La décision prise la semaine dernière par le Parti communiste chinois (PCC) d’abandonner la « politique de l’enfant unique », une mesure draconienne remontant à 1979, était un pas nécessaire face aux défis sociaux et démographiques qui deviennent de plus en plus importants.
Mais cette volte-face se justifie aussi une économiquement. Pékin est toujours aussi inquiet au sujet de la « vieille économie » chinoise, basée sur le développement du secteur manufacturier et de l’infrastructure à forte intensité en matières premières. Les chiffres officiels de l’accroissement du PIB chinois, de 6,9% au troisième trimestre 2015 sur la base annuelle, ont été accueillis avec scepticisme. Les économistes suggèrent que les données dans les domaines de la consommation d’énergie et les dépenses des consommateurs, ainsi que la réduction des taux d’intérêt par la banque centrale, indiquent un ralentissement économique beaucoup plus important.
Le régime chinois cherche désespérément une décision innovatrice qui permettra d’inverser la récente tendance économique. L’abandon de la « politique de l’enfant unique », accompagnée de l’abaissement des objectifs de croissance du PIB, sont les deux mesures les plus importantes et visibles dans le cadre du large changement de la politique envisagée pour les cinq prochaines années.
Les dépenses de consommation
Le Credit Suisse a estimé la semaine dernière qu’à partir de 2017, la suppression de la « politique de l’enfant unique » permettra d’augmenter de 3 à 6 millions le nombre annuel des nouveau-nés en Chine.
Ce qui est encore plus important dans les calculs du Credit Suisse, ces bébés supplémentaires permettront d’augmenter de 120 à 240 milliards de yuans (de 17 à 34 milliards d’euros) les dépenses directes de consommation. Le rapport estime à 40 000 de yuans (5 750 euros) le coût de dépenses annuelles pour élever un bébé. Ce montant ne prend pas en considération l’augmentation des dépenses indirectes sur l’énergie ou le développement de l’infrastructure suite à la croissance démographique.
Ce chiffre augmenterait de 4 à 6 % les dépenses annuelles de consommation au détail en Chine. Dans la première moitié de 2015, les dépenses de consommation ont contribué à environ 60 % du PIB du pays.
Dans une économie développée, les dépenses de consommation sont un élément important : par exemple, celles-ci contribuent entre 70 et 80 % au PIB des États-Unis. Cependant, au cours des deux dernières décennies, la croissance économique de la Chine a été dominée par le secteur manufacturier et le commerce. Alors que « l’ancienne économie » de la Chine ralentit, la croissance de la consommation et de la vente au détail pourrait être un facteur permettant d’aller de l’avant.
Les biens et les services non-essentiels, tels que les loisirs, l’hôtellerie et les divertissements, jouent un rôle de plus en plus important. Les ventes du commerce électronique ont augmenté en Chine de 36 % sur la base annuelle lors du troisième trimestre 2015, tirées par l’accroissement du commerce sur Internet et sur les mobiles. Alibaba Group, le baromètre du commerce électronique chinois, a rapporté le 27 octobre dernier que ses revenus avaient augmenté au troisième trimestre de 32 %, excédant ainsi les attentes de Wall Street et envoyant le pris de ses actions bien au-dessus de son prix de lancement.
Jeremy Haft, un entrepreneur qui effectue ses ventes en Chine, trouve que la « politique de l’enfant unique » a fait du tort à la démographie du pays, tandis que l’accélération de la croissance de la population suite à l’abolition de cette politique est une occasion qui pourrait apporter des milliards de dollars. « Toutes ces personnes auront besoin d’être nourries, vêtues, logées, guéries, alimentée en énergie, transportées et connectées au réseau », a-t-il précisé.
On a besoin d’emplois
En 2013, la Chine a assoupli sa « politique de l’enfant unique » en permettant aux couples qui étaient eux-mêmes composés par les enfants uniques d’avoir deux enfants. Mais jusqu’à présent, l’impact de cette mesure n’a pas amené de changements notables. Les coûts, la culture de l’importance du travail en Chine et le souhait de garder les familles assez petites expliquaient le fait que certains couples restaient réticents à avoir plus d’enfants.
L’avantage le plus importants résiderait dans la croissance des emplois. Des bons emplois sont nécessaires pour soutenir la croissance continue des dépenses de consommation. Les emplois traditionnels dans le secteur manufacturier quittent la Chine – les chiffres officiels de l’indice PMI ont été en octobre dernier au niveau de 49,8, indiquant une contraction. Pour la compenser, Pékin a cherché à stimuler la croissance des emplois dans le secteur des services, y compris des services financiers et commerciaux.
Certains chefs d’entreprises gardent leur optimisme. Selon SMC World, une organisation de commerce qui représente les principales entreprises de la chaîne d’approvisionnement mondiale, sur plus de 730 dirigeants d’entreprises internationales de différents secteurs, 314 ont déclaré que leurs sociétés envisagent d’augmenter leurs opérations en Chine, et seulement 72 ont indiqué de vouloir réduire leurs opérations.
Selon les statistiques officielles, lors des trois premiers trimestres 2015, 10,7 millions d’emplois ont été créés dans les zones urbaines de la Chine. D’habitude, la plupart des emplois de qualité se trouvent dans de telles zones.
Toutefois, l’accroissement des emplois dans le secteur privé suit toujours de près la situation des entreprises d’État. En dehors des zones urbaines, les perspectives d’emploi restent bien mauvaises, et les entreprises dans les secteurs du charbon, de l’acier et de la chimie se contractent de façon drastique pour réduire les coûts.
Impact sur le marché
La modification de la politique de l’enfant unique est une bonne nouvelle inattendue pour l’industrie laitière de la Nouvelle-Zélande, qui s’attend à voir augmenter la demande en lait en poudre, un important produit d’exportation de la Nouvelle-Zélande. Au cours du 29 et 30 octobre, le dollar néo-zélandais a gagné 1,7 %.
L’industrie des produits pour les bébés a vu les plus fortes hausses. Le 30 octobre dernier, les actions de China Child Care qui fabrique des produits de santé pour enfants, ont monté de 40 % à la bourse de Hong Kong. Les fabricants d’aliments pour bébés et de lait en poudre tels que Mead Johnson et Danone ont vu leurs actions s’envoler. Les fabricants japonais et coréens de produits pour enfants ont été aussi les grands gagnants la semaine dernière. Les marques japonaises et d’autre marques étrangères bénéficient d’une forte demande en Chine, car elles sont perçues comme ayant une qualité supérieure à celle des marques nationales.
Qui sont alors les perdants ? Les fabricants de préservatifs : le 29 octobre, Okamoto Industries, le fabricant principal de produits de caoutchouc japonais, a vu ses actions tomber de 10%.
À long terme, le plus grand impact de l’abandon de la « politique de l’enfant unique » se fera sentir dans les industries de services, de voyages et de la technologie. La jeune génération de Chinois est une grande consommatrice de services technologiques, smartphones, différents gadgets, et elle voyage
L’Associated Press a contribué à ce rapport.
Version anglaise : Removal of One-Child Policy Could Boost Chinese Economy
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