C’est une femme de foi et de science. Sœur Angel Bipendu, religieuse et médecin, bataille contre la pandémie en Lombardie, se rendant au domicile des malades de sa localité qu’elle soigne et réconforte.
Angel n’en est pas a sa première épidémie. En 2018, elle a connu le virus Ebola qui avait décimé le nord-est de son pays, la République démocratique du Congo, mais épargné la région centrale de Kananga où elle est née il y a 47 ans.
« Je pense à mon Congo où des malades vont mourir aussi de faim mais on s’en sortira, cette épidémie aussi s’en ira », assure la religieuse qui depuis quelques semaines troque régulièrement son voile de nonne contre une combinaison, des gants et un masque chirurgical.
Suor Angel Bipendu, nata in Congo e laureata in medicina a Palermo, ogni giorno visita gli ammalati casa per casa, girando i paesi delle valli bergamasche pic.twitter.com/2OMEMlBZ6T
— Tg3 (@Tg3web) March 31, 2020
Bardée de son armure stérile, la combattante assure des visites à domicile à Zogno, commune de 9.000 habitants dans la province de Bergame, où le coronavirus a tué environ 2.000 des 17.000 victimes dénombrées dans toute l’Italie.
« Je n’ai pas peur d’être infectée, j’ai juste peur de ne pas pouvoir faire tout ce que j’ai à faire », confie-telle à l’AFP.
Diplômée de la faculté de médecine de Palerme
Ses nombreux confrères morts depuis le début de la pandémie, une centaine en Italie, « n’ont pas reculé d’un pouce, ils sont passés outre et se sont contaminés au péril de leur vie », ajoute cette diplômée de la faculté de médecine de Palerme (Sicile).
C’était en 2015, elle avait alors 41 ans et avait décidé six ans plus tôt, sur le tard, de s’engager dans des études de médecine « pour ne pas être seulement bonne sœur… ».
Il y a deux ans, la religieuse répond à une annonce de l’Agence publique de santé de Bergame et se retrouve à assurer des gardes médicales dans un centre hospitalier local.
Usca, assistance sanitaire au domicile de patients infectés
Fin mars, alors que le mal fait rage en Lombardie, elle quitte (provisoirement) son couvent de religieuses canossiennes et rejoint l’Usca, une unité d’assistance sanitaire spécialement chargée de se rendre au domicile de patients infectés ou suspectés de l’être.
« Au début, ils me regardent d’un air surpris, ils se rendent compte que je ne suis pas un médecin traditionnel », raconte Angel.
« Alors je les laisse faire puis je me présente et je leur explique que je ne suis pas seulement médecin, que je suis aussi une religieuse et ils prennent ça bien », relève-t-elle.
Équipée de pied en cap, Angel prend la température de ses patients, vérifie leur taux d’oxygène dans le sang, suit leurs éventuelles maladies chroniques comme le diabète ou l’hypertension.
De nombreux médecins infectés et en quarantaine
« Bien sûr lorsqu’on constate un état critique, on appelle le 112 (Samu) et on demande leur hospitalisation », explique-t-elle.
La plupart sont âgés, certains vivent seuls et sont livrés à eux-mêmes « non parce qu’il n’y a personne pour les soigner mais parce que de nombreux médecins généralistes ont été infectés et sont en quarantaine ».
Et leur proches, même s’ils vivent à proximité, ne peuvent pas leur rendre visite, confinement oblige. Alors le soutien est aussi psychologique, il faut remonter le moral, rompre la solitude.
Une religieuse-médecin pleine de vitalité
« C’est formidable d’avoir une religieuse qui est aussi médecin dans notre communauté », explique à l’AFP le père Giorgio Carobbio, vicaire de la paroisse voisine de Almè.
« C’est une religieuse pleine de vitalité, elle nous conseille, aide aussi les jeunes et leurs familles », ajoute-t-il.
Entre 2016 et 2017, sœur Bipendu a côtoyé un autre drame humain, celui des migrants en Méditerranée, lors d’une mission sur un navire de secours du Corps italien de secours de l’Ordre de Malte (Cisom).
Elle raconte avoir pratiqué des accouchements en pleine mer, soigné des hypothermies ou des brûlures graves causées par le mélange d’essence et d’eau de mer dans les canots pneumatiques.
Mais ne lui demandez pas de faire des comparaisons parce que « ce sont deux tragédies… ».
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