Le nouveau lot de Twitter Files détaille les manœuvres entourant l’exclusion de Donald Trump

Par Melanie Sun
12 décembre 2022 00:50 Mis à jour: 12 décembre 2022 14:54

L’auteur indépendant Michael Shellenberger a publié la quatrième partie des Twitter Files samedi soir, après une semaine de révélations importantes sur les activités politiques de l’ancienne direction de Twitter.

Michael Shellenberger, un écomoderniste qui publie ses écrits sur Substack, a expliqué dans la quatrième partie des Twitter Files comment les dirigeants de l’entreprise ont construit leur argumentaire pour exclure définitivement l’ancien président Donald Trump de la plateforme le 7 janvier 2021.

Le quatrième lot survient après la publication du troisième lot vendredi par le journaliste indépendant Matt Taibbi, qui a exposé les activités de Twitter à la veille de l’élection de 2020 jusqu’à l’intrusion chaotique dans le Capitole le 6 janvier 2021.

Michael Shellenberger, Matt Taibbi et un certain nombre d’autres journalistes ont eu accès à des communications internes de l’entreprise décrivant l’approche de Twitter en matière de modération de contenu avant le rachat d’Elon Musk. Michael Shellenberger a déclaré samedi en fin de journée que les communications internes montraient que la direction de Twitter avait décidé de procéder à un changement de politique « pour Trump seul, distinctement des autres dirigeants politiques », et qu’elle n’exprimait « aucune préoccupation quant aux implications d’une violation de la liberté d’expression ou de la démocratie ».

À la suite des événements du 6 janvier, l’ancien PDG de Twitter, Jack Dorsey, était confronté à une pression interne et externe croissante pour exclure Trump de la plateforme, explique Michael Shellenberger.

Trump était diabolisé chez les démocrates, et donc chez Twitter. « En 2018, 2020 et 2022, 96%, 98% et 99% des dons politiques du personnel de Twitter sont allés aux démocrates. »

Les voix qui ont fait pression sur Dorsey pour qu’il écarte Trump après les événements du 6 janvier comprenaient l’ancienne première dame Michelle Obama, la journaliste tech Kara Swisher et l’ONG juive Anti-Defamation League, parmi beaucoup d’autres.

Comme Jack Dorsey était en vacances, il a « délégué une grande partie de la gestion de la situation » à des cadres supérieurs. Il s’agissait de Yoel Roth, responsable de la confiance et sécurité, et de Vijaya Gadde, responsable de la politique juridique et de la confiance.

Yoel Roth avait publiquement reconnu ses opinions anti-Trump sur Twitter à de nombreuses reprises. Il avait posté en 2017 : « [Il y a] de VRAIS NAZIS A LA MAISON BLANCHE. »

Yoel Roth était très enthousiaste lorsque Jack Dorsey a introduit une nouvelle politique qui lui permettrait d’exclure définitivement les utilisateurs considérés comme des « récidivistes de l’intégrité civique ».

« La nouvelle approche créerait un système où cinq violations (avertissements) entraîneraient une suspension permanente. »

« L’échange entre Yoel Roth et ses collègues montre clairement qu’ils avaient poussé [Dorsey] à restreindre davantage les discours que Twitter autorisait autour des élections. »

Un membre de l’équipe Confiance et sécurité dirigée par Yoel Roth écrit le 7 janvier en réponse à l’approbation de la nouvelle politique par Dorsey : « Progrès ! Cela affecte-t-il notre approche à l’égard de Trump, dont je pense que nous avons dit publiquement qu’il n’avait droit qu’à une seule violation (avertissement) ? »

« Trump continue d’avoir une seule violation », répond Yoel Roth. « Çà concerne tous les autres. »

Malgré le fait qu’il n’avait pas commis cette unique violation auquel il avait droit, dès le lendemain, le 8 janvier, Donald Trump a vu son compte interdit définitivement, Twitter dénonçant le « risque d’une nouvelle incitation à la violence ».

Peu de temps après l’exclusion de Trump, Epoch Times a contacté Twitter pour lui demander si la compagnie avait des preuves solides pour l’accuser « d’incitation à la violence », mais Twitter n’a jamais répondu.

Shellenberger relève que la politique de Twitter est devenue de plus en plus incohérente dans le temps. En 2019, Twitter déclarait qu’il n’essayait jamais de « déterminer toutes les interprétations potentielles du contenu ou de son intention ». Le 8 janvier Twitter expliquait que l’exclusion de Trump était basée sur « la manière [dont ces tweets] sont reçus et interprétés ».

Un employé de niveau inférieur exprime son inquiétude

« La *seule* communication s’inquiétant sérieusement au sein de Twitter sur les implications pour la liberté d’expression et la démocratie de l’exclusion de Trump provenait d’une personne d’un niveau inférieur », explique Shellenberger. Il était enfoui dans un canal Slack de niveau inférieur.

Le message de l’employé se lit comme suit : « C’est peut-être une opinion impopulaire, mais des décisions ad hoc comme celle-ci, qui ne sont pas ancrées dans la politique, constituent à mon humble avis une pente glissante… Le PDG d’une plateforme d’influence mondiale vient de décider qu’il pouvait contrôler les discours au nom du monde entier – ce qui semble voué à s’effondrer. »

Le même employé écrit plus tôt dans la journée qu’il est inquiet par « la logique non articulée de la décision [de Facebook de fermer le compte de Trump pour deux ans] ». Cette logique, c’est celle de la « théorie du complot » qui permet à « tous les responsables des médias sociaux et les magnats d’Internet à tous les niveaux d’être assis comme des rois et de décider avec désinvolture de ce que les gens peuvent ou ne peuvent pas voir ».

L’employé ajoute que cette situation « n’aide pas l’écosystème Internet dans son ensemble ».

L’employé fournit également un lien vers un article intitulé Facebook Chucked Its Own Rulebook to Ban Trump par l’auteur Will Oremus, et commente : « Et Will Oremus a aussi remarqué l’incohérence. »

Dans l’article cité, Oremus écrit que les plateformes dominantes « ont toujours répugné à admettre leur subjectivité, car cela met en évidence le pouvoir extraordinaire et sans entrave qu’elles exercent sur la place publique mondiale et leur fait porter la responsabilité de ce pouvoir sur leurs propres épaules… Elles se cachent donc derrière un règlement en constante évolution, le montrant quand cela les arrange et le balayant sous le tapis le plus proche quand cela ne les arrange pas ».

Twitter Files

Lors de son rachat, Elon Musk a promis de rendre les pratiques de Twitter plus transparentes à la suite de nombreuses plaintes concernant la censure des discours politiques.

Concernant toutes ces communications internes, Musk a déclaré : « Twitter est à la fois une entreprise de médias sociaux et une scène de crime. »

Au cours d’une conversation sur Twitter samedi soir, l’ancien conseiller de Trump, Sebastian Gorka, a déclaré : « La question ici est de savoir si nous aurons à nouveau des élections libres en Amérique. Il ne s’agit pas de Twitter : il s’agit de Facebook, il s’agit de TikTok, il s’agit de savoir si oui ou non nous aurons encore des élections basées sur la vérité ou s’ils peuvent vous microcibler avec de la propagande jusqu’à votre profil sur les médias sociaux et si le FBI dirige cela – c’est la question dont nous devrions parler. »

« Le problème est de savoir si nous avons la capacité d’avoir un gouvernement représentatif à une époque où une identité politique contrôle ouvertement et secrètement la majorité de la diffusion de l’information dans notre nation, voire dans le monde. »

Mimi Nguyen Ly a contribué à cet article.

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