La France s’apprête à rouvrir à la visite le Tombeau des rois, joyau archéologique vieux de 2.000 ans dont elle est propriétaire au cœur de Jérusalem et qui était fermé au public depuis 2010, a annoncé le consulat général de France.
Ce remarquable exemple d’architecture funéraire de l’époque romaine, qui renfermait autrefois des sarcophages dans des chambres à alcôves, passe pour l’un des plus grands complexes de cette période dans la région. Il sera accessible à partir de jeudi, et tous les mardis et les jeudis matins, uniquement sur réservation en ligne, a indiqué le consulat sur son site internet. La visite, payante, est limitée à 15 personnes par tranche de 45 minutes.
« Le Tombeau des rois est un site funéraire. Les visiteurs doivent être convenablement vêtus », peut-on lire sur la page de commande des tickets. Les tombes elles-mêmes sont fermées au public pour des raisons de conservation et de sécurité. Le vaste site dissimulé derrière un mur et un portail de métal tout près de la Vieille ville est signalé par un drapeau bleu-blanc-rouge et un panneau « République française, Tombeau des rois ».
Son accès est un sujet éminemment délicat pour des raisons politiques et religieuses, comme beaucoup de ce qui a trait à l’archéologie dans la Ville sainte. Les juifs ultra-orthodoxes vénèrent les lieux comme un site d’inhumation de leurs ancêtres et réclament de pouvoir y prier. L’affaire a, un temps, été portée devant la justice rabbinique.
Le Tombeau des rois est par ailleurs situé à Jérusalem-Est, partie palestinienne de Jérusalem occupée par Israël depuis 1967 et annexée. Cette annexion a été déclarée illégale par la communauté internationale. Israël considère toute la ville comme sa capitale, alors que les Palestiniens espèrent faire de Jérusalem-Est celle du futur Etat auquel ils aspirent.
En rouvrant le site, la France met en oeuvre une « décision prise de longue date », a indiqué une porte-parole du consulat général. La réouverture constituait « l’objectif des travaux très importants (destinés à) sécuriser le site pour le public », a-t-elle dit. Les travaux commencés en 2009 ont coûté environ un million d’euros.
Le site et le droit de propriété français ont une histoire complexe.
En 1863, le français Félicien de Saulcy, considéré comme l’un des pères de l’archéologie biblique, prenait en main les fouilles engagées peu auparavant et cherchait à confirmer qu’il avait affaire aux tombes des rois Salomon et David. L’hypothèse a été écartée, mais le nom du tombeau est resté. Plusieurs sarcophages ont été découverts à l’intérieur et se trouvent maintenant au Louvre.
L’un d’eux porte une inscription en araméen qui, selon la théorie la plus communément admise, fait référence à la reine Hélène d’Adiabène (dans l’actuel Kurdistan irakien), qui aurait fait construire le tombeau pour sa dynastie. Elle se serait convertie au judaïsme et aurait été enterrée à Jérusalem.
Après les excavations conduites par de Saulcy, le site a été acheté par les frères Pereire, des banquiers français juifs qui l’ont cédé ensuite à la France. Le ministre israélien des Affaires étrangères Israel Katz a salué dans un communiqué la décision de la France, prise après des négociations « compliquées ».
Il a invité « le grand public à visiter des lieux qui revêtent une grande signification pour le peuple juif et offrent un témoignage supplémentaire du lien profond et multi-générationnel entre le peuple juif et sa capitale éternelle, Jérusalem », a-t-il dit, parlant de « grande signification religieuse et nationale ».
Interrogée sur les propos du ministre, la porte-parole du consulat général s’est contentée d’indiquer: « Nous rouvrons dans le respect des règles que nous nous sommes fixées ».
E.T. avec AFP
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.