« Quand tu veux changer la stratégie, ça prend du temps pour voir les résultats »: Franck Loustric, entrepreneur français, veut croire, comme une partie du patronat français, que la politique d’Emmanuel Macron, un président jugé « pro-business », finira par être favorable aux entreprises. « Je ne suis pas déçu parce que je sais la difficulté de faire avancer les choses en France », confie à l’AFP M. Loustric, au moment où M. Macron doit faire face à une chute de sa popularité et au mécontentement d’une partie des Français. « C’est pareil quand tu es un manageur, quand tu veux changer la stratégie, ça prend du temps pour voir les résultats ».
Ce patron français qui préside Scentys, une start-up spécialisée dans les diffuseurs de parfum, espère que le cap fixé en 2017 par Emmanuel Macron pour son quinquennat (notamment un allègement de la fiscalité et la réforme du code du travail) lui permettra un jour d’embaucher plus. Créée en 2004, Scentys, basée à Paris, a développé une technologie pour diffuser des parfums à domicile ou dans des bureaux sans avoir recours à des solvants ou à de l’alcool. Comptant moins d’une vingtaine de salariés, elle a acquis des dizaines de clients en France et à l’étranger mais n’a dégagé ses premiers bénéfices qu’en 2017. Son chiffre d’affaires 2016 tournait autour de deux millions d’euros.
De l’autre côté du spectre patronal, Pierre-André de Chalendar, PDG de la multinationale Saint-Gobain (179.000 employés, environ 40 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2017), loue aussi l’action de M. Macron. « Ce qui a été fait par le chef de l’Etat et son gouvernement est très positif », a-t-il déclaré au Figaro samedi, estimant qu’« ils ont apporté des réponses importantes à de vrais problèmes ».
Ancien banquier d’affaires au profil pro-entreprises, M. Macron a remporté la présidentielle de mai 2017 en promettant de « transformer la France », d’améliorer sa compétitivité, et de ranimer une croissance jusqu’alors atone. Il a entamé plusieurs réformes du modèle social. Accusé par ses détracteurs de vouloir l’affaiblir, le gouvernement affirme souhaiter re-dynamiser la France en instaurant plus de souplesse.
La réforme du droit du travail, saluée par le patronat mais qui a divisé les syndicats, a été validée fin septembre 2017. Elle vise à assouplir une réglementation jugée trop lourde et complexe par les entreprises dans le domaine des contrats, modalités de licenciement, la représentation syndicale, etc… Autre fer au feu gouvernemental: le tentaculaire projet de loi Pacte, dont l’objectif est de faciliter la vie des entreprises, mieux associer les salariés et donner de la vigueur à la croissance avec des privatisations à la clé. Un texte qualifié d’inabouti par l’opposition en France.
Développer l’intéressement des salariés, « c’est une très bonne mesure: ça aurait pu être intéressant pour nous », commente auprès de l’AFP M. Loustric. Mais pour l’instant, les effets économiques ne sont pas flagrants. Le taux de chômage n’a baissé qu’à la marge (9,1%). Et début octobre, le Fonds monétaire international a baissé à 1,6% sa prévision de croissance pour la France en 2018 et 2019, en repli de 0,1 et 0,2 point de pourcentage par rapport à la prévision de juillet.
En décembre 2017, M. Macron avait prévenu que ses réformes n’auraient pas un « impact immédiat » sur le chômage mais promis qu’elles porteraient leurs fruits « dans les cinq ans ». La situation économique de la France reste fragile », relève M. de Chalendar, qui juge que « le gouvernement n’est pas encore allé au bout des réformes ». Mais M. Macron risque de se retrouver handicapé par une popularité déclinante. Sa politique est notamment perçue comme inégalitaire par une partie de l’opinion, avec des impôts et des cotisations sociales qui battent des records, et des coupes budgétaires impopulaires.
« Nombre d’entreprises n’ont pas encore mis en oeuvre les mesures » découlant des ordonnances travail, note de son côté Jean-Louis Mourier, économiste à Aurel BGC. « Disons que c’est un peu moins révolutionnaire que ce qui a été vendu; ils avaient promis à la fois de réduire le déficit et de réduire les dépenses, mais ce n’est pas vraiment le cas encore », analyse-t-il.
Commentant le projet de budget 2019, la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) a estimé que « les chefs d’entreprise ne perçoivent pas, à ce jour, un desserrement de l’étau fiscal qui les étouffe ». Elle regrette aussi « que ce budget ne traduise pas un véritable mouvement de baisse des dépenses publiques sans lequel il sera difficile de baisser les prélèvements obligatoires qui ont atteint en 2017 un nouveau record à 45,3% du PIB ».
D.C avec AFP
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