Naruhito a officiellement accompli mercredi ses premières obligations en tant que 126e empereur du Japon, au lendemain de l’abdication de son père Akihito.
Au cours d’un cérémonial très codifié de six minutes, au côté de son frère cadet devenu prince héritier, le nouveau souverain, vêtu d’un costume queue-de-pie et portant des attributs (un grand collier et des décorations), a acté son accession au trône du Chrysanthème. Il s’est symboliquement vu attribuer les trois trésors sacrés, une épée, un miroir, un joyau, dont la possession officialise son statut d’empereur.
L’empereur était arrivé un peu plus tôt à bord d’une voiture noire, après avoir salué la petite foule massée le long du parcours, alors que le soleil était revenu sur Tokyo. Il devait prononcer son premier discours quelques dizaines de minutes après cette cérémonie d’où les femmes de la famille impériale étaient exclues. La seule invitée était l’unique ministre féminine du gouvernement de Shinzo Abe.
Pour la première fois en 202 ans, la succession se fait du vivant de l’empereur sortant, devenu à 00H00 mercredi empereur émérite, un titre inédit. Le Japon est ainsi entré dans la nouvelle ère Reiwa (belle harmonie) après trois décennies d’ère Heisei (parachèvement de la paix), qui a marqué les esprits en raison non seulement des nombreuses catastrophes naturelles qui l’ont émaillée mais aussi de la proximité inédite de l’empereur Akihito avec le peuple dont il a été le symbole.
Si la transition se fait sur un mode très protocolaire en fonction des rites liés au shintoïsme (ensemble de croyances animistes) et que la retenue est de mise y compris parmi la population, le changement d’ère n’en est pas moins un événement historique, accompagné d’un congé exceptionnel de 10 jours. A l’instar d’Akihito, les citoyens japonais sont unanimes à souhaiter une ère de « paix, de sécurité, de tranquillité ».
« Que Reiwa soit une période où tout le monde puisse vivre heureux. Pour ma part, je suis salarié et j’aimerais que s’ouvre une nouvelle période où l’on profite mieux de la vie », souligne Takashi Imamura, 35 ans. Minami Yoshida, étudiante de 22 ans, souhaite elle aussi « une ère paisible et joyeuse ».
Dans l’après-midi de mardi, Akihito, 85 ans, avait clos son règne par une courte cérémonie d’à peine dix minutes. « J’exprime du fond du cœur ma gratitude au peuple du Japon qui m’a accepté comme symbole de l’Etat et m’a soutenu », a-t-il lu, reprenant la définition de son rôle inscrite dans la Constitution entrée en vigueur en 1947 et par laquelle l’empereur a perdu son statut semi-divin.
Contrairement à 1989 (mort de Hirohito, aussi appelé empereur Showa), 1926 (mort de l’empereur Taisho) ou 1912 (mort de l’empereur Meiji), le passage d’Akihito à Naruhito découle d’une loi d’exception écrite sur mesure. Le premier avait subtilement exprimé en août 2016 son souhait d’être déchargé de sa tâche, qu’il ne pourrait plus « exercer corps et âme » en raison de son âge et d’une santé sur le déclin.
Son successeur a laissé entendre qu’il s’inscrirait dans la continuité de son ascendant, mais, comme le soulignent les éditoriaux de presse mercredi matin, il lui faudra imprimer sa marque. Si d’aucuns espèrent qu’il délivrera au cours de son règne qui débute un message international on le sait très préoccupé depuis toujours par l’enseignement aux jeunes générations du passé militariste du Japon ou le problème de l’eau dans le monde, d’autres jugent qu’il devra faire attention à ne pas être trop visible, trop actif.
« Je souhaite qu’il prie de façon discrète pour le peuple, afin de préserver sa stature d’empereur, c’est important pour la continuité du système impérial », a ainsi confié à l’AFP le retraité Kunio Nagahama.
D.C avec AFP
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