Le Liban a annoncé mardi être en contact avec Washington et Paris pour qu’Israël se retire totalement du sud du pays, estimant que le maintien de son armée dans cinq positions qualifiées de « stratégiques » constituait une « occupation ».
Dans le sud du Liban, où Israël avait retiré le gros de ses troupes conformément à l’accord de trêve, des habitants rentraient dans leurs villages dévastés par plus d’un an de conflit armé.
À Kfar Kila, près de la frontière avec le nord d’Israël, de nombreuses voitures étaient garées à l’entrée du village, les habitants revenant à pied après l’expiration de la date limite pour qu’Israël retire ses forces, dans le cadre d’un accord de cessez-le-feu avec le Hezbollah pro-iranien entré en vigueur le 27 novembre.
Mais beaucoup, dont Alaa al-Zein, découvraient des maisons détruites. Certains cherchaient à récupérer des corps, parmi les dépouilles de combattants laissées depuis des mois. La défense civile a annoncé mardi avoir découvert 23 corps dans les localités frontalières, après le retrait israélien.
« Le village entier a été réduit en ruines. C’est une zone sinistrée, comme Hiroshima et Nagasaki », a assuré M. Zein, en affirmant que les villageois sont malgré tout déterminés à se réinstaller : « Nous installerons des tentes et nous nous assoirons par terre ».
D’autres attendaient à l’entrée du village, accompagnés de l’armée libanaise qui a annoncé s’être déployée mardi dans une dizaine de villages frontaliers après le retrait israélien.
Une présence encore dans cinq postes de contrôle
« L’armée israélienne s’est retirée de tous les villages frontaliers à l’exception de cinq points », a déclaré à l’AFP une source de sécurité libanaise. Le ministre de la Défense israélien, Israël Katz, a confirmé le maintien de forces dans cinq postes de contrôle. Israël avait prévenu lundi qu’il comptait « laisser temporairement un petit nombre de soldats déployés sur cinq points stratégiques le long de la frontière libanaise ».
L’ONU a averti mardi que tout retard dans le retrait israélien violait la résolution 1701 du Conseil de sécurité, qui avait mis fin en 2006 à la précédente guerre entre Israël et le Hezbollah, et sur laquelle repose l’accord de trêve actuel.
Le Liban, qui a dénoncé une « occupation », a dit qu’il allait saisir le Conseil de sécurité pour « obliger Israël à un retrait immédiat », ajoutant que son armée était prête à remplir son rôle dans la zone frontalière.
La présidence libanaise a dit poursuivre ses contacts avec les États-Unis et la France pour sommer Israël de se retirer « totalement ».
En attente de l’accord du Hezbollah
Quand l’armée libanaise sera entièrement déployée dans tout le sud du Liban, Israël « devrait achever son retrait du Liban, à condition que le Hezbollah continue de respecter l’accord » de cessez-le-feu, a expliqué à l’AFP Jonathan Conricus, ancien porte-parole de l’armée israélienne et analyste.
Cet accord a mis fin à deux mois de guerre entre Israël et Hezbollah, pendant lesquels les troupes israéliennes ont pris position dans le sud du Liban.
L’accord prévoyait qu’Israël achève le 26 janvier – une échéance ensuite reportée au 18 février – son retrait du sud du Liban, où seuls l’armée libanaise et les Casques bleus de l’ONU devront être déployés.
Le Hezbollah devait pour sa part démanteler ses infrastructures et se retirer au nord du fleuve Litani, à une trentaine de kilomètres de la frontière.
Le Hezbollah a dominé pendant des années la vie politique au Liban, mais plus d’un an d’échanges de tirs avec l’armée israélienne, « en soutien » au Hamas en guerre à Gaza, l’ont considérablement affaibli.
Depuis le début du cessez-le-feu, Israël a mené des frappes aériennes au Liban qui ont fait plus de 60 morts. Une vingtaine de personnes ont été tuées le 26 janvier, alors que des habitants tentaient de retourner dans les villages frontaliers.
Plus de 4000 personnes ont été tuées au Liban depuis octobre 2023, selon le ministère de la Santé. Du côté israélien, plusieurs dizaines de soldats et civils ont péri, d’après les autorités.
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