Une nouvelle panne de courant affecte depuis lundi midi Caracas et les grandes villes vénézuéliennes, attribuée comme la précédente par le gouvernement à une « attaque » contre la principale centrale du pays, ce que dément l’opposition.
En fin de journée, l’électricité commençait à revenir progressivement dans certains quartiers de la capitale, avant d’être de nouveau coupée peu avant 22H00 (2H00 GMT), attestant de la grande fragilité du réseau. Ailleurs en province, tout semblait témoigner de l’instabilité du courant dont étaient encore privées de vastes zones du pays, y compris les grands centres urbains, malgré les affirmations de la vice-présidente Delcy Rodriguez qui a dénoncé un complot « impérialiste ».
« Nous avons été victimes d’une attaque contre le système de production et de distribution d’électricité et plus précisément contre la centrale de Guri« , dans le sud du pays, a accusé le ministre de l’Information Jorge Rodriguez à la télévision. Cette centrale, qui fournit environ 80% de l’électricité du Venezuela, avait déjà été mise en cause lors de la panne du 7 mars.
Mais le chef de l’opposition Juan Guaido a affirmé que cette nouvelle panne était due à une « surcharge de certains transformateurs » du réseau, citant « des fonctionnaires de Corpoelec », la compagnie publique d’électricité. La panne est survenue à 13H20 (17H20 GMT) à Caracas, mégapole de cinq millions d’habitants soudain privée de transports publics, de téléphones et d’internet, ravivant de mauvais souvenirs dans la population éprouvée par la méga-panne du 7 mars qui a paralysé le pays pendant une semaine.
« Mais comment vais-je rentrer chez moi ? » se demandait Ana Gonzalez, petite femme menue de 64 ans, employée dans un magasin qui s’apprêtait à fermer en début d’après-midi. « Il n’y a pas de métro, il me faudra au moins deux heures parce que je me déplace lentement », confiait-elle à l’AFP sur les trottoirs encombrés de piétons cherchant à regagner leur foyer.
Outre la capitale, au moins dix-sept des 22 Etats vénézuéliens abritant les grandes villes du pays ont été touchés, selon un bilan effectué par l’AFP grâce aux messages affluant sur Twitter, accompagnés du mot-dièse #SinLuz (#SansLumière). D’est en ouest jusqu’à la frontière colombienne, et du nord au sud, la panne a concerné la grande majorité de la capitale et les Etats côtiers et leurs capitales régionales, qui abritent environ les deux tiers de la population.
Le pays se remet à peine de la panne généralisée du 7 au 14 mars, qui a suspendu les communications, les transports publics, la distribution de l’eau et du carburant ainsi que les approvisionnements en nourriture, et créé une situation chaotique dans les établissements de soins. Selon une étude du Parlement vénézuélien dominé par l’opposition et de l’ONG Medicos por la Salud, seule la moitié des hôpitaux du pays sont équipés de générateurs.
Les écoles et les administrations étaient restées fermées pendant sept jours et l’ensemble de l’économie, dont la production pétrolière, mise à l’arrêt. Les réactions recueillies par l’AFP témoignaient de l’abattement de la population déjà fortement éprouvée par la panne du 7 mars. « Tout ça nous entrave énormément dans nos activités » se lamentait Yoan, électricien qui mettait la main aux dernières finitions d’une boutique de yaourts glacés.
« Ils ne réparent rien, les experts les avaient pourtant prévenus », ajoutait Rafael, contraint de fermer son imprimerie. Mais dans leur malheur, les Vénézuéliens ironisaient aussi sur les explications officielles : « Qui vont-ils accuser cette fois? E.T. ? » se moquait Jorge Arreaza, juste avant l’intervention du ministre.
« Dans quelques minutes, Jorge Rodriguez (le ministre de l’Information, ndlr) va venir annoncer qu’un #OVNI envoyé par Trump et la droite vénézuélienne a lancé une attaque électromagnétique avec des armes extra-galactiques », avait prédit « Maiker23 ». Le pays est habitué aux pannes de courant, surtout en province, où elles peuvent durer plusieurs jours. Mais la situation s’est fortement détériorée depuis 2017 et les pannes se font plus fréquentes.
Le chef de l’Etat Nicolas Maduro, dont le pouvoir est contesté par Juan Guaido qui s’est proclamé président par intérim le 23 janvier, avait annoncé la création d’une « commission d’enquête présidentielle » présidée par la vice-présidente Delcy Rodriguez pour enquêter sur la panne du 7 mars. Il avait l’intention de solliciter l’aide des Nations unies, de la Chine et de la Russie. « On a des preuves qu’il s’agissait d’une cyberattaque menée depuis Houston et Chicago » aux Etats-Unis, avait-il insisté en désignant « le Pentagone », le ministère américain de la Défense comme le « commanditaire ».
D.C avec AFP
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