Deux personnalités contestées en leur temps, l’archevêque salvadorien assassiné Oscar Romero et son ami le pape italien Paul VI, sont devenus saints dimanche lors d’une grande cérémonie place Saint-Pierre au Vatican. Le pape argentin a prononcé la formule traditionnelle de canonisation devant des dizaines de milliers de fidèles dont de nombreux Salvadoriens ayant pu faire le voyage. « Nous déclarons et définissons saints les bienheureux Paolo VI, Oscar Arnulfo Romero Galdámez « , a lancé en latin le souverain pontife. Cinq autres bienheureux ont également été proclamés saints.
Plus de 60.000 personnes, selon le Vatican, étaient rassemblées devant la basilique Saint-Pierre dont la façade était ornée des portraits géants de ces sept nouveaux saints. Et au Salvador, des centaines de pèlerins venus de toute l’Amérique centrale ont célébré dans la nuit de samedi à dimanche cette canonisation. Arborant le visage de Mgr Romero sur leurs vêtements pour nombre d’entre eux, ils se sont rendus sur la tombe de l’archevêque assassiné dans la crypte de la cathédrale de San Salvador. « Nous sommes ici pour honorer la mémoire de Mgr Romero, qui a porté sa foi au point de donner sa vie pour ce qu’il croyait juste », a expliqué Francisco Navarro, 51 ans, venu du Honduras avec une trentaine de ses compatriotes.
Mgr Oscar Romero avait trouvé un mentor en Paul VI, son ancien professeur à Rome avec qui il entretenait une correspondance, et dont il soutenait la modernisation de l’Eglise inscrite dans le concile Vatican II. Le pape François, qui portait un cordon blanc tâché de sang de Mgr Romero et une chasuble de Paul VI durant cette cérémonie de canonisation, a également fait saints deux prêtres italiens et deux fondatrices d’ordres religieux, une Allemande et une Espagnole, qui ont tous aidé les pauvres. A également été canonisé Nunzio Sulprizio, mort à 19 ans au début du XIXe siècle. Le petit orphelin italien qui accepta une vie de souffrance avait été béatifié par Paul VI, qui considérait que « la jeunesse ne doit pas être considérée comme l’âge des passions désordonnées ».
Paul VI « a consacré sa vie à l’Évangile du Christ, en traversant de nouvelles frontières », a souligné le pape François dans son homélie. Il s’est fait « prophète d’une Église ouverte qui regarde ceux qui sont loin et prend soin des pauvres », a encore dit Jorge Bergoglio. Décrit comme un homme simple et proche du peuple, Oscar Romero, né en 1917, avait pris la défense des paysans sans terre, suscitant ainsi la colère des milieux les plus conservateurs du Salvador.
Il est « beau » qu’aujourd’hui il y ait « Mgr Romero, qui a quitté les certitudes du monde, même sa propre sécurité, pour donner sa vie selon l’Évangile, aux côtés des pauvres et de son peuple », a affirmé le pape François. Surnommé « la voix des sans voix », cet adepte de la théologie de la libération, sans être théologien, avait été assassiné en pleine messe par un commando d’extrême droite, le 24 mars 1980, au début d’une guerre civile (1980-1992) qui fit quelque 75.000 morts et 7.000 disparus au Salvador.
Mgr Oscar Romero et le pape François ont en commun « l’amour des pauvres ». A l’instar du pape argentin, l’archevêque Romero fustigeait le libéralisme économique qui opprimait les plus pauvres dans son pays. L’Église a longtemps bloqué sa reconnaissance officielle, lancée sous Benoît XVI, qui n’est pas venu assister à la cérémonie de canonisation. Le pape François lui a toutefois rendu visite dans sa retraite au Vatican. Deux ans après l’élection de François, le Vatican a reconnu le « martyr » de Mgr Romero, ouvrant la voie à sa béatification en mai 2015 à San Salvador.
Le pape argentin a exprimé à plusieurs reprises sa proximité avec ce prélat conservateur du point de vue de la doctrine, notant qu’il avait été « diffamé », « traîné dans la boue », « lapidé » par certains évêques et prêtres latino-américains, avant et après sa mort. L’archevêque avait notamment été accusé d’être un « déséquilibré » et « un marxiste ».
Paul VI, né Giovanni Battista Montini en 1897, a été pape de 1963 à 1978, achevant le concile Vatican II lancé par son prédécesseur Jean XXIII, considéré comme une adaptation majeure de l’Eglise au monde moderne. Celui qui fut béatifié en octobre 2014 est aussi celui qui dit « non » en 1968 à la pilule contraceptive, suscitant des réactions très négatives y compris au sein de l’Eglise.
D.C avec AFP
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