Alors que le pape François entame samedi son premier voyage au Japon, voici un aperçu des religions pratiquées depuis des siècles dans l’archipel nippon.
Il n’y a pas au Japon de « religion d’Etat » et la Constitution japonaise d’après-guerre prévoit la séparation de l’Etat et de la religion. Néanmoins, les principales religions sont le shinto et le bouddhisme.
Les deux s’entremêlent dans la vie des Japonais, tant et si bien que le nombre estimé de croyants dépassent celui de la population du pays.
Le shinto revendique 86 millions de croyants et les diverses sectes du bouddhisme 85 millions, selon la dernière estimation de l’Agence des affaires culturelles du gouvernement japonais.
Le shinto religion indigène du Japon
Polythéiste et animiste, le shinto est la religion indigène du Japon, aux origines très anciennes.
Tous les objets et phénomènes naturels sont censés avoir leur propre divinité: les « kami », ou esprits, sont ainsi partout dans la nature. Les pratiquants considèrent que ces dieux peuvent être bienveillants ou malveillants, et que des offrandes dans des sanctuaires permettent de s’attirer leurs bonnes grâces.
Il n’y a pas d’écritures saintes ou de figures fondatrices, bien que l’empereur du Japon soit considéré par certains comme le chef du culte shinto.
A l’ère Meiji (1868-1912) le shinto avait été érigé en religion d’Etat autour de la lignée impériale. Les rites shinto continuent de jouer un grand rôle dans les cérémonies d’accession au trône d’un nouvel empereur, comme Naruhito cette année.
Le shinto érigé en religion d’Etat autour de la lignée impériale
Les Japonais achètent des amulettes dans les sanctuaires comme porte-bonheur pour toutes sortes d’occasions: examens, affaires, naissance, sécurité routière…
Le culte des ancêtres est aussi un élément important du shinto, qui joue par ailleurs un grand rôle dans le plus japonais des sports, le sumo.
Inhérent aux Japonais, le shinto ne s’exporte pas et ne fait pas l’objet de prosélytisme.
Très postérieur au shinto, le bouddhisme s’est largement répandu après son entrée au Japon au VIe siècle.
Contrairement au shinto, il comporte une doctrine. Les pratiquants se rendent dans des temples où un moine dirige la prière.
Le bouddhisme venu de l’étranger
Le bouddhisme est arrivé au Japon de l’étranger (Chine, Corée) et s’est répandu par l’intermédiaire de l’aristocratie, alors que le shinto est une religion de terroir.
Les deux sont aujourd’hui intimement liés au Japon et il n’est pas rare de voir un sanctuaire sur le territoire d’un temple et vice-versa.
Généralement, les Japonais ont adopté le bouddhisme en plus du shinto et ne se sont pas « convertis » au bouddhisme.
Le christianisme a été introduit au Japon au milieu du XVIe siècle par le missionnaire jésuite espagnol François-Xavier, l’un des fondateurs de la Compagnie de Jésus. Les chrétiens ont au Japon une histoire faite de persécutions et de clandestinité de la fin du XVIe siècle à la deuxième moitié du XIXe.
Le christianisme venu au milieu du XVIe siècle
Le nombre de chrétiens japonais est estimé à 1,9 million, dont 440.000 catholiques. S’ajoute un nombre plus important mais indéterminé de croyants non-japonais, selon la Conférence des Évêques du Japon.
Les écoles créées par des missionnaires ont joué un rôle important dans l’éducation au Japon.
Musulmans, juifs et hindous sont également présents au Japon mais en petit nombre et il n’existe pas de statistiques officielles.
Noël, fêté dans la capitale Tokyo
Les Japonais mélangent souvent leurs religions, en introduisant même le christianisme dans l’ensemble.
Par exemple, les naissances sont célébrées dans un sanctuaire dans la religion shinto tandis que les deuils appartiennent normalement au culte bouddhiste.
Il n’est pas rare que les écoliers chantent des chants chrétiens pour Noël, qui est largement fêté dans la capitale Tokyo, avec musiques de Noël, illuminations et sapins présents dès le lendemain de Halloween. Les illuminations et sapins sont généralement retirés dès le 25 décembre pour laisser place aux préparatifs du Nouvel An.
le Nouvel An célébré dans les sanctuaires shintoïstes
Fête d’importance majeure au Japon, le Nouvel An est célébré en faisant sonner des cloches dans les temples bouddhistes et les Japonais prient le 1er janvier pour une année réussie dans les sanctuaires shintoïstes.
Les mariages peuvent aussi être l’occasion d’un mélange des rites bouddhistes et shintoïstes ainsi que chrétiens: il n’est pas rare pour les Japonais de se dire « oui » dans une chapelle sans motif religieux.
Enfin, à la fin de la vie, les âmes font l’objet d’une cérémonie bouddhiste dirigée par un moine.
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