Les violences domestiques sont un sujet difficile à aborder quelque soit le pays. En France, on considère qu’une femme décède tous les trois jours sous la violence de son conjoint ; et la plupart des 216 000 femmes victimes de violences gardent le silence, par peur de représailles ou pour protéger les enfants.
C’est sur ce constat qu’une utilisatrice britannique de Facebook a lancé la campagne « point noir ». L’idée : la victime de violence conjugale dessine un point noir dans le creux de sa main. Ceux qui reconnaîtront le signe comprendront et pourront avoir une conversation avec la personne. Rompre le silence est donc l’objectif principal de la campagne et est également un premier pas, décisif pour les victimes.
Le « point noir » est rapidement devenu viral. Avec 40 000 « Likes » et de nombreux articles largement partagés, la page a été vue des millions de fois. La créatrice dit avoir reçu des centaines de messages témoignant de l’aide que les femmes avaient pu recevoir en adoptant le concept.
Mais une telle popularité pose aussi problème. Avec l’attention des médias, il est désormais possible que le symbole soit reconnaissable des agresseurs, ce qui pourrait être un risque supplémentaire pour les victimes. De plus, certains s’inquiètent du manque de formation spécifique de la part des professionnels ou des agences recevant soudainement des victimes arborant un point noir. De nombreuses victimes ont posté des selfies avec le point noir sur le réseau social.
La créatrice, contactée par la BBC, explique cependant que le concept n’a jamais été de poster des points noirs aux quatre coins de Facebook. « J’ai imaginé cette idée comme un moyen de démarrer une conversation en face à face entre des amis ou avec des professionnels », a-t-elle indiqué aux reporters.
« Je me base sur ma propre expérience. J’ai pensé : « Comment inciter les femmes victimes à évoquer les violences avec leur entourage ? » Un point noir est facile à effacer. Vous allez aux toilettes, vous en faites un avec du mascara et vous l’effacez quand vous voulez. Comme il est au centre de votre main, vous pouvez choisir de l’exposer ou non », continue-t-elle.
« La nature humaine veut que nous ayons du mal à intervenir et à prendre les devants dans un grand nombre de situations. Nous sommes polis en surface, mais nous sommes souvent isolés dans notre souffrance. Ce sont des barrières difficiles à franchir pour les gens… le but de la campagne est de dépasser ces obstacles », conclut-elle.
Alice Stride, responsable de l’association Women’s Aid et de la ligne d’écoute National Domestic Violence, qui lutte contre les violences domestiques, émet quelques réserves sur l’utilisation universelle du « point noir ». D’après elle, dans certaines situations, les agresseurs surveillent de très près les agissements de leurs victimes. « Si celle-ci oubliait de laver le point noir de sa main, cela pourrait se terminer par encore plus de violence à la maison », met-elle en garde. Comme dans toute situation, la prise de risque doit être mesurée par la victime.
Alice Stride approuve néanmoins l’initiative de la campagne, confirmant qu’il est très difficile pour une femme de parler et que la peur de ne pas être prise au sérieux est souvent rédhibitoire.
D’après les messages de soutien des utilisateurs du « point noir », la campagne a bel et bien atteint certains objectifs. Une femme témoigne : « Je devais me faire examiner, alors le médecin de l’hôpital m’a dit de m’allonger sur un lit. Je me suis allongée, puis j’ai décidé de prendre le stylo qu’il avait dans sa poche. J’ai écrit «AIDEZ MOI» sur ma main. Je n’ai pas eu à parler. Cette campagne m’a donné la force et l’idée de demander de l’aide. Je suis maintenant en sécurité dans un autre endroit, un peu grâce à votre campagne ».
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.