Emmanuel Macron, en forte chute dans les sondages, affronte son premier grand défi politique avec la présentation d’une réforme « ambitieuse » du droit du travail destinée selon lui à lutter contre le chômage.
Ce grand chantier, avant la refonte prévue de l’assurance chômage, des retraites et de la fiscalité, marque la première étape d’une « rénovation du modèle social » promise par le chef de l’État élu le 7 mai dans un pays que lui-même a décrit comme « pas réformable ».
Affichant sa volonté d’aller vite, le gouvernement a opté pour la procédure accélérée des ordonnances qui lui permet de décider du contenu de la réforme sans passer par un débat parlementaire.
Plafonnement des indemnités en cas de contentieux, réduction des délais de recours des salariés, possibilité de négocier sans syndicat en dessous de 50 salariés: les ordonnances font la part belle aux petites et moyennes entreprises qui représentent près de la moitié des salariés en France.
« Changer l’état d’esprit du code du travail »
La réforme vise « changer l’état d’esprit du code du travail » et donne « pour la première fois » la priorité aux petites et moyennes entreprises, a insisté la ministre du Travail Muriel Pénicaud, au cours d’une conférence de presse.
Les textes concoctés dans le plus grand secret après plusieurs réunions de concertation visent à « rattraper des années perdues » après « des décennies de chômage de masse », a pour sa part déclaré le Premier ministre.
Le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) François Asselin a salué une réforme « particulièrement pragmatique ».
S’il leur faut encore décortiquer dans les détails les quelques 200 pages publiées jeudi matin, les syndicats sont moins enthousiastes. « Toutes nos craintes sont confirmées (…) c’est la fin du contrat de travail », a déclaré Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, un des principaux syndicats français, en appelant « les travailleurs, les retraités et les jeunes à aller dans la rue le 12 septembre ».
Se félicitant d’avoir obtenu gain de cause « sur plusieurs points », le secrétaire général du syndicat CFDT Laurent Berger a exprimé sa « profonde déception face à l’opportunité qui était de faire du dialogue social un élément central de la gouvernance des entreprises », mais sans appeler à manifester contre la réforme. Le syndicat FO est sur la même ligne: « il y a des désaccords qui persistent », mais cela ne se règlera pas dans la rue, a déclaré son chef de file Jean-Claude Mailly au sortir de la réunion.
L’objectif affiché par le président Macron est de donner plus de flexibilité aux entreprises et, in fine, de les encourager à embaucher alors que le chômage, préoccupation numéro un des Français, reste massif. Il touche 9,5% de la population active, et avant tout les jeunes.
Vu de l’étranger
Les enjeux ne sont pas seulement nationaux, car le président Macron « représente un espoir pour tous ceux qui attendent une réforme de la France, en particulier l’Allemagne », souligne le professeur Christian Lequesne, du Centre de recherches internationales (CERI).
« C’est un test », alors que « ce qui ressort toujours de la perception de la France dans les pays environnants, c’est l’incapacité de ce pays à réussir la réforme des politiques publiques sans que ce soit immédiatement la guerre sociale », estime-t-il.
« Vivre avec l’impatience du peuple »
Pour M. Macron, qui voit la France en moteur d’une Europe « relancée », « leader du monde libre », l’enjeu est de taille. « De plus en plus, le leadership que l’on peut avoir dans l’espace international ou transnational européen dépend de sa capacité à mener à bien son propre pays », selon le chercheur.
Trois mois après son élection, fruit d’un vote de barrage à l’extrême droite, la cote de popularité du président centriste a accusé une baisse impressionnante dans les sondages.
Le dernier, publié mercredi, le voit chuter de 10 à 13 points en un mois, 19 en trois mois, selon de récents sondages. Il conserve son socle au sein des partisans de son mouvement politique, La République en marche, mais le perd en partie à gauche chez les socialistes et à droite chez les Républicains, selon un sondage Kantar Sofres-OnePoint pour Le Figaro Magazine.
« Pédagogie » est de ce fait devenu le mot d’ordre du gouvernement pour cette rentrée sous tension. Le chef de l’État s’attend néanmoins à « vivre pendant des mois avec l’impatience du peuple », comme il l’a dit dans un entretien-fleuve publié jeudi mais demande à être jugé sur la durée.
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