pour de nombreux Chinois, Foshan, dans la province du Guangdong, au sud de la Chine, est le berceau des arts martiaux chinois. Ce film rend hommage à Maître Ip Man (ou Yip Man), qui a propagé la pratique du Wing Chun. Wing Chun est un art martial d’autodéfense qui avait gagné en popularité à Foshan grâce à l’enseignement du Maître Ip, puis dans le monde entier, grâce à Bruce Lee, son élève vedette de Hong Kong.
Maître Ip, d’apparence frêle, imprégnait son enseignement d’une dignité tranquille et d’une fierté farouche pour la tradition ancestrale qu’il défendait. Il n’est pas étonnant que son charisme lui ait valu la vénération de ses élèves et le respect de ses rivaux. Ip n’était pas un saint, mais ici, les cinéastes utilisent leur récit romancé pour transmettre des messages plus profonds, allant au-delà de ses coups, frappes, prises, coups de poing, croche-pieds et coups de pied.
Le respect mutuel
Beaucoup d’adolescents et jeunes adultes se lancent dans les arts martiaux par esprit de compétition, pour montrer à leurs camarades dans la rue qui est le plus fort, ou, à tout le moins, qui est le meilleur. La réponse d’Ip est simple : une compétence acquise uniquement pour semer la peur restera limitée. Au lieu de mépriser ses pairs, il faut cultiver le respect mutuel.
Ce n’est qu’ainsi que l’on peut apprendre des forces de chacun, exploiter ses faiblesses et favoriser l’apprentissage et le développement mutuels.
En revanche, une bravade arrogante se vante de n’avoir rien à apprendre. C’est ainsi que les élèves deviennent délinquants. Ip affirme que ce n’est que par un humble esprit d’apprentissage continu que certains élèves deviennent enseignants. C’est également ainsi que seuls certains enseignants passent du bon au grand talent.
Pour Ip, le secret réside dans le calme, voire l’apaisement de l’esprit. Ainsi, l’énergie du corps est conservée pour le moment où un exercice judicieux de cette puissance produit des résultats stupéfiants. Un Nordiste, prêt à en découdre avec Ip, raille le Wing Chun, le jugeant trop doux et féminin. Ip le corrige : « Un bon kung-fu ne dépend ni de l’âge ni du sexe. Il dépend de soi. »
Quelques meurtrissures instructives plus tard, lorsque le gaillard admet que son style nordique a perdu face à celui d’Ip, ce dernier le corrige à nouveau : « Ce n’est pas une question de style. Cela dépend de soi. » L’habileté, bien enseignée, peut faire bonne figure même à un combattant médiocre sur le terrain d’entraînement. Mais à moins qu’il ne s’élève au-dessus de la mesquinerie et de l’égocentrisme et n’apporte discipline et sagesse à son entraînement, il restera rabougri, qu’il soit élève ou professeur.
Une personnalité mature
Contrairement à Ip Man, les maîtres de kung-fu du sud de Foshan gaspillent leur énergie à se disputer pour savoir qui est supérieur. Ils sont facilement dominés par les futurs maîtres qui arrivent du nord d’un pas autoritaire. C’est une métaphore de la maturité personnelle.
Si une personne est divisée et accablée par l’envie, elle sera prise au dépourvu face à un défi extérieur. Celui-ci peut être physique, mental, familial ou financier. C’est aussi une métaphore de la maturité nationale. Malgré toutes leurs fanfaronnades sur le patriotisme et l’honneur, les écoles de kung-fu de Foshan, pourtant querelleuses, tombent en ruine lors de l’invasion japonaise.
Une intrigue secondaire, où des soldats impériaux japonais défient des civils chinois en duel, est un appel mélodramatique à restaurer non seulement l’honneur national perdu, mais aussi l’unité du corps et de l’esprit. C’est là qu’Ip domine les autres maîtres. Il domine autant de rivaux chinois égarés que de soldats japonais malveillants.
Son argument ? La maîtrise physique des autres est à la portée de la plupart des élèves les plus disposés. En revanche, la maîtrise spirituelle de l’agitation intérieure échappe même aux meilleurs professeurs.
Ip affirme que, bien que les arts martiaux impliquent le recours à la force, les arts martiaux chinois sont d’esprit confucéen ; ils sont davantage axés sur l’équilibre. Comme il le dit : « La vertu des arts martiaux est la bienveillance […] traiter les autres comme soi-même. » Il ne s’agit pas seulement d’économie de mouvement, mais aussi de grâce. Il ne s’agit pas seulement d’efficacité, mais d’élégance, et même de beauté.
Avec la bonne technique, la souplesse et la résilience, Ip sait qu’il peut vaincre ses ennemis extérieurs ; ici, à lui seul, il triomphe de dix hommes à la fois. Mais il sait autre chose. Le défi consiste à vaincre ses ennemis intérieurs : son orgueil trompeur, sa jalousie, son manque d’estime de soi et son égoïsme. Regardez comment, d’un geste doux et en quelques mots seulement, Ip conseille un jeune homme déterminé à s’autodétruire.
À l’écran comme dans la vie, Bruce Lee a tenté d’incarner la sagesse d’Ip Man. Dans Opération Dragon, lorsqu’un tyran le nargue à propos de son style de combat, Bruce Lee parvient à se montrer à la fois concis et profond. Fidèle à l’esprit de son maître, et avec un brin d’ironie, Bruce Lee déclare : « Mon style ? On peut appeler ça l’art de se battre sans se battre. »
Ces articles de réflexion peuvent intéresser les parents, les tuteurs ou les éducateurs d’adolescents et de jeunes adultes à la recherche de bons films à regarder ensemble ou à recommander. Ils présentent des films qui, visionnés attentivement, incitent les jeunes à devenir une meilleure version d’eux-mêmes. Vous pouvez regarder Ip Man sur Peacock, Roku, Apple TV et Amazon Prime.
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